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 Le sens du commerce

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Gundolg Forge-Sinistre
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Gundolg Forge-Sinistre


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Date d'inscription : 29/06/2017
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MessageSujet: Le sens du commerce   Le sens du commerce EmptyVen 7 Juil - 9:25

L'après-midi était exceptionnellement doux de ce côté-ci de la Baie. Les chaleurs assommantes s'étant dissipées pour faire place à la quiétude presque coupable d'une brise onctueuse. C'était une caresse agréable, car discrète. Enrobant le corps de fraîcheur et portant avec elle les embruns d'une mer qui se voulait relativement timide, sinon timorée.
Le soleil lui même semblait s'être lassé de sa course, le gros astre perché si haut dans le ciel peinait terriblement à échauffer les esprits comme il avait l'habitude de le faire dans ce coin du monde. Les nuages s'étiraient avec indolence, s'allongeant confortablement sur l'horizon comme pour donner le ton à chacun.
C'était une journée où il faisait bon vivre.

Accompagnés par ce tiède zéphyr, les citoyens de la Baie-du-Butin avaient aujourd'hui l'esprit d'humeur frivole.
Chacun y allait donc de son grain de folie : les pêcheurs se plaisaient à exhiber leurs dernières prises avec fierté, vantant auprès des badauds la férocité de la lutte que telle ou telle morue leur avait opposée ; tandis que les cogneurs tabassaient ici et là avec un enthousiasme communicatif quelques soûlards sans nul doute moins frais que les poissons du jour.
On vaquait d'étal à étal, lorgnant avec un émerveillement parfaitement feint les breloques que quelques marchands aux airs boulimiques exposaient comme autant de trésors.

Au-delà, se démarquait une petite foule aux airs curieux. Certains prenant le temps de s'arrêter un instant là où d'autres ne se donnaient pas même la peine de hausser la tête, certainement plus sages que les premiers.
Ils étaient tous concentrés autour d'une modeste niche de bois, une roulotte de fortune dont les petits volets étaient ouverts sur le public pour dévoiler ses richesses colorées : des fioles, ampoules et flasques variant tant par la taille que la forme.
On en trouvait quelques unes fort alambiquées, mimant dans le verre la gueule d'un serpent semblant prompt à vous sauter à la gorge ou les ailes d'un phénix prêtes à se déployer ; les liquides empruntant le pourpre, le cyan, le carmin, l'olive, nimbés de reflets fascinants qui poussaient irrémédiablement à la curiosité.

Plantée comme un tronc au milieu de la bicoque ésotérique, se tenait là une  femme qui avait tout d'un laideron.
Elle était gâtée à la manière d'un fruit à défaut de l'avoir jamais été par la vie. Il suffisait de dénombrer les sourcils froncés pour comprendre que la seule vue de cette honorable demoiselle était plus incommodante que l'odeur du poisson.
Faut il encore dire que son visage était parcheminé, son nez croulant, ses joues flasques abaissées plus bas que son menton. Elle était somme toute de ces beautés que l'on trouve plus chic qu'autre chose. Ses yeux d'un ambre fané parcouraient pourtant l'assistance avec malice lorsqu'ils ne se rencontraient pas l'un l'autre dans un aimable salut.

La démonstration avait vraisemblablement déjà commencé. Tous les visages tournés -à contrecœur- vers la vilaine figure qui porta le goulot d'un flacon à ses lèvres desséchées comme autant de déserts, étanchant sa soif d'une traite en suçotant jusqu'à la dernière goutte de la décoction indigo.
Alors, des cris ébahis survinrent au sein de la troupe, peut-être un rien trop précoces pour paraître francs, mais ne manquant pas de se propager à la foule entière. Les yeux ronds, la bouche entre-ouverte et la mine ulcérée par la stupeur, tous contemplaient l'oeuvre du philtre.

La silhouette voûtée s'était agréablement affermie. La chevelure cendreuse et passée s'était embrasée d'un auburn chatoyant qui couronnait un minois d'une insolente jeunesse. Ce dernier fendu d'un nez droit que surplombait deux prunelles d'un ambre profond, vif et vivant. La jeune femme méconnaissable affichant avec une candeur toute travaillée son teint à peine hâlé, ses lèvres charnues et son cou de cygne. D'un seul regard débarrassé de ses vexations aléatoires, elle les posséda tous.
S'en suivit un sourire à la courbe prédatrice, révélant l'émail blanche de ses dents.

Le timbre mielleux de sa voix s'éleva avec une harmonie que cette foule n'aurait brisé pour rien au monde, cinglant et haut :
"Cinq pièces d'argent l'unité ! Huit la paire ! Pour soi même ou à offrir, la jeunesse en bouteille ! Approchez, approchez messieurs, dames ! Il y en aura pour tout le monde !"

                               
__________

L'antre était sordide. Un appartement éclairé à la lueur grasse des bougies de suif, au parquet noirci et aux tentures défraîchies. Pourtant, Nérissa pourrait bien avoir quelques airs de majesté ainsi vautrée dans ce fauteuil de cuir élimé qui lui servait de trône. Elle compta une à une les pièces depuis sa cassette d'acier, roulant un regard blasé à son comparse qui la toisait, déjà hantée par la notion de partage.
Elle lui lança finalement une bourse qui pesait trop à son goût en main, soufflant du nez. Le mage l'accusa avec une grimace au creux de sa paume.
"C'est tout ?" S'offusqua-t-il d'un ton rageur.
"L'illusion, c'est la partie facile. Y faire croire, c'est ça, le vrai mérite."
Elle croqua dans une pièce d'argent. Oui, c'était une journée où il faisait bon vivre.
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