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 L'Oeil d'argent

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Arelos
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MessageSujet: L'Oeil d'argent   L'Oeil d'argent EmptySam 17 Sep - 12:32

Le départ


- Et vous Sergent, vous est-il déjà arrivé d'aimer quelqu'un ?

Le mercenaire aux yeux gris s'était redressé pour m'interroger. Allongés dans un lit de sable gris de l'île de croc-du-worg sous le couvert d'astres non moins ternes, nous discutions de tout et de rien. Notre arrivée était encore récente mais les dernières semaines avaient été éprouvantes pour chacun et notre position se faisait chaque jour plus précaire.
Al'zahir était jeune, bien trop pour perdre la vie face aux orcs quelques mois plus tard, mais assez à l'écoute pour faire un bon confident. Pourquoi l'appréciais-je, lui, parmi ces mercenaires sales et mal éduqués ? Sa franchise peut-être, que je m'efforçais chaque fois de retourner. Aussi lui répondais-je sans vraiment réfléchir.

- J'ai vécu des aventures, en nombre même, connu les plaisirs charnels, mais rien de sérieux. L'amour n'est pas un sentiment quantifiable et je ne saurais y prétendre.

J'avais bien connu l'amour fraternel en tant qu'aîné, mais rien d'autre ne me venait à l'esprit après trois siècles de vie. Du moins au départ, des visages défilaient : d'hommes et de femmes floués et rendus flous par le poids des âges. Par dizaines, j'avais même oublié leurs voix, leurs noms et tout ce qui les définissait.
Puis une lumière vint percer le tableau, se frayer un chemin dans cette morne assemblée. Celui d'une jeune femme au teint rosé, à la figure malicieuse.







L'académie et ses environs:

D'une vive chevauchée, le messager parvint à la colline de Geven, surmontée d'une tour de pierre si bien bien taillée, si dense qu'on l'eût crue bâtie par les nains.
Enthal Brumaurore, sa suite et son premier disciple dissertaient dans l'aire de repos sur la nature des choses, de la place de l'arcane dans la vie courante par exemple. A ciel découvert, ils profitaient souvent de la fraîcheur matinale pour s'installer autour d'une table ronde et voir venir les initiés et profanes fascinés par l'édifice.
Celui-là même apportait la nouvelle par missive au maître, le prévenir des déboires d'un bon ami à lui, noble humain du Royaume de Lordaeron.
Une histoire de culte, disait-on, qui faisait hérisser les poils des paroisses voisines au domaine dudit ami, qui aurait alors fait parvenir la chose à l'ambassade thalassienne, espérant que de vieux pactes soient enfin honorés. Vieux pour l'homme, sans doute pas pour l'elfe qui n'avait rien oublié d'événements datant de quelques dizaines d'années seulement.

Dédaignant la lettre, le maître s'est tourné vers moi avec un sourire pour annoncer de cette voix forte et intimidante :

- Findol, ma pupille, voilà donc l'occasion pour toi de briller, de montrer aux tiens l'étendue de tes progrès.

Du monde humain je ne conservais qu'un vague souvenir de terre séchée et d'êtres pressés et périssables. C'est ainsi, du moins, qu'ils m'avaient été présentés et que je me les étais figurés à la suite d'une fâcheuse histoire que je préférerais effacer de ma mémoire.
J'étais donc partagé entre l'envie de faire honneur au maître, d'enfin mettre à profit mes talents durement acquis, et le dégoût à l'idée de retrouver cette saleté humide de pluie, non sans m'éloigner des riches bibliothèques de la Tour.
Mais il ne m'avait pas laissé le temps de faire le point, voire de songer à toutes ces choses.

- Toi qui fais mon orgueil, tu es le plus à même d'investiguer sur cette affaire qui, j'en suis sûr, tiens davantage du rassemblement, de la mode passagère que du culte véritable. D'autres me retiennent ici, eu égard à ma condition. Prépare tes affaires et rends toi à l'ambassade où t'attendent mon ami et ses comparses. Oh, et salue donc ton père avant de partir.

Qu'il tranche sans demander  mon avis me rassurait en un sens. Ma confiance en lui était totale – n'étais-je pas après tout le disciple d'un grand magistère ?


Petite mélodie


Je fis seller la première monture et retrouvai donc ma terre natale.
A l'approche de son héritier, le rideau de la cascade-rempart s'ouvrit, couvrant ma tunique d'une volée de bulles étincelantes. Le sentier se dessina sous mes yeux, perçant une plaine parsemée de fleurs aux tons aussi divers que les fils de la voûte. Une symphonie des formes et odeurs, de ses lieux acculant et excitant les sens des meilleurs gens.
Mon cœur ne fit qu'un tour, la mémoire revint teintée d'une nostalgie toujours plus forte.

Aux abords des bois se tenait une rangée de bâtisses occupées, et, au bout du chemin de marbre poncé, un pont de pierre légèrement arqué chevauchait l'affluent.
Ma mère m'attendait à sa base dans sa plus belle robe de soie violette; elle n'avait pas tardé à apprendre la nouvelle. Souvent on recevait de ces messages tracés sur un miroir, une boule de cristal appréciée des oracles et produite par les enchanteurs dont nous étions d'augustes représentants.
Non sans réserve à l'idée de m'abandonner au danger, seul, elle me guida à mon père, comme d'ordinaire à son bureau plongé dans je ne sais quel dossier, quelle formalité administrative.
Quand il m'aperçut, son visage las et fatigué reprit des couleurs, s'illumina. Il se redressa pour venir m'enlacer de ses longs bras avant de se reprendre.
Sans doute ne l'avais-je pas visité souvent au cours des dernières années, plongé que j'étais dans mon apprentissage. L'avais-je seulement vu depuis mon départ ? Maintenant je le réalisais.

- Comment vont les affaires ?

Ne sachant quoi dire, je le questionnai sur ses activités. Nous produisions à foison des objets du quotidien qui sans être indispensables pouvaient s'avérer très utiles, pour bien-sûr les revendre au plus offrant, soit à la haute ou d'autres bourgeois curieux.

- Rien de florissant, comme de juste en somme. Au diable le commerce, parle moi plutôt de tes études, fils. Enthal est-il toujours aussi obnubilé par ses manuscrits poussiéreux ?

Il parlait si vite, avec un enthousiasme presque touchant. A des années lumière de cette figure froide et autoritaire du chef de famille. Un peu d'ordre dans ma tête et je lui répondis sans omettre ma quête à venir. Régulièrement, il acquiesçait sans chercher à m'interrompre.
A l'image de ma mère quelques minutes plus tôt, son trouble vint croissant en prenant conscience de ma position – d'ailleurs, il en oubliait presque ses tracas du moment au profit d'autres, plus personnels. Il s'écarta, se tournant vers l'unique et très large fenêtre du dernier étage comme pour éviter la confrontation et reprit.

- Ha, astre du jour. En voilà un bref retour. La Lumière revient toujours pour mieux s'éteindre. Puis-je au moins t'adjoindre trois de mes meilleurs hommes ? Les pins d'Elrundil souffrent de ton absence.

L'attention se voulait à la fois rassurante et sécurisante, mais sans doute n'aurais-je alors rien tiré de cette expérience, ainsi caché derrière nos vieux gardiens.
Il accepta mon refus sans dissimuler sa peine, moins encore son inquiétude. Mais j'étais l'apprenti du maitre mobilisé pour enquêter et, si besoin endiguer un mal inconnu. En outre mes talents suffiraient, devaient suffire à cette entreprise.

- Accepte alors ceci.

Il joignit les mains, psalmodia dans une langue aussi familière que détachée. L'arcane crépitait et formait d'impressionnants arcs entre ses doigts, lesquels saisirent une épée à lame courbe ornée de tant et tant de symboles qu'elle aurait pu à elle seule conter son histoire.

- Le bec de l'aigle t'appartient, puisse-t-il servir de tremplin à ton envol.

Deux pas, puis il me tendit l'ouvrage, fraîchement forgé à en croire la finesse des traits et l'éclat du métal.

- Le meilleur des mages ne saurait passer sous le fil de l'épée, prends le comme gage de notre confiance.

Qu'entendait-il par là ? Un simple bout de métal ne représentait certainement pas une grande menace face aux sortilèges les plus virulents.

- Je ne pense pas avoir l'usage d'une telle arme, mais ferai honneur, non seulement au maître, mais à notre maison.

Quelques heures plus tard, je faisais route pour le sud des bois, non sans la même vélocité que le messager. Il faut dire que j'avais troqué mon espiègle faucon pérégrin pour l'étalon favori de mon père, apparemment natif de Lordaeron.
Ignorant combien de temps allait prendre cette affaire, je levais les yeux pour capter l'éclat solaire au travers des feuillages chauds en couleur et diffus. M'imprégner une dernière fois des senteurs printanières du plus beau royaume.


Dernière édition par Findol le Sam 22 Oct - 1:43, édité 1 fois
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Arelos
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MessageSujet: Re: L'Oeil d'argent   L'Oeil d'argent EmptySam 1 Oct - 17:13

Arthée



La porte se tenait là, encadrée par de si hauts remparts que ses cimes nacrées semblaient caresser le toit du monde. Réputée  inviolable, elle n'était certes pas l'unique défense du Royaume aux joyaux innombrables, mais faisait la fierté de nos gens. Des cristaux infusées constellaient sa structure comme autant d'étoiles dans le ciel et sa seule présence inspirait crainte et émerveillement aux jeunes elfes et étrangers ne connaissant des chants éternels qu'un horizon doré.
Plusieurs fois, j'indiquai à ma monture un peu trop fougueuse de ralentir, lui flattai l'encolure et mis finalement pied à terre à l'approche du téléporteur, installé à l'avant-poste pour épargner aux gardes frontaliers l'ouverture des portes au moindre passage.


Une route parmi d'autres:


Accéder à la plateforme miroitante et surmontée de trois globes en lévitation, ainsi dissimulée par une marée noire, n'était pas une mince affaire – et encore fallait-il la voir. J'avançais donc à mon rythme sans lâcher la bride du cheval et me frayai un chemin parmi les commerçants, elfes et humains (quelques nains même) pour ne pas y passer la nuit. Un frisson me parcourut alors l'échine.
On me regardait, je me suis donc retourné sans rien distinguer de plus qu'une vague prompte à me rejeter sur le rivage à la première hésitation. Pourtant j'étais certain de l'avoir senti et mon intuition avait souvent le dernier mot.
Résolu, je chassai ces idées de mon esprit et traversai finalement l'arche en dédiant un ultime regard aux lianes couleurs d'aube du haut peuplier, à la fois support et plafond naturel du sanctum.

Un lointain soupir, une étincelle, le monde se décomposait sous mes yeux pour se mieux reformer. L'instant suivant, j'étais de l'autre côté.

A mesure que je m'éloignais de la frontière, que j'approchais du sinistre défilé où se tenait l'ambassade, le sentier se resserrait, l'herbe grasse gagnait en forme, perdait en sucre et éclat.
Je sentais encore sur moi le regard d'un fauve embusqué lorsqu'enfin l'édifice apparut dans toute sa glorieuse et placide blancheur.
On y fourmillait comme dans un terrier mais certains sites réservés à la haute étaient plus rarement occupés. Je m'y rendis donc avec le cachet du maître, montai un escalier en colimaçon bien décidé à  ébranler mes belles convictions – mon premier adversaire de la journée – et atteignis le seuil du lieu de rendez-vous.

Elle m'attendait, posée sur un siège aux contours brodés. Vêtue d'une longue robe blanche sans ornement ni parure et forte seulement de son épaisse chevelure blonde, elle paraissait tout-à-fait ordinaire, du moins propre au canon humain dû à son âge. En outre, son visage rond trahissait un récent départ de l'adolescence et ses lèvres courbées, son nez fin lui donnaient un air de musaraigne sournoise plutôt déplaisant.
Fait étrange, outre la robe qu'elle avait dû traîner jusqu'au plus haut étage, elle était seule alors qu'on m'avait annoncé une suite. Y avait-il erreur sur la personne ?

- Vous êtes monsieur  Brumaurore je présume ?

Ma maîtrise du commun était scolaire mais bien suffisante pour s'accommoder au pauvre vocabulaire humain- aussi lui adressais-je sans détour ces paroles ailées.

- Son apprenti, Findol Daena Elensar pour vous servir. Le maître est retenu pour affaire mais je compte bien pallier son absence.

La prêtresse haussa un sourcil sans même chercher à dissimuler sa déception, c'en était presque vexant, surtout venant d'une si jeune femme. Fort heureusement, ses traits s'adoucirent bien vite et elle s'approcha, tint un pan de sa robe pour s'incliner poliment.

- Arthée, enchantée monseigneur.

Je la considérai, toujours fébrile et non moins méfiant. Quelques courbettes ne suffiraient pas à me  convaincre de sa bonne foi et, à peine l'eût-elle aperçu qu'elle fit l'erreur d'enchaîner, croyant à tort que je m'interrogeais à son sujet.

- C'est le nom que mes parents m'ont donné à la naissance.

Maudite greluche, pour qui me prenait-elle ? Idiot au point de me soucier de l'essence du mot ? Je peinais à contenir mon irritation, certes peu mesurée et encore moins raisonnée. Encore une fois, la transparence du cœur n'était pas mon fort.

- Vous devez certainement être étonné de me voir ici. Madame Ciayter ne pouvant faire le déplacement aujourd'hui et, étant une amie proche, je me suis portée volontaire pour la remplacer.

Madame ? Etait-il dans cette fichue lettre question d'une dame ? Non, mais le sexe du commanditaire importait-il réellement tant qu'il se rappelait au bon souvenir du maître ? Ce bref questionnement suffit à mettre de l'ordre dans mon esprit et je réalisai seulement que j'ignorais tout des tenants et aboutissants de l'histoire. Aussi décidais-je d'en venir au fait.

- Puisqu'il s'agirait d'un culte, je trouve légitime le conseil, de même que la présence d'une sœur. Mais les informations délivrées sont par trop concises sinon vagues, dites m'en plus.

Arthée dodelina de la tête comme pour figurer sa propre ignorance de la question,ou bien son simple refus d'y répondre. J'écoutai le silence en serrant un peu plus la missive cachetée, au risque d'en faire des confettis fumants.

- Ce pourrait être long à expliquer, alors pourquoi ne pas le faire en chemin ? Même à cheval, nous en avons pour trois bonnes heures de trajet. Ho, j'espère que vous n'êtes pas venu à pieds !

Son malaise était palpable, ses lèvres pincées. L'une des principales règles de courtoisie, que j'avais jusqu'alors délaissées, m'enjoignit à ne pas insister, à seulement me taire et l'accompagner; puisque je me voyais mal rebrousser chemin et expliquer au maître que l'hésitation du messager avait suffi à me froisser. Au demeurant, sa franchise, ses mimiques gênées et regards indiscrets avaient quelque chose de rafraichissant, de nouveau pour moi. "Simplicité est l'apanage des prolétaires" aurait-on dit en certaines instances.
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MessageSujet: Re: L'Oeil d'argent   L'Oeil d'argent EmptyDim 23 Oct - 14:08

Les yeux du Seigneur



Ambiance

Une fois le défilé franchi, aux sentiers boisés à l'humeur sucrée succédait une vaste plaine aux traits et ornements irréguliers, comme une tapisserie tout droit sortie d'un rêve d'enfant à peine estimée par l'adulte aux fantasmes idylliques. Pour la deuxième fois je quittais nos bosquets sacrés et foulais du pied le monde des hommes.
Une chose différait cependant, la présence d'Arthée, chevauchant avec zèle et quelques mètres d'avance. Son étalon bai tacheté répondait à son enthousiasme et m'aurait sans doute semé si je n'avais indiqué à ma monture de presser à son tour. Collines et étangs d'opale défilaient sous mes yeux plissés par ce qui charrie le vent en fin d'après-midi et j'en oubliai presque le mal du pays qui, l'autre fois m'avait poussé à rebrousser chemin.

Le village:

Cependant que nous traversions le premier village à la recherche d'une aire de repos, j'incitai la prêtresse à tenir parole. Çà et là, ouvriers et civils conversaient, dressaient étaux et se faisaient concurrence. J'aperçus même un poète jongleur sans pareil pour égayer son auditoire, mais la plaisante rusticité des bourgs lordaeronnais n'allait certainement pas me détourner de l'objectif. Nous nous sommes donc installés à l'ombre d'un chêne, à l'écart de la vie urbaine, y laissant se reposer nos chevaux épuisés tout en grignotant – elle un morceau de fromage avec du pain frais, moi une grasse pomme et du raisin vert.

"Le vicomté s'est toujours tenu éloigné des affaires du monde, mais paradoxalement, sa paroisse comptait parmi les plus actives des environs. On y prêchait la bonne parole nuit et jour et certains voyageurs venaient parfois à l'église se recueillir auprès du corps du héros, le premier seigneur. Seulement voilà, il y a trois mois de cela, le père Ecaste, le meilleur d'entre nous est revenu au pays après un long et éprouvant pèlerinage, changé. Son regard, son corps, ses mots restaient les mêmes, et pourtant c'est comme s'il s'agissait d'un autre – il avait rajeuni.
- Rajeuni ?
M'enquis-je circonspect. Il n'est pas de pareille magie."

Elle me fixa longuement sans répondre, gonflant les joues et replaçant une mèche blonde derrière son oreille. Peut-être l'avais-je à mon tour vexée, ou froissée en l'interrompant. Quoi qu'il en soit, elle finit par reprendre.

"Laissez moi plutôt terminer, vous pourrez m'interroger ensuite. En effet, le seul mage d'une contrée voisine n'y voyait aucune explication hormis un éventuel trompe-l’œil qu'il ne parvenait à déceler. Mais alors que tous s'en étonnaient, dissertaient à ce sujet, ceux qui fréquentaient le plus assidument la cure se sont mis à changer également. Plus qu'une philosophie qu'enseigne la Lumière, ils semblaient vénérer une entité en la personne du père, ou plutôt le prophète qu'il semblait être. Avec son retour, il apportait de nouvelles croyances en totale contradiction avec ce qu'il défendait jusqu'alors.
- Une entité vous dites, une sorte de dieu protecteur ou au contraire vengeur et ivre de violence ?"


Elle fronça les sourcils et je m'étonnai à baisser les oreilles comme face au maître, ma curiosité maladive avait encore repris le dessus et je regrettai vite de lui avoir coupé la parole abruptement.

"Du genre pressé, non ? Enfin, c'est exactement ça, une déité salvatrice. Du jour au lendemain, ceux qui l'avaient accueilli à bras ouverts le voyaient comme un fétiche et n'allaient pas tarder à partager ses découvertes avec leurs proches. C'est allé si vite.
- Quel rapport avec l'arcane ? Je ne vois là qu'un conflit, voire une évolution des croyances sans grand intérêt."


J'entendis ses phalanges craquer d'impatience et sentais peser sur moi un regard lourd de reproche. D'où pouvait donc venir cette impression de malaise qui m'étreignait ? C'eût été comme si un rien m'intimidait.

"L'histoire paraît innocente au premier abord, mais j'ai récemment eu vent d'activités suspectes, des rassemblements au clair de lune, des messes tenant plus du chant incantatoire, des civils contraints par la force à l'abandon de la Très Sainte, et surtout d'étranges broches frappées d'un œil blanc sans pupille. Alors j'ai pensé qu'il s'agissait d'une espèce d'artefact qui était parvenu à lier leurs esprits par je ne sais quelle sorcellerie, les elfes et mages entendent bien mieux ces choses là qu'une femme d’Église. Par chance, ma proximité avec le manoir du Vicomte me préserve des effets de groupe, et je n'ai pu qu'assister impuissante à l'inquiétant et soudain développement de ce culte."

Recouvrant un semblant de contenance, je méditai un moment sur ses mots, songeai entre autres à ces broches et convents de profanes. Que d'énigmes à résoudre. De nombreuses questions me vinrent à l'esprit, celle-ci en particulier se présentait d'elle-même : "Le seigneur ne pouvait-il questionner le prêtre, ou l'arrêter en cas de refus ? Les clercs ne sont pas sans ressources mais la menace de l'épée a tôt fait de délier la langue. Après tout, n'a-t-il pas toute latitude pour agir sur son territoire ?
- Si seulement
, déclara-t-elle avec un fatalisme presque parodique, pourquoi l'appel provient-il de madame Ciayter et non de son époux selon vous ? Il accepte les choses avec une légèreté déconcertante, impossible d'aborder le sujet sans passer pour un mauvais colporteur, même sa femme ne parvient à lui ouvrir les yeux – à se demander s'il n'est pas atteint lui aussi. Et vous l'aurez sans doute remarqué, mais nous n'avons reçu aucun retour des mages de la capitale. C'est d'ailleurs pour ça que nous avons dépêché sur place notre meilleur postier, et mandé l'aide de votre maître. Il se pourrait que les entrées et sorties du domaine soient contrôlées en secret.

A bien y réfléchir, j'avais été étonné par la seule présence du messager à l'académie. Le trouble semblait à la fois viral et ancré profondément dans le vicomté, au point de le figer dans une instance à part sans possibilité de communication avec l'extérieur. Soudainement, je doutai de ma capacité à mettre en lumière les éléments les plus flous sans me compromettre. J'étais seul et inexpérimenté, en terre inconnue et, l'appui de mes aînés m'avait rendu présomptueux.
La pause achevée, nous nous apprêtions à reprendre la route, moi perplexe, elle sensiblement gênée par mon interrogatoire impromptu.

"J'imagine alors que nous ne nous dirigeons pas vers le manoir du Vicomte.
- Il est vrai
, concéda-t-elle sans que j'eusse pu voir son visage, madame nous attend à la frontière terrestre du domaine. Ceux qui ont connaissance de notre entreprise se comptent sur les doigts d'une main et je compte sur vous pour rester discret."

Elle marqua un arrêt, pivota très légèrement pour me faire face et, fait pour le moins étrange, l'inquiétude pulsant de ses iris verts m'atteignit comme un coup de poignard en pleine poitrine. Soudain je ressentis le besoin de la rassurer, de prouver ma bonne foi. Aussi décidai-je de clore le sujet et déclarai de ma plus belle voix que je n'avais reçu du maître aucun ordre subsidiaire, et que nos intentions demeuraient inchangées. De fait, elle pouvait avoir confiance en moi.

Malgré tout, quelque chose dans son discours sonnait faux. Cette enquête aux airs d'infiltration, l'absence de mages aux alentours malgré la proximité avec la frontière thalassienne et surtout, pourquoi diable avait-elle préféré prendre contact avec un mage plutôt qu'avec une paroisse voisine ? Décidément, impossible de mettre le doigt dessus.
En repartant au galop, je sentis à nouveau sur nous le regard du fauve embusqué, et mes soupçons en furent exacerbés.
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MessageSujet: Re: L'Oeil d'argent   L'Oeil d'argent EmptySam 27 Mai - 19:52

Une mère et son fils



Le soleil s'était couché depuis quelques heures quand nous parvînmes enfin à la première des trois collines surplombant le domaine du Vicomte Ciayter. La région étant essentiellement sylvestre, des pins à l'obscur feuillage enlaçaient chaque pâté de maison, unique trace humaine des lieues à la ronde, et visible uniquement depuis les hauteurs. Une église perçait également cette masse de bois épineux, son clocher dominant le mont adjacent. Le manoir quant à lui se tenait au promontoire que bordait la vallée extérieure.
Je fis d’emblée remarquer que pèlerins et paroissiens devaient avoir beaucoup de courage pour fréquenter un lieu si élevé. Naturellement, Arthée éluda cette remarque pour désigner du doigt le kiosque en contrebas, où devait a priori nous rejoindre la maîtresse de maison – d’ailleurs un soldat bien paré nous y attendait.
Je sentais faiblir mon cheval, en effet franchir quelques kilomètres de cette pente épuiserait même les meilleurs étalons ; quant à la descente en elle-même, n'en parlons pas.

L'homme était debout, stoïque, le crâne couvert d'un casque de métal orné d'une plume d'oie ; une lame bâtarde au fourreau ridiculement large battait son flanc. La prêtresse le salua d'un geste de la main, et il s'inclina avant de s'éloigner sans mot dire dans un cliquetis de métal.
« Il est parti chercher dame Philomène. » ajouta-t-elle en me présentant un banc de pierre. Elle releva sa robe pour s’y installer.

L’air frais me chatouillait les narines, et semblait irriter nos montures attachées plus loin à un pic rocheux. J’ignore combien de temps nous restâmes là, immobiles et silencieux, à attendre notre hôtesse. Toujours est-il qu’elle finit par poindre à l’horizon – remontant le petit escalier pour accéder à la plateforme, accompagnée d’un frêle adolescent au regard fuyant.
Ce n’était pas une belle femme, et d’ailleurs son fils supposé, à l’exception de ses cheveux blancs coupés à la serpe, semblait avoir hérité de son nez aquilin, de ses petits yeux en amante, même de sa silhouette filiforme.
Malgré tout, il y avait quelque chose de gracieux, attirant, en elle, cette aura digne et hautaine trahissant une grande confiance ; qui manquait sûrement au garçon à en croire sa posture craintive lorsqu’il m’aperçut. Il devait être du genre à ne jamais quitter les jupons de sa mère, du moins me le figurais-je.
Quelques secondes passèrent avant que chacun ne soit confortablement posé sur son banc. Ni une ni deux, je décidai de m’introduire le premier : « Findol Daena Elensar, héritier de Telperion, Seigneur d’Elrundil, apprenti personnel du magistère Enthal Brumaurore et envoyé par ce dernier à votre rencontre. C’est pour moi un grand honneur que de servir une noble dame. »

Arthée m’adressa un regard en biais, grinçant des dents – sûrement était-elle agacée, faute d’avoir reçu la même attention à notre rencontre, alors que j’opérai selon ses conseils. Les femmes sont et seront toujours pour moi un mystère.
« Fort bien, j’aurais préféré le voir en personne, mais il est déjà appréciable qu’un mage se soit déplacé pour l’occasion. »
Décidément, elles avaient un talent incroyable, celui d’irriter leur auditoire sans apport ni retenue. Cette irritation d’ailleurs, je ne tardai pas à l’exprimer à Arthée, feignant un rictus gêné. Elle m’ignora alors que la matrone prenait la parole.
« Philomène Ciayter, et voilà mon deuxième fils Dimion ; excusez sa timidité, il n’avait jamais vu d’elfe auparavant. » Comme beaucoup de ces campagnards et bourgeois manqués, pensais-je. En était-il ? Non, leur système éducatif laissait indubitablement à désirer.

« Notre petit domaine est pratiquement coupé du reste du monde, et sans nos contacts de la capitale, nous n’aurions que rarement l’occasion de voyager. »
Ceci explique cela.

« Arthée vous aura sans doute briefé, et je sens que les questions se bousculent dans votre esprit ; aussi tâcherai-je d’être concise. J’ai besoin d’un étranger, sorcier de préférence, pour infiltrer la paroisse et surtout approcher le Père qui y réside. Dissimulé par une bure cléricale, vous devriez pouvoir les approcher facilement. Le kiosque nous servira de point de rassemblement, mais vous serez naturellement nourri et logé au manoir comme l’un de mes invités. Je ne demande qu’une confirmation – s’il s’agit bien d’un sort qui touche nos ouailles, nous pourrons agir aussitôt. »


Pendentif:


Ne sachant quoi rétorquer, je me contentai d’observer le silence, abasourdi. Aller aux faits, j’en avais presque oublié la signification. Cherchant un objet du décor pour m’y attacher, et ils n’étaient pas bien nombreux, j’aperçus le pendentif en croissant de lune du nobliaud à la tête basse. Une belle pièce en argent, sertie pourtant d’un joyau quelconque, sans doute un fragment d’améthyste reconnaissable à son éclat ; il en émanait quelque chose d’étrange, une sensation presque familière.
« Je tiens à remercier votre maître et son étonnante diligence – mon mari ne se doute de rien, persuadé qu’un clerc thalassien vient à nous. Vos prêtres sont assez réputés par ici, sachez le.
Un clerc ? J’avais donc une tête de religieux, ou bien on me prenait pour un imbécile.
- Excusez-moi, mais je ne crois pas être un bouffon que l’on déguise » avais-je rétorqué sans hausser le ton, tout de même vexé.

Comme la prêtresse plus tôt, elle éluda cette réflexion sans se départir d’un sourire courtois et hautain à la fois ; je m’étais engagé auprès du maître et elle le savait ; par ailleurs, je ne pouvais pas le décevoir.
Nous quittâmes ensemble les lieux, et le manoir se dessina bientôt sous mes yeux. Un bâtiment de pierre, froid, des planches de bois cerclées de métal renforçant sa structure cubique. Pourtant, c’était un bel endroit : deux colonnes de marbre gris frappaient l’entrée, et des lustres enchanteurs surmontaient chacune des chambres éparpillées de part et d’autre du couloir principal, aussi long que large. le Seigneur au moins devait avoir bon goût.

Mais je m’étais trompé. L’homme qui nous reçut au soir pour le dîner était gras, mal rasé, et ses cheveux argentés - sans doute un trait de famille - pas lisses pour un sou retombaient dans sa nuque par morceaux. Il n’en émanait rien de plus qu’une misère d’esprit appuyée par un fort accent lordaeronnais. Néanmoins, eu égard à ses traits durs, ses mains usées, je supposai qu’il avait naguère été un jeune homme d’action, charmant peut-être à l’échelle humaine.
Son fils aîné, Athalon, semblait quant à lui être la figure même d’un passé révolu qu’il semblait chérir. Ce dernier avait ainsi hérité de la sagacité de sa mère, du franc sourire de son père.
Pour le banquet, j’avais enfilé une robe de soie blanche inconfortable, supposée trahir ma profession. Les plats n’étaient pas mauvais, assez simples en fait : du fromage, de la viande bovine de qualité, du vin local. Cependant, je décidai pour le bien de ma couverture de rester silencieux jusqu’au dessert et de rejoindre ma couche sans attirer l’attention, déjà que ces bougres n’avaient pas l’habitude d’inviter des elfes à dîner.

Enfin, outre le fait que le bien fondé du plan m’échappait encore, notamment cette histoire de déguisement, quelque chose sonnait toujours faux à mes oreilles, et je les ai longues : pourquoi la dame souhaitait voir mon maître, soit un ami de son époux, alors que celui-ci n’était pas censé être au courant du projet ? Quel idiot enverrait un elfe en infiltration dans un village humain ? J’aurais très bien pu obéir sans réfléchir outre mesure, après tout c’était une affaire de quelques mois, mais trop d’incohérences ont tôt fait de m’irriter.
Je devais prendre les devants.
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Arelos
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MessageSujet: Re: L'Oeil d'argent   L'Oeil d'argent EmptyDim 16 Juil - 16:12

Présomption



Décidément, je n’étais pas fait pour travailler en équipe.
Je n’avais pas attendu le lever du Soleil pour quitter la somptueuse villa des Ciayter, après un faste banquet où tous s’adressaient des regards suspicieux sinon médusés ; ces gens étaient conscients du malaise mais n’osaient pas l’aborder ; en définitive, des sots se plaisant à entretenir les tensions. Même la bonne Arthée n’avait pas levé le nez de son assiette pendant le repas, et dormait sûrement à poings fermés – je n’avais pas besoin d’une prêtresse, humaine de surcroît, pour mener à bien cette mission.

Profitant du couvert des bois, j’allais galopant par un sentier sinueux en direction de l’église. S’il y avait bien une affaire du culte et/ou de rite nocturne, j’en aurais vite le cœur net. Encore loin de mon objectif, j’avais néanmoins profité des senteurs anisées évoquant ce verger abandonné, ou simple culture des belles et bonnes choses. A mesure que nous nous enfoncions dans cette la forêt noire, ma monture et moi, il me semblait entendre de nouvelles notes, compléments à la symphonie thalassienne faite de bruissements délicats et sifflements des volatiles. Mes oreilles dressées vibraient au rythme des craquements des branches épaisses et piquaient ma nostalgie ; j’avais encore le mal du pays.
Là, je m’imaginais goûter au nectar des premiers fruits en feuilletant un des plus beaux ouvrages de la tour du maître ; contempler les roseraies du palais si bien arrosées ; humer le vieux parchemin.

Eglise:

Après une heure de course, l’édifice se dressait enfin sous mes yeux, et tenait finalement plus de la cathédrale du fait de sa taille. Ses murs de pierre grise exposés par la Dame blanche donnaient à la Sainte-prière un caractère champêtre déjà renforcé par sa position – ainsi flanquée par deux aulnes séculaires. Je démontai, et vins attacher la monture d’emprunt au premier arbuste venu, de préférence à l’abri des regards.




Comme de juste, les bougies brillaient à l’intérieur et perçaient les vitraux comme les silhouettes qui s’y bousculaient. Rabattant sa capuche et recouvrant son être d’un voile magique, Findol décida d’y entrer. Bien sûr, il n’était pas question de franchir le seuil et la porte qui d’ailleurs s’ouvrait de l’intérieur, soit de ruiner sa couverture aussitôt ; jaugeant au toucher l’épaisseur des parois, il usa d’un transfert et se positionna dos au mur qu’il allait longer pour avoir une meilleure vue d’ensemble.
Les chaises avaient été retirées, entassées dans une quelconque annexe cependant que des hommes et des femmes en bure noire alignés dans la nef marmonnaient en se tenant la main. Leurs yeux révulsés avaient de quoi horrifier les âmes simples, mais le jeune seigneur se contenta d’afficher un rictus partagé entre dégoût et satisfaction ; après tout, ces gens là n’étaient que des campagnards retournées par les doux mots du prêtre, pareils à une truie gavée par son porcher. En outre ses soupçons venaient à s’affirmer, les hommes étaient bien fous à lier, ceux-là en particulier.

Le supposé prêtre qui se tenait au centre du cortège avait quant à lui tout du jeune premier ; blond, aux yeux en amande couverts de fines montures, au visage fendu d’un sourire affable. Lui ne chantait pas, et paraissait même sain d’esprit – frais, trop frais pour un homme de plus de soixante ans.
Hormis ce dernier, tous portaient les broches décrites plus tôt dans la journée ; des fétiches en forme d’œil épinglés au niveau de la poitrine comme s’il s’agissait d’un cœur subsidiaire.
L’empreinte magique était infime, et Findol préféra s’avancer pour décrypter l’obscur refrain du chœur possédé – adossé à une colonne, il retint sa respiration. Le contact froid du marbre blanc l’inconfortait, mais il était un bémol supportable face à d’autres.

Les chants s’interrompirent immédiatement, comme s’ils étaient le fruit d’un seul homme ; et le prêtre s’écria avec l’enthousiasme et la chaleur d’un bon ami : « Mes frères, il semblerait que nous soyons observés. Voulons-nous régler cette affaire et reprendre au plus vite ? Notre seigneur peut attendre. » Et ses iris dorés se posèrent sur la position de l'apprenti dans une étrange impression de sérénité.




Comment avait-il su me repérer malgré mon illusion ? Ce pouvait être une erreur, mais pourquoi maintenant ? Et ce seigneur – l’heure n’était plus aux hésitations tandis que je me prenais à trembler comme une feuille. Il régnait dans la salle une atmosphère macabre alors que les silhouettes encapuchonnées se dispersaient pour soulever la moindre petite poussière de l’église. Je fis volte-face, cherchant du regard une sorte de secours, mais rien ne s’offrit.

L’entrée avait comme disparu, les murs semblaient épais et d’étranges inscriptions le constellaient à présent : un homme à l’œil unique et ses apôtres, un enfant à tête de serpent que jugeait le croissant de Lune. Les cultistes se mouvaient sans un bruit à la lueur vacillante des candélabres, certains munis de cierges, et jamais ne se croisaient.

« Il est avec vous. » annonçait parfois le prétendu homme de foi en écartant les bras.

Je n’avais plus le temps d’y réfléchir, encore moins de prier la Lumière. J’ai donc joint les paumes pour me transférer le plus loin possible, se résumant à quelques mètres puisque j’étais incapable d’apprécier les distances dans un tel état d’excitation.
Je me retrouvai ainsi à l’extérieur, mais des hommes m’y attendaient. La porte visible depuis l’extérieur s’était aussi ouverte, déversant sur l’herbe grasse d’innombrables formes noires. Elles avançaient d’un bloc en chantonnant sous un ciel éteint  ; car aucune des deux lunes d’Azeroth n’éclairait la vallée qu’enlaçait à présent un voile opaque. Il n’y avait plus de haut, plus de bas. Plus un sens.

« Joins-toi à nous. » La voix du prêtre perçait les murs comme les tréfonds de mon esprit.

Je me pinçai la joue pour me calmer. Comprenant que le sentier m’était interdit, je me dirigeai vers l’arrière de l’église pour retrouver ma monture ; sauf que je n’y trouvai qu’une lanière de cuir ballottée par les vents. Il ne me restait plus qu’à rentrer à pieds ? Nous étions à des lieues de la villa et mon illusion n’allait plus tenir longtemps. J’avais les mains moites, le regard luisant à peine suffisamment pour me repérer à la faveur de la nuit, et la tête douloureuse.

Alors que je clopinai vers les bois, une main sortit des broussailles pour m’y enfoncer.
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