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 Les regrets du Seigneur

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Arelos
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Arelos


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MessageSujet: Les regrets du Seigneur   Les regrets du Seigneur EmptyVen 24 Aoû - 0:52

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Quelques semaines avant les principaux événements de Battle for Azeroth.



Arelos longeait le pont de pierre menant à l’îlot fortifié de Rauros, caressant la rampe d’une main fébrile avant d’atteindre le manoir, large figure de pierre parsemée d’étendards à l’azur parfait et colonnades aussi bien découpées. Non sans un regard à la tour centrale, aussi haute que la blanche bibliothèque de Sinthael, il songea qu’il n’y avait mis les pieds qu’une ou deux fois depuis qu’il s’était remis au service de la famille Elensar quinze ans plus tôt, ou Ancresoleil, difficile de ne pas confondre. Un instant il s’arrêta pour contempler la rivière bordant les remparts, pensant apercevoir un élémentaire dans ses eaux clairsemées par l’éclat des chutes. Le retour du Seigneur au domaine avait été célébré en grandes pompes, alors même que la guerre devait suivre – les feux d’artifice chers au peuple thalassien prenaient ainsi une teinte plus macabre devant le désastre de Teldrassil.

Une partie des forestiers avait été mobilisés, et envoyés sous les ordres du Lieutenant Aonia en Lordaeron, mais il n’en était pas. Quelque part, il ne regrettait pas d’échapper au casse-pipe, mais ce pouvait être aussi vexant. Ne l’avait-on pas choisi pour combattre sur les îles brisées ? Peut-être avait-il fini par décevoir ses supérieur, ou bien ses ascendants avaient-ils repris le dessus sur sa réputation presque irréprochable. Mais que lui importait en l’état d’être mis au placard.

En puisant dans l’énergie du nouveau gardien de Rauros, Isaran le délié, Findol Daena avait donné naissance à de nombreux séides aqueux aptes à protéger les sites le plus sensibles du domaine ; fort-Maelon et le Puits des flots fraîchement renommé en leur honneur. De fait, les forestiers n’avaient plus qu’à se cantonner aux croisements et à la protection des civils, ce qui leur ôtait une sacrée épine du pieds avec le retour en force de tribus gnolles jusque alors pensées disparues. L’incident de l’enquêteur renégat du Kirin Tor lui, avait fini par être oublié, comme les dégâts causés aux bâtiments de Cimétoile. Sans cet apport nouveau en protecteurs, couplé à l’arrivée massive de réfugiés de Sylvétoile, une autre enclave quel’dorei ravagée par les réprouvés, jamais les grands du domaine n’auraient pu envoyer tant de leurs hommes à la guerre. On l’avait néanmoins convoqué, lui. Et pas n’importe qui, le Seigneur en personne.

Franchissant le seuil du manoir et ses deux colosses aux regards presque trop rivés pour n’être que feints, Arelos s’arrêta sur de riches tapisseries représentant la famille régnante à différentes époques. Des arabesques dorées parcouraient chaque mur, longeant chaque jet d’eau et fontaine, statue ou armure décorative. Il y vit comme un reflet plus attrayant de la forteresse de Crochesoleil sous Séléné, moins colorée mais aussi froide. Ses murs de pierre noire taillés pour repousser des incursions trolles avaient quelque chose d’une beauté accidentelle. Pris d’un sentiment nostalgique, il emboîta néanmoins le pas aux tapis céruléens dans les escaliers menant à la plus grande salle de l’édifice et s’arrêta devant une large porte sans poignée, trop large pour n’accueillir qu’un homme, frappée du trident renversé, et toqua.

Un instant il attendit, cherchant à rassembler quelque bribe de mémoire sur les locutions à employer en présence d’un Magistère, puis la porte s’ouvrit dans un couinement délicieux.

Findol se tenait assis sur un siège de marbre gris-bleu, ses cheveux ondoyants noués par une cordelette dorée et vêtu d’une tunique verte incrustée de joyaux fabuleux tombant à ses chevilles. Des cavités des murs adjacents rejetaient de l’eau en continu dans deux larges rigoles, figurant aux visiteurs qu’il s’agissait de cascades naturelles. Mais au-delà de cette toile, il observait avec fascination le trident que le sorcier avait déposé contre son repose-coude, fondu dans l’argent le plus pur et couvert de pointes d’or, de diamant et d’un minerai aux reflets surnaturels. Sans même qu’elle soit tenue, l’arme ancestrale reflétait toute la légende d’un Empire disparu. Jamais Arelos n’avait approché une telle merveille, alors même que les récits sur Felo’melorn la flamboyante et Thas’dorah lui revenaient en mémoire. Le seul saphir ornant la dent centrale évoquait à ses yeux l’essence de l’élémentaire supérieur qu’il avait vu s’incliner devant le Seigneur au lendemain de son retour, quelques jours plus tôt. Une créature pourtant vieille comme le monde, sûrement capable de raser le manoir en un coup de ses poings lissés par l’érosion constante du calcaire les composant. Seul un maître parmi les enchanteurs pourrait créer une telle merveille, et seul un puissant Magistère aurait pu forcer le respect d’une entité si terrible.

Convaincu de faire face à un être d’exception, Arelos décrocha son carquois, et s’agenouilla.

- Le Capitaine Thalon ne tarit pas d’éloge vous concernant… et vos prouesses sur les îles résonnent encore dans le domaine. Le forestier songea qu’il n’avait pas daigné rejoindre Hurlevent lorsque ses camarades défunts avaient été honorés à Hurlevent par le Général Caldwell, et plus tard par Sinthael qu’on croyait pourtant incapable de la moindre sensibilité. D’autant que cela faisait presque deux ans. Pendant près de soixante lunaisons, il ne faisait que de brèves apparitions au domaine. Savez-vous pourquoi je vous ai fait convoquer ?

Arelos se remémora alors son passé en Elrundil, lorsque ledit seigneur l’invoquait dans son bureau pour lui ordonner de supprimer des opposants politiques ou éléments indésirables à ses ambitions, profitant par là même de sa connaissance des poisons. Toujours, il s’était exécuté sans fléchir, comme on le lui avait enseigné étant enfant. Aujourd’hui, il n’y avait plus goût, et ses poings rivés sur le plancher gelé commencèrent à trembler. De longs mois de pérégrination lui revenaient aussi en mémoire, et son amour. Il n’avait jamais su – et ne l’aurait sûrement pas cautionné. Il tenta alors d’articuler, mais Findol l’interrompit.

- Redressez-vous, Arelos. Nous sommes tous deux issus d’une noble famille, vous n’avez donc pas à frémir en ma présence.

Il releva alors le nez, et aperçut Findol sous un nouveau jour. Ses yeux autrefois plus perçants que ceux d’un rapace avaient perdu en éclat, son visage parcouru par une large balafre et même son oreille droite rongée par un impact de balle, trahissaient ses merveilleux appas, une beauté éphébique qu’aucun siècle n’avait su entacher. Son corps entier n’avait pas échappé aux sévices de la guerre, cependant que les gens s’étonnaient de le retrouver indemne à chacune des expéditions de la Rétribution : Lordaeron, Pandarie, même Draenor. Une simple illusion.

- Parmi les forestiers, il n’en est aucun en qui je peux avoir autant confiance que vous. Je me félicite d’ailleurs de compter parmi nous un homme de votre trempe, ayant survécu à la ruine de Quel’thalas avant de me revenir. Un sacré concours de circonstances, pourtant. Je vous ai sciemment tenu éloigné du front pour vous confier une tâche très importante, à mes yeux.

Le magistère claqua des doigts, et un parchemin se déroula bientôt sous les yeux d’un Arelos trop habitué aux éclairs magiques pour s’en inquiéter. C’était écrit en pattes de mouches, et il dut plisser les yeux pour lire – il s’agissait d’une liste assez fournie de noms, certains humains, d’autres elfiques. Toutes des femmes en vérité – étonnant. C’était même du jamais vu. Le nombre autant que la nature du répertoire lui donnèrent une impression de vertige

- Non, Arelos. Il ne s’agit pas de cibles à abattre, rassurez-vous. Je ne vous demanderai plus jamais de mettre à mort sur une impression. L’homme soupira, trahissant ses craintes antérieures. J’ai beaucoup appris de mes voyages, sur moi, sur la manière dont il faut gouverner – devenir meilleur pour mes gens, meilleur pour mon fils qui me prend comme modèle. Arelos contempla plus longuement la gestuelle de son maître, et sa luminance – il brillait comme jamais, plus juste, plus franc. A présent il pouvait déceler ses faiblesses, et états d’âme, mais aussi sa force de caractère. Oui. J’ai tant de fautes à corriger, bien trop d’ailleurs. Sa voix d’ordinaire pleine de largesse et d’élégance se brisa. J’aimerais au moins faire de mon mieux pour rendre l’espoir à ceux que j’ai autrefois tourmentés.

Arelos ne dissimulait même pas sa perplexité. Sûrement étaient-ils nombreux. Mais Findol poursuivit sans lui laisser le temps de songer plus avant.

- Ces femmes sont d’anciennes compagnes, et il se pourrait que la plupart soient à présent mortes ainsi que leur descendance – de vieillesse, de maladie, de la guerre ou que sais-je. Je ne dois pourtant pas renoncer ! S’il existe un moyen d’apaiser leur douleur, j’aimerais le trouver, mais elles ne me laisseraient jamais les approcher, je le crains, c’est pourquoi je vous envoie. Faites leur comprendre que les portes de Rauros sont ouvertes aux démunis. Sachez néanmoins qu’il ne s’agit pas d’un ordre. Vous êtes même en droit de refuser cette « mission ». Mais si vous l’acceptez, vous serez payé doublement sous couvert d’une permission à durée indéterminée – je compte sur votre discrétion à ce sujet. Enfin, il est probable que vous soyez convoqué au domaine pour effectuer quelques remplacements avec d’autres archers, mais vous pourrez circuler librement le reste du temps.

Arelos voulut rétorquer, cette fois, comme en proie à des sentiments contradictoires. Ses frères mouraient en Lordaeron, et on l’envoyait chercher des donzelles aux quatre coins du continent pour apaiser la conscience d’un Magistère si misérable ? Pourtant il y avait un éclat dans le regard de cet homme en pleine confidence. Quelque chose que même ses soieries et feuilles d’or ne pouvaient étouffer. Quelque chose d’émouvant.
Il le laissa donc continuer sur sa lancée.

- Je craignais que vous me détestiez, Arelos. Vous qui faites partie d’un passé que j’ai longtemps cherché à taire. Mais c’est ce statut si particulier qui vous rend plus apte à remplir cette tâche. Vous seul en connaissez la teneur. Je ne peux la confier à personne d’autre. Veuillez alors pardonner mes années d’errance, et d’oubli – elles sont à présent derrière nous.

Le geste de Findol touchait Arelos. Jamais auparavant il ne lui avait trouvé la qualité d’un père de famille. Il l’avait toujours vu comme un homme autoritaire, capricieux et profondément condescendant. Aujourd’hui, il se livrait à lui comme si de rien n’était, après l’avoir presque ignoré durant toutes ces d’années, lui prêtant un moindre regard lors de sa réintégration à l’ordre de ses forestiers. Arelos déglutit et se décida enfin à lui répondre.

- Je préférerais mourir plutôt que d’être payé plus qu’un autre pour remplir une mission autrement moins périlleuse en ces heures troubles. Findol haussa un sourcil mais acquiesça sans commentaire.

- Acceptez-vous ma requête, néanmoins ? Pour seule confirmation, il obtint d’Arelos un salut militaire digne de ce nom, sa loyauté n’était donc plus à refaire.

- Souhaitez-vous que je me retire, à présent ? Alors, Findol se leva de son trône de fortune et s’approcha. Il était grand, plus grand que dans les souvenirs de l’archer. Plus grand que sur les tableaux à son effigie. Le discret mouvement de ses étoffes redonnaient à ses larges épaules un air digne, presque royal.

- Arelos. J’ai obtenu des nouvelles d’Idoménée et ses enfants par un contact à Lune d’Argent. Tous sont en bonne santé, et Crochesoleil a été reconstruire… souhaiteriez-vous en savoir plus ? Il vit les yeux d’Arelos s’illuminer – c’était inespéré. Mais ils s’éteignirent aussi brutalement lorsqu’il repensa à la manière dont son cher père l’avait rejeté, une simple lettre sans cachet, puis au mièvre sourire d’Aspée la vipère lorsqu’elle l’avait évoqué quelques mois plus tôt. Cette première lueur, Findol l’avait évidemment décelée, mais décida de ne pas poursuivre et enchaîner. Que pensez-vous de mon fils, Etheran ?

- C’est un bon garçon, un peu étrange parfois. Il passa une main dans sa barbiche sombre, l’air songeur. Étrange était sûrement un euphémisme. Mais je m’inquiète plus de ses moments d’absence, des rêveries. Ce n’est pas vraiment ce qu’on pourrait attendre d’un fils héritier. Enfin ! Loin de moi l’idée de critiquer son éducation, bien sûr. Cette fois, il avait bredouillé.

- Il a récemment été lié à un élémentaire d’eau conçu à partir de l’essence d’Isaran. Leur communion pourrait nécessiter une forme de remise en question ?

- C’est plus complexe, et bien antérieur à votre retour de Féralas. La méditation en soi est une bonne chose, mais il m’est arrivé de le surprendre en transe sur la rive de l’étang de la colline aux esprits. L’autre fois, il m’a fallu plusieurs heures pour l’en sortir, et lui-même ne semblait plus vraiment savoir où il se trouvait. C’est comme s’il… ressentait le besoin de s’évader, d’explorer de nouveaux plans – il dit que la mer l’appelle. Findol fronça les sourcils sans trahir une inquiétude plus profonde.

- Bien, je tâcherai de lui en parler. Merci pour cette confidence, Arelos. Sachez encore une fois que je suis fier de vous compter parmi mes gens – vous pouvez disposer à présent.

Le forestier s’inclina respectueusement avant de tourner les talons et se diriger vers la porte aux battants de marbre arborant toutes les nuances du bleu, avant de faire volte-face et interpeller une dernière fois son Seigneur.

- Excusez-moi, mais votre espion, au nord, communiquez-vous souvent avec ? Findol se contenta de hocher la tête en plissant légèrement ses manches satinées, curieux de sa requête. Pourriez-vous faire passer un message à mon père ?

- Je vous écoute.

- Qu’il sache que « Je suis toujours en vie. »

- Ce sera fait. L’homme au trident se fendit d’un large sourire bienveillant, presque paternel. Autre chose ?

- Rien d’autre, merci beaucoup. Cette fois, Arelos se retira, plus simplement d’ailleurs, avant de retourner aux longs couloirs du manoir, et ses sculptures non moins tortueuses.
Quelques heures plus tard, après son retour au guet de l’île du trident, il doutait encore d’avoir eu cette discussion avec le Magistère.
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