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 Entre le marteau et l'enclume

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Elimen Ruissaube
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Elimen Ruissaube


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Date d'inscription : 18/05/2019

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MessageSujet: Entre le marteau et l'enclume   Entre le marteau et l'enclume EmptyJeu 25 Juil - 0:16

Entre le marteau et l'enclume 1564006322-348471-1461926048

Forgefer à la nuit tombée, un soir d’hiver parmi tant d’autres où il neige à pierre fendre. Dans la grande cité naine, il ne fait jamais froid pour celui qui sait dénicher la bonne adresse. Il suffit de tendre l’oreille et de suivre les effluves de bière. Un petit air endiablé étouffé par quelque porte obscure vous chatouille les tympans, et vos pieds las vous guident gentiment jusqu’à destination. La journée a été longue, et la maille qui vous bat les flancs est une torture à cette heure. Délaissant armes et surcot de bon coeur, vous vous engouffrez dans la masse chaude et avinée qui constitue la population toujours trop dense des bars et des tavernes près de la Grande Forge. Vous jouez des coudes jusqu’au comptoir, et votre attention se laisse distraire un instant par la courbure des reins de la serveuse qui passait par là, un plateau chargé au dessus de la tête. Attention, il va falloir vous faire violence pour ne pas laisser vos mains suivre le cheminement de vos pensées, ou le retour de battoir de la serveuse saura vous remettre dans l’axe et le bon.

Mais vous n’êtes pas né de la dernière pluie et n’allez pas vous y risquer. Au lieu de ça, vous la suivez des yeux d’un air distrait tandis que vos pensées s’égarent dans une rêverie proche du sommeil. La seule chose qui vous empêche de sombrer, c’est le tintamarre affreux de la taverne, entre le petit orchestre improvisé de cuivres, d’accordéon et de violons qui joue à un rythme effréné pour faire transpirer les filles et les vivats tonitruants d’un cercle de nains non loin. La serveuse se dirige justement dans leur direction et votre cervelle fatiguée se demande soudain pourquoi les drôles s’agitent autant.

Rassemblés en cercle serré, vous croyez entendre des histoires de paris, agrémentées de quelques commentaires graveleux qui ne concernent pas la serveuse, pour une fois. Celle-ci repousse quelques malotrus totalement absorbés par le spectacle afin de déposer le chargement de son plateau comme elle peut. Quelques coups de chiffon derrière la tête claquent dans l’air et font s’écarter les inconscients afin de lui laisser un faible espace pour opérer, vaille que vaille. “Bande de goujats, vous allez encore vous faire plumer !”. Elle connaît la chanson, la serveuse. Une faible trouée dans le cercle vous laisse alors discerner ce qui accapare tellement les nains, et dépenser leur or si durement gagné. Un éclat de cuivre soudain, ravivé par les flammes de l’âtre, une crinière de feu qui se trouve aussitôt noyée dans la foule amassée autour. Qu’à cela ne tienne, le bon limier expérimenté tapi dans les méandres de votre jeunesse perdue vous pousse en avant, vous décollant du mur poisseux, et vous attirant vers l’attroupement. Vous attrapez une bière qui ne vous appartient pas au passage, au point où vous en êtes, ni vu ni connu, la serveuse n’y verra que du feu.

Alors que vous grimacez par avance en descendant quelques gorgées de votre chope chaude comme de la pisse d’âne, vous la distinguez enfin pleinement, et remerciez vos créateurs de faire deux têtes de plus que la population locale du bar. Sous la crinière de cuivre à peine domptée par quelques tressages fins sur le haut du crâne, vous découvrez une jolie gueule d’ange, penchée sur une table avec un sourire prêt à soumettre tous les démons d’Azeroth, ou à défaut, ceux de quelques nains un peu trop téméraires ayant oublié l’heure et leur rombière à la maison.

Des yeux canaille d'un vert trop vif pour être honnête, un petit nez mutin, des lèvres charnues comme une invitation, des pommettes hautes et roses comme deux pommes ponctuées de quelques taches de rousseur qui vous donneraient envie de croquer dedans à pleines dents, voilà le portrait de ce piège à cons, celui qui vous ferait oublier un instant que vous n’avez plus vingt ans. Vos yeux avides longent la courbure du cou et de l’épaule, comme on suit le cours d’une rivière douce et blanche.. Vous notez les nombreux tatouages à l’encre turquoise caractéristique, vous vous prêtez au jeu du décryptage en suivant les motifs runiques comme un enfant qui découvre une carte au trésor et se rêve déjà en pirate ou en conquérant.

A défaut de comprendre quoi que ce soit aux symboles qui parcourent les biceps de la rouquine, vous notez les muscles qui roulent sous la peau, tendant les motifs d’un galbe presque incongru. Dans un sursaut d’orgueil masculin, vous bandez un peu les muscles de vos bras, tâchant de vous rassurer un peu. Bien sûr que vous tenez la comparaison, un soldat aguerri comme vous ! Tandis que la donzelle appuie le coude sur le bois de la petite table, la main tendue, vous enviez presque le nain bedonnant qui attrape sa menotte. A bien y regarder, la menotte en question est plus proche de l’étau que de la main délicate d’une harpiste. Les doigts forts recouvrent la poigne du nain, et s’y agrippent comme le lierre à la pierre. Les vivats reprennent. “Eli ! Eli ! Eli !” Vous ne savez pas qui les nains encouragent, mais à la trombine vexée du nain face à la rouquine, vous devinez rapidement qu’il ne s’agit pas de lui.

La lutte qui s’engage est brève mais brutale. Les muscles de la rouquine se tendent, et le buste saille sous le tissu fin du débardeur, se couvrant d’une fine sueur. La gorge de la rouquine vous affole, vos yeux suivant le sillon de transpiration qui file droit entre deux collines rondes annonciatrices d’une terre promise dont vous seriez le pionnier bienheureux. A peine le temps de cligner que le fracas s’abat sur la table, la rouquine écrasant impitoyablement l’avant-bras de son adversaire sur le plateau, renversant le petit verre de goutte posé de ce côté, arbitre sacrificiel de tous les bras de fer du monde. Le nain vaincu n’en croit pas ses yeux, et ouvre une bouche prête à gober une armée de mouches. La belle empoche les dorées dans un calme olympien, un grand sourire lumineux sur les lèvres, sous les bravos et les accolades de ses admirateurs, qui ne manquent pas de l’embrasser pour leurs gains de la soirée. L’alcool coule à flot, par la grande alchimie universelle qui change l’or en bière, et vous n’échappez pas à ce cycle naturel, vous prenant même à parier votre solde sur la jeune prodige.

Maintenant vous encouragez votre pouliche à gorge déployée, fidèle parmi les fidèles, et les victoires, aussi foudroyantes qu’implacables, s'enchaînent, remplissant vos poches d’une manne improbable. Bientôt, toute la taverne ne parie plus que sur la rouquine, ce qui n’empêche pas la fierté naine de récidiver, plaçant chaque fois un nouvel adversaire face à l’effrontée, toujours plus large, toujours plus épais. Le verdict tombe néanmoins dans un craquement de bois, toujours le même. La rouquine souffle, essuie son front luisant, et dix mains se tendent vers elle, tendant une chope ou une roulée de tabac. Elle prend ce qui passe, distribuant des sourires joyeux à la volée, et quelques réparties bien senties à l’attention des mauvais perdants.

Sans que vous ayez rien demandé, votre voisin vous dresse le tableau, d’un air entendu face à votre mine égarée, et vous voilà partis en plein conciliabule.. “Oh mais c’est Eli, Eli la fille du forgeron ! Bah ouais, il paraît que le vieux Ruissaube l’a ramenée de l’orphelinat un jour qu’il passait à Hurlevent. Ou peut être qu’elle traînait devant sa porte à guigner une croûte de pain et qu’il la prise sous son aile, qu’est ce que je sais ? Un peu, qu’elle vient tous les soirs ! Et chaque soir, elle trouve des fous qui veulent bien y perdre des plumes ! Ah ! Je les comprends va, moi aussi elle me plume quand elle veut !”

Mais voilà que votre voisin est interrompu par une brusque bousculade, qui vous prive du récit bucolique de la vie de votre nouvelle égérie. La rouquine a quitté son tabouret, et s’en sert maintenant pour frapper le nain mécontent qu’elle vient de coucher sur la table. Le tabouret se fracasse sur la caboche du nain, qui s’ébroue et empoigne un admirateur de la donzelle, entraînant toute la taverne dans une bagarre générale. A votre tour, le sang échauffé par l’alcool et un désir plus pernicieux, vous vous engagez dans la bagarre sans savoir pourquoi, écrasant votre poing sur le nez d’un pauvre type qui passait par là. La rouquine n’est pas avare de ce côté là non plus, distribuant des coups à la volée, comme d’autres distribuent des petits pains un jour de marché. Vous remarquez qu’elle n’est pas haute pour une humaine, juste assez pour surpasser en taille ses adversaires plus trapus. Malgré l’épaisseur de ses bras, le reste de son corps semble taillé pour la vitesse et la course, fin et fuselé, comme une lame aiguisée. Elle virevolte dans la taverne encaissant quelques coups sans broncher et chargeant de plus belle, dans une danse endiablée.

Les tables volent, les mâchoires souffrent, les poings s’écorchent tandis que les trombines s’amochent un peu plus. Vous avez perdu votre gueule d’amour depuis longtemps, de toute façon, et le combat vous ravigote comme jamais. La garde ne tardera pas mais vous vous en moquez. Vous vous sentez pousser l’âme d’un jouvenceau rebelle et vous vous rapprochez de la rouquine, plaçant votre dos contre le sien, comme dans les récits des grandes épopées des héros d’Azeroth, du moins c’est ce que vous vous figurez. Vous sentez le doux frôlement des cheveux cuivrés contre votre nuque, et parfois l’esquisse d’un postérieur savamment affûté. Vous en perdez brièvement votre belle concentration, et encaissez un vilain crochet dans les tripes, de quoi vous faire dégobiller votre bière sur le plancher. Tandis que vous vous pliez en deux, une main se pose sur votre épaule, ferme et forte, et vous vous retrouvez nez à nez avec l’objet de votre nouvelle lubie qui vous sourit, à vous, de son air canaille qui ne semble jamais la quitter.

Vous souriez comme un idiot, l’air béat. Et vous souriez encore lorsqu’elle vous a quittée, accaparée de nouveau par un nouvel assaillant. Vous souriez même quand ce gros nain sorti de nulle part vous plaque contre un mur et vous colle un coup de boule digne d’un démolisseur gnome.

Demain, quand on vous ramassera au milieu des débris de bois et des restes de soirée, et que votre femme menacera de vous flanquer à la porte, vous sourirez encore à la pensée de cet ange à la poigne de fer.
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