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 Lithurgie de l'hérésie

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Isaac Desair
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Isaac Desair


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MessageSujet: Lithurgie de l'hérésie   Lithurgie de l'hérésie EmptyLun 3 Fév - 15:23

Une immobilité vacante, un rien triste à mon goût, laissée à une fin qui arrivait, au bout du compte. Évidée. On aurait dit une dépouille, privée de son coeur dans la préparation des rites funéraires.

C’était une chapelle.

Cela faisait de toute évidence des lustres que l’on n’y avait pas officié, et si elle donnait l’impression de tomber en ruine, on devinait ici et là les marques d’un entretien qui se voulait discret, qui cherchait à passer inaperçu. Dans une languide mélancolie elle laissait l’eau des pluies régulières tracer son chemin brun contre la façade, irisé de vert là où prenait la mousse, enracinée dans les fissures.
Ce n’était pas une vision si rare dans cette région recluse et dépeuplée, où l’on préférait toujours les anciennes voies aux nouvelles. L’Hirwyvar, aussi méconnu qu’arriéré.

Le calme qui régnait autour de la petite chapelle était presque étouffant après le chaos de la ville, et je me sentais presque coupable d’abandonner mes frères à leur désarrroi en trouvant un refuge temporaire ici, mais qu’aurais-je pu changer pour eux ? Il n’y avait pas d’armes à la Cathédrale, et la hache que j’avais prise dans le cabanon du jardinier ne m’avait sauvé qu’in extremis.
Un instant la vision des bêtes grouillantes, omniprésentes sur le parvis et dans les rues, m’a submergé. Elles étaient partout. Elles faisaient onduler les toits de leurs ombres furtives. Elles fracassaient la nuit de leurs hurlements déments.

Mais c’était l’aube qui pointait maintenant, l’aube au-dessus de ma tête qui chassait la nuit infernale. Je doutais que la lumière apporte un quelconque répit en ville.
Les portes de la chapelle béaient sur leurs gonds, grandes ouvertes. Une de ces bêtes aurait pu venir se terrer là, en l’attente d’une proie. Tenir la hache entre mes mains m’apportait un maigre réconfort contre cette idée.

A l’intérieur, la fraîcheur de la pierre se parait de pénombre, pas encore déchirée par les premières lueurs du jour. La nef était parfaitement déserte, les rangées de bancs bien alignées comme dans l’attente de fidèles qui n’arrivaient pas. Des bougies éteintes, certaines à demi fondues, jalonnaient les murs, pâles. Le gris qui montait du matin effleurait les dorures gravées dans les dalles; elles dessinaient d’immenses cercles qui s’entrecroisaient pour former des motifs ésotériques bien étranges.
Dans la nef vide, je pensais un instant à la façon dont la Lumière avait refusé de me répondre. Au vide que son absence m’avait laissé, à la culpabilité, mais aussi au doute qui me prenait désormais. Je me sentais comme cette chapelle.
Pas le temps de prier. Il y avait un escalier qui montait vers les étages.

Il ne donnait pas sur un clocher mais ouvrait plutôt sur un vaste dôme de verre empli des carcasses abandonnées de sculptures ou d’oeuvres aux formes biscornues. Je ne prenais pas le temps de contempler ces diverses preuves de la folie d’Asrion

(un écheveau de tours pâles élancées d’une mer pareille à un miroir)

pour me diriger vers le couloir qui s’échappait de la bulle de verre. Une armoire renversée en barrait le passage, les battants ouverts comme un cercueil attendant son hôte.

Là, une première cellule, une chambre. Un lit fait, quelques tuniques pliées. Les vêtements d’une jeune femme.
La deuxième. Le lit était défait, froissé. Des notes en vrac, empilées par terre, incompréhensibles. Quelques croquis et schémas qui rappelaient les choses qu’il avait construites dans le dôme. Et le coffre. Je l’ouvrais sans précaution.

Un fourreau d’abord, de cuir épais et usé. L’épée.
Je l’ai tirée de sa gaine d’un geste lent et cérémonieux. C’était sans conteste un objet précieux. Faite d’un métal gris sombre, légèrement vitreux. Elle avait quelque chose d’inhumain, dans ses formes, et le long de la lame, quelques mots d’argent couraient. Darag Ni El.

Je la rangeais pour la passer dans mon dos. Il y avait d’autres choses dans le coffre. Une petite boîte. D’autres feuilles, jaunies par le temps.
J’ouvrais le coffret dans un nuage odorant de plantes. Il y avait à l’intérieur des motifs gravés dans le bois, peints d’ocre rouge. J’avais du mal à imaginer Asrion suivre les coutumes de la voie ancestrale.
Il contenait un petit sac de velours noir, que le contenu déformait d’arêtes et d’angles qui ne me permettaient pas de l’identifier. Un noeud bien serré le fermait. Un instinct me gardait de l’ouvrir, mais pourtant il m’intriguait terriblement. Je l’ai fourré dans mon sac avec la ferme intention de m’en occuper une fois en sécurité.

Les lettres resteraient là. Asrion ne m’avait envoyé chercher que cette lame, comme s’il s’agissait de la chose la plus précieuse, la plus importante de toutes ses possessions.

Le jour était bien levé maintenant, il faisait scintiller le dôme comme de l’or translucide. Et les hurlements n’arrêtaient pas de résonner.
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Isaac Desair
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MessageSujet: Re: Lithurgie de l'hérésie   Lithurgie de l'hérésie EmptyVen 7 Fév - 18:48

Une cannonière flambait comme un astre décroché du ciel et sa lumière flamboyante illuminait les toits de Quilleport, les élégantes voiles des navires des elfes, d’un orange à la précision douloureuse.

Ils étaient enfin arrivés. La délicatesse des arabesques violacées qui ornaient les coques tranchaient dans la grisaille autrement ambiante, et les machines de siège qui les accompagnaient m’emplissaient d’un espoir neuf. Nous n’étions plus seuls; quelqu’un était venu.

Une foule bariolée se pressait déjà sur les quais, et s’y distinguait les masses sombres de ces worgens qu’on disait sauvés, sains d’esprit, contrôlés par un rituel magique. J’avais du mal à le croire mais mis à part une méfiance évidente, on ne se souciait pas d’eux plus que nécessaire. Par chance, la tête blanche d’Asrion se détachait nettement, et m’a guidée vers lui à mesure que je tâchais d’avancer dans la cohue.
Bousculé de toute part, l’énorme bras velu d’un worgen m’a percuté en plein flanc et, alors qu’il tournait une gueule pleine de crocs vers moi, je n’ai pu que lever ma hache en réflexe, sans même y penser. Une colère blessée s’est esquissée dans ses yeux avant qu’il ne détourne sur un grognement agacé.

Asrion a eu l’air ravi de revoir son épée. A la façon dont il la tenait, dont il posait la main sur son fourreau de cuir poussiéreux, on devinait la révérence qu’il lui portait, comme s’il s’agissait d’une relique. Il l’a passé dans son dos avec une aisance qui trahissait une longue habitude, puis m’a adressé un signe de tête.

«Dépêchons-nous d’embarquer.»

Il s’est détourné et d’un pas leste s’est dirigé vers les pontons.
Un coup dans le dos, un pas en avant pour me rattraper et il avait déjà disparu dans la foule, mélangé à toutes ces visages inconnus et angoissés. Derrière moi, deux sorcières des moissons accompagnées d’un autre worgen me regardaient étrangement. Je préférais avancer dans la direction vague qu’avait empruntée Asrion plutôt que de protester.
De nouveau noyé dans la foule. Des odeurs mêlées de bêtes et de parfums qui me piquaient le nez, le brouhaha d’appels et d’injonctions sans queue ni tête.

Une main, cette fois, pour m'agripper l’épaule.

«C’est toi, le novice !»

C’était un jeune prêtre, à la robe brune déchirée. Il avait un air hagard et me regardait avec une fureur que les maudits n’auraient pas reniée. J’avais beau chercher, impossible de me rappeler son nom.
Il me retenait fermement et commençait même à me secouer.

«C’est toi ! Qu’est-ce que tu as fait ? Qu’est-ce que tu as fait à Erlin ?!»

Un rictus m’a échappé, ce qu’il n’a pas manqué de remarquer. Il a resserré sa poigne avec une indignation presque grotesque peinte sur le visage, mais je ne parvenais pas à me détacher de lui.

«Lâche-moi !»

Il levait déjà la main, hors de lui. Impossible de le raisonner, et je levais pour la deuxième fois ma hache, et l’éclat menaçant du métal l’a enfin fait reculer. Il était livide et m’a regardé durement.

«Nos frères et soeurs sauront ce que tu as fait. J’en fais le serment.»

Je me suis laissé engloutir dans l’attroupement grouillant pour échapper à ses yeux accusateurs.
La Cathédrale n’avait plus que des bêtes sauvages et des morts-vivants pour fidèles désormais. Devais-je me soucier de l’excommunication ?
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Isaac Desair
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MessageSujet: Re: Lithurgie de l'hérésie   Lithurgie de l'hérésie EmptySam 15 Fév - 12:28

Le silence, vide. L’absence.
A l’intérieur.

La houle emportait les navires vers un lointain inconnu.
La litanie des vagues, les craquements du bois, ossature articulée du navire, ou même les instructions échangées des marins, rien de tout cela ne parvenait à combler le silence.
Il rampait dans les ombres de la cale, s’accrochait à chacun de mes pas.
Il était froid, là où régnait auparavant la chaleur d’or d’une lueur envolée.

Je n’avais plus de prières, plus de cantiques.
Et Asrion n’était pas là pour me guider. Pendant quelques jours je m’étais pris à lui en vouloir amèrement, car c’était lui qui m’avait précipité sur cette voie en l’espace d’une nuit; et mes doutes, et la cupidité d’Erlin, tout ce que j’avais appris de ma courte vie et ne pouvait plus croire.

Nous filions sous le vent vers Darnassus, et les kaldorei me parlaient d’Elune, et je me demandais. A la voir se lever et redescendre chaque nuit, si tangible qu’elle en rendait douloureuse l’absence de la Lumière, si j’avais eu raison de croire. Au soir couchant, c’était toute la folie d’Asrion qui m’ébranlait. Au lever du jour, l’hypocrisie latente d’Erlin qui me faisait flancher.
Si je ne l’avais pas à mes côtés, je n’avais plus rien. Si je n’étais pas prêtre, je n’étais plus rien.

C’est quand j’essayais de me changer les idées que je pensais à ma soeur et que je me demandais ce qu’elle avait pu devenir, dans les derniers jours de Gilnéas. Voilà des années que nos chemins ne s’était plus croisés, mais je me surprenais à regretter la franchise et l’assurance dont elle avait hérité quand je ne recevais que timidité et naïveté.
Puis le vide l’engloutissait elle aussi et je n’y pensais plus.
Il se creusait plus profond en moi, plus noir, et partout s’accompagnait de silence.

Le voyage était terriblement long, terriblement lent. Le navire dessinait les contours des vagues comme une série de côtes saillantes, à l’écume sifflante. Le soleil puis les étoiles et la lune guidaient les navigateurs, comme une carte toujours présente au-dessus d’eux. Qu’il était commode d’avoir ses astres à portée d’oeil, d’avoir un repère toujours visible et indéniable. Les kaldorei me parlaient d’Elune, mais je n’en trouvais aucun écho en moi. Moi qui n’était ni maudit, ni même prêtre, je n’avais aucune affinité envers leur déesse. Au fond, je ne le voulais pas vraiment.
C’était la Lumière qui me manquait, comme un parent perdu, comme le mal du foyer que l’on était forcé de quitter. Mais il ne m’en restait que le silence.
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Isaac Desair
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MessageSujet: Re: Lithurgie de l'hérésie   Lithurgie de l'hérésie EmptyVen 20 Mar - 22:53

v’

Il erre seul depuis l’arrivée des réfugiés. Ils sont bruyants; criards; bariolés; bestiaux. Quelques-uns, les maudits, flairent tout juste ma présence. Je vois leurs truffes frémir. Leurs oreilles battre l’air en quête du moindre son que pourraient produire mes larges coussinets. Aucune chance pour eux. Je suis un bien meilleur prédateur.

Ils trouvent refuge dans le grand chêne. Ils l’appellent le Chêne Hurlant. C’est un endroit déplaisant. Il y a toujours quelque chose à l’affût. Aucune proie à y trouver.
Il y a pourtant ce soir un nouveau groupe de réfugiés. Il y a quelques familles qui se sont retrouvées. Des enfants… sur lesquels on veille bien. Une femme à la chevelure corbeau dont le regard balaie brièvement mon pelage sombre, dans l’ombre.
Un pêcheur noueux qui baragouine.
Les odeurs sont presque toutes noyées sous l’étouffant parfum de la mer qui les imprègne tous jusqu’à l’os. Ils en auraient un goût de sel. De rance. De saumâtre.
Ils ont tous cette vigilance inquiète des dangers de tous les instants auxquels ils ont échappé, mais dont l’ombre les guette encore.

Douleur. Un coup de bâton dans les côtes; une consoeur m’a repérée. Ils n’aiment pas me savoir là, si près du Chêne. Ils n’aiment pas me savoir là tout court. Je m’éloigne en grognant. Je fais figure d’excentrique dérangé auprès du Cercle cénarien.

Là, un bruit. Un craquement d’herbe foulée. Un pas fébrile. Le revoilà.
Il a quelque chose de l’enfant perdu, égaré; abandonné. Sans les siens. Son regard a cherché dans la foule sans trouver. Il erre seul, sans direction précise. Brun, maigrichon. Oui, il va lui plaire.
Je suis là, tout près. Il le sait, il le sent. Sans en être sûr. Peut-être son imagination ?
La peur, les réminiscences des worgens qui dessinent des monstres dans les ombres, des mouvements furtifs dans le passage de la brise ?
Je laisse filtrer quelques craquements. Sur le qui-vive, il bondit; fait volte-face. Nerveux comme un chat effarouché. Sa main se tend vers le vide, comme si quelque chose devait en jaillir. Puis il se reprend, fronce les sourcils. Marmonne.

Il pivote; j’arrive par derrière.
Je mords.
Le goût du sang. Rouge.


«Qu’as-tu goûté là, Telhuvion ?»
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