Rétribution

Guilde RP sur Kirin Tor - World of Warcraft
 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  

 

 Maux doux

Aller en bas 
AuteurMessage
Isaac Desair
Ancien
Isaac Desair


Messages : 62
Date d'inscription : 06/01/2018

Maux doux      Empty
MessageSujet: Maux doux    Maux doux      EmptyDim 29 Mar - 18:11

«Au moins tu ne le fuiras peut-être pas, lui.»


Un murmure oublié, étouffé. Ce n’était plus le visage de Landen.

Fuyais-je ? A la Cathédrale les relations étaient circonscrites à des domaines bien définis, protocolaires, sans crainte de dériver vers des sujets difficiles ou de terrain glissants; des interactions, somme toute, réduite à ce que la vie cléricale imposait et demandait, ni plus, ni moins.
Et ça me convenait. Je n’avais jamais été un grand partisan des échanges et des longues conversations avec n’importe qui. L’isolement du noviciat, ma propre vie intérieure et les discussions qui se tenaient au sein de mon esprit me suffisaient. Parler m’était assommant, formuler des idées par les mots épuisant et fastidieux là où tout s’enchaînait en un éclair dans la solitude.

Parler, parler, parler. Erlin était un beau parleur. Éloquent. Des tournures chantantes et imagées, noyant le poisson sous d’obscures formulations.
Asrion était un beau parleur. Mais ses mots étaient limpides et francs. Parfois trop, parfois pas assez.

Et puis, et puis il y avait eu…

Une rose d’or; un lys d’argent.

La rose d’or fut la première à éclore. D’une finesse incomparable, délicate, les pétales ciselés de main de maître. Un éclat irrésistible, lumineux comme le soleil de l’été. Le coeur en bourgeon comme un oeil clos.
Précieuse, elle avait germé pour moi au milieu d’un massif de ronces sans fin. Une lueur dans les ténèbres, un espoir. Un phare au milieu de la tempête.
J’avais refermé mes mains sur elle sans me soucier des épines. A mon insu, mon insouciance, mon inconscience, elles avaient lacérés mes mains et ma chair, avaient ouvert des plaies suintaintes, répandu l’amer venin de la trahison. Une maladie lente, qui avait mis des années à se développer avant de se révéler au grand jour. La rose toujours si belle, mais désormais au goût du poison, du fiel, enfoui sous la radieuse magnificence d’un or si pur.

Un lys l’avait suivi, un lys d’argent. La fleur du poète. Si doux, si frêle, comme un pâle matin, le lever d’un soleil tiède sur l’océan. Une fleur si convoitée, si admirée par sa beauté fragile, que tous désiraient cueillir et la voir orner leurs salons, leurs boutonnières, leurs tombes.
Si rare, et précieux. Unique.
Il était si impensable qu’un tel trésor se retrouve entre mes mains que je ne pouvais autrement que choisir la lenteur, la prudence, la délicatesse. Ne pas l’écraser; ne pas l’étouffer. La laisser croître et vivre. Ne pas risquer, une nouvelle fois, de se couper aux pétales comme le métal le plus luisant.
Enivrant parfum mais combien de secrets cachés dans son ombre ? Combien de hantises l’habitaient dont je ne pouvais pas partager le poids ? La silhouette de fantômes devinés, les griffes vaporeuses qui s’insinuaient le long des feuilles.

Comme le jour et la nuit les deux se composaient de silences autant que d’échanges. Il y avait des mots, dans les marques laissées sur ma peau.
Rose d’or, lys d’argent, ronces et fantômes.
Oublier l’une, protéger l’autre, alors que l’oubli délicieux d’un venin oublié courait toujours...
Revenir en haut Aller en bas
 
Maux doux
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Rétribution :: Campement - RP :: Le feu de camp :: Histoires-
Sauter vers: