Rétribution

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 Conjurer le sort

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Imogen Ward
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Imogen Ward


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MessageSujet: Conjurer le sort   Conjurer le sort EmptyMer 8 Avr - 13:51

Le silence avait rempli toute la pièce. D’un silence lourd, pesant sur mes tympans et me donnant l’impression de flotter dans le vide, de ne plus appartenir à mon corps, et n’être faite que de pensées effritées. La pression de l’eau brûlante m’était agréable, si agréable que j’aurai pu y passer le reste de mon existence si je n’avais pas bientôt manqué d’air, ce qui me força à émerger de mon refuge aqueux.
D’un geste j’essorai ma chevelure, les yeux encore fermés, à demi bercée par la chaleur qui avait envahit tout mon être. J’ouvris les yeux en sentant l’eau ruisseler de mes cheveux jusque dans mon dos, et balayai ma chambre du regard. 

Je n’avais pas lésiné sur le confort, et aussi avais-je même décidé de m’offrir la chambre la plus riche que je pouvais me permettre d’obtenir avec ce qu’il me restait d’économies. Un grand lit et son matelas bien ferme avait accueillit mes sacs que je n’avais pas encore ouvert. Une petite table, où étaient disposés ces lourds ouvrages qui m’appartenaient à présent. Quelques fenêtres, qui, lorsqu’elles ne seraient plus embuées laisserait passer assez de la lumière du jour pour me réveiller tous les matins de cette semaine de permission. Enfin, cette baignoire, que j’avais tant enviée, depuis Vaillance, et depuis laquelle je ne voulais m’extirper sous aucun prétexte. J’avais tout mon temps. D’ici, on ne crierait pas au rassemblement. D’ici, on ne me demanderait pas de m’en aller, avec les autres, m’engouffrer dans un nid de mort, depuis lequel il n’était jamais sûr de pouvoir s’en extirper. Et à quel prix ? Au prix de pouvoir se payer une chambre avec baignoire au solitaire bleu, avec vue sur la tour des mages. Au prix de me payer l’illusion de laisser le reste de côté et de ne me soucier de rien d’autre que de mon bien pâle avenir.

Je décidai de m’extirper de ma source, l’eau ruisselant de mes épaules jusqu’aux chevilles et détrempant une partie du parquet, avant d’envelopper mes frêles épaules dans un drap propre. Je me dirigeai ensuite vers l’une des fenêtres, aux vitres troubles de l’humidité qui s’était accumulé dans toute la pièce, l’ouvris et m’installa a son rebord. L’air était frais et la brise qui apportait un air nouveau dans la pièce filtrait au travers de mes boucles détrempées. J’éprouvai un sentiment double à cet égard. L’air frais me transissais de froid, jusqu’à l’os, mais me vivifiait, et me faisait prendre conscience de l’instant présent, en me tirant de ma torpeur.

Je quittai la place qui donnait sur la tour des mages du regard, pour abandonner celui-ci près du rebord, et jeter mon dévolu sur quelques-uns de mes effets. Depuis que Landen m’avait rendu mon miroir, je n’avais pas osé le rouvrir, de peur d’y voir le visage déformé de la colère. De la haine, peut-être. Ainsi avais-je fini par songer qu’il suffirait de conjurer le sort, d’en finir avec ce procès invisible, de révoquer la sentence qui m’infligeait son triste reflet, par-dessus mon épaule, à chaque fois que je voyais le visage de la culpabilité face à moi. Mon visage sur lequel en surimpression se dessinait le sien. 

Et le destin m’avait finalement forcée à y repenser plus sérieusement. À prendre cette décision au risque de ma propre existence. Je n’avais plus rien. Envolés étaient les derniers effets que j’avais en possession et que j’avais cru bien gardés à Hurlevent. Lui aussi, s’était envolé avec tout ce qui me rattachait de près ou de loin à ces souvenirs. Je n’avais plus rien, mis à part son âme, et ce à quoi il avait tenu le plus. Bientôt, j’entrepris de dissimuler son pendentif sous l’étoffe, et de détourner le regard, pour m’offrir un peu de répit et en revenir à la fenêtre, dans un soupir.

J’observai chaque personne, chaque tenue. Et dans cette petite foule, j’espérais se dessiner la silhouette longiligne du seul être qui avait fini par compter pour moi. Il serait ce qui finira par me décider, il serait celui à qui je cesserai de mentir, sans détour. Si tant est que lui aussi ne soit pas un de ces fantômes qui finira par me hanter tout au long de ma pénible existence. 

Que pouvait-il bien faire en ce moment ? Il y avait tant de choses que j’ignorai à son propos, et bien que ma curiosité sans limites me poussait à le connaître sur le bout des doigts, cette même idée me pétrifiait. Un œil clos sur un visage. Combien y en avait-il d’autres entre les murs de cette cité ? Je souris amèrement, quand me revint à l’esprit l’idée de scruter le moindre signe apparent sur chaque individu peuplant cette cité, à la recherche de réponses, pour comprendre. Il fuyait. C’est ainsi que j’avais fini par le percevoir, lui reprochant ainsi tout ce que je n’étais pas moi-même en mesure de contrer, puisque moi aussi je l’avais fui. 

Un spectre, encore. Bien tangible, pourtant.
Une ombre mouvante que la Lumière avait oubliée sur son passage, une âme transie de froid et de peur. Une gemme aux multiples nuances, rare, unique même, oublié par tous ces aveugles qui avaient fini par passer à côté sans se soucier de son existence. Ce bijou qui avait trouvé grâce à mes yeux sans que je ne m'en sois aperçue, et dont tous les pouvoirs et les mystères m'échappaient encore.

Une raison, surtout, pour moi, de conjurer le sort. Et dans une situation comme dans l’autre, il faudrait faire ses adieux, a l’un de ces deux fantômes qui survivra à l’ordalie qui m’étais pourtant destinée.
Je restai là, à la fenêtre, bien une heure avant d’abandonner l’idée d’apercevoir son spectre, son ombre, sa silhouette, en vain. 

Deborah, idiote, tu n’as même pas songé a lui dire où tu logeais. Sais-tu au moins ce qu'il te reste à faire: trouver le seul oeil que tu n'as pas enfermé dans une boîte, et qui lui, n'a pas disparu dans le Vide. Espérons le.
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Imogen Ward
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MessageSujet: Re: Conjurer le sort   Conjurer le sort EmptyMer 16 Déc - 11:46

J’ai toujours baigné dans la magie. D’aussi loin que je m’en souvienne, en tout cas.
Pourtant, mes parents, mages tout deux, avaient fait de leur mieux pour m’écarter de tout cela. Si je voyageais avec eux pour les voir à l’œuvre, charriant avec nous une source intarissable de composants d’enchantements sans jamais quitter ma place d’observatrice passive, j’avais dès lors que je su lire, pris pour habitude de me cacher pour feuilleter les quelques grimoires qui n’étaient pas sous clé. 
La frustration de ne jamais pouvoir rien faire de mon savoir, de toutes ces découvertes emmagasinées dans mon esprit d’enfant, puis d’adolescente, m’avait rendue plus avide encore.
Je me demande à ce jour, finalement, si ce n’est pas leur prudence exacerbée qui me fit en arriver là où je suis maintenant. 
J’ai pillé, profané des tombeaux, pour le simple besoin d’en savoir toujours plus, de manipuler ces raretés que j’avais enfin à ma portée. Et ils n’en surent jamais rien. Jusqu’à ce que… Jusqu’à ce que l’une de mes expéditions ne me pousse un peu trop loin, en dehors des limites du raisonnable. Jusqu’à ce que le sang coulant dans mes veines ne me sauve in extremis d’une mort certaine, comme l’avaient connu les deux amis que j’ai perdu ce jour là.
Et je m’en suis mordue les doigts. Longtemps, inlassablement, à regretter le moindre de mes actes. A fuir, aussi, une fuite en avant que je ne considérais d’abord pas comme telle.


Et puis vint la Retribution. Armée de mon plus beau sourire, d’un optimisme que je m’efforçais a rendre le plus grand possible, j’évoluais au sein de cette compagnie sans me rendre compte que mes travers me rattraperaient bientôt, et ce, en dépit de l’œil bienveillant qui se mit à veiller sur moi jour après jour.
J’en suis là, à présent. Mon miroir, je l’ai abandonné, au profit de ces nombreux grimoires hérités de ces pertes et de ces désertions. Je ne prend plus la peine de contempler mon reflet que très peu de temps, car si je ne vois plus mes fantômes du passé au travers de l’argent poli, c’est cette infime lueur dans mon regard qui a pris le dessus. 
L’aigue-marine de mon regard a pris une teinte plus ténue, comme une flamme aux couleurs bien trop singulières tapie au fond de celui ci, prête à agir.
Ces grimoires font mon quotidien, ces runes, ces tracés d’invocations, eux, font brûler en moi une soif de connaissance qui grandit de jour en jour, et ce besoin constant de faire mes preuves me ronge, petit à petit. 
Et si je le réprime, si je me cache des regards parfois trop inquisiteurs de certains de mes pairs, je me tourne avec envie et une hâte certaine, vers de nouveaux horizons.


Je me souviens des derniers mots d’avertissements de mon père avant que nos chemins ne se séparent: ne jamais passer de pacte, avec quiconque, quoi que ce soit.

Trop tard. J’ai signé de mon sang, mais surtout de mon esprit. Et si je le croisait en ce jour, je lui dirait que tout est de sa faute. A trop protéger, on pousse au vice.


Je n'ai plus rien à conjurer. Tout à y gagner.
Un pacte, deux, une dizaine, peu importe. Je ne m'arrêterai plus.
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