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 Moitié d'Aube

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Ashryn Brisevent
Ancien
Ashryn Brisevent


Messages : 19
Date d'inscription : 28/02/2020

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MessageSujet: Moitié d'Aube   Moitié d'Aube EmptySam 18 Avr - 9:41

La petite histoire commence en l'an vingt-et-un. Enfin non, elle commence bien avant ça normalement, vers l'an quatorze quand je suis né.
Mais je me souviens pas de grand chose de cette période et c'est mon histoire, donc je décide et ça commence en l'an vingt-et-un.

Si vous avez deux ou trois notions d'Histoire, vous savez déjà que c'est pas la meilleure période pour commencer un récit quand on est un humain. Mais on raconte rien sur les périodes calmes, y a que les problèmes qui intéressent les gens. C'est presque la meilleure période pour commencer un de récit, au final.

Je sais pas exactement quel jour ou quel mois c'était. Je sais que c'était à Hurlevent et qu'il faisait froid. Il faisait toujours froid à l'époque. Sans doute car j'étais maigre comme un clou et que je bouffais rien, mais ça n'empêche. C'était un peu après midi et ça faisait quelques semaines que j'étais à l'orphelinat, près de la place de la Cathédrale.
On était nombreux, à l'époque. Bon avec toutes les guerres depuis quarante ans, l'endroit a rarement l'occasion de se vider, mais cette année là des gamins du Nord débarquaient tous les quatre matins. Des réfugiés, comme moi. Aucun comprenait vraiment ce qu'on faisait là, où étaient nos parents ni même où on était exactement au final.
Je faisais pas exception. On explique pas un un gosse de sept ans qu'un culte de nécromanciens a changé ses parents en zombies avec du grain et qu'il est à l'autre bout du continent à cause de ça. On lui explique pas grand chose, en fait.
C'est même tout juste si on lui parle.

Pourquoi ? Vous me direz. Hé beh parce qu'être un réfugié Lordaeronnais dans le Sud, c'était pas une sinécure, surtout au départ. Y avait une méfiance généralisée. Chose assez logique, quand on y pense une minute.
Imaginez vous lisez dans le journal que le plus puissant royaume du coin a été mit en pièces en six mois par des cultistes infiltrés dans la population. Sans parler d'une épidémie magique à laquelle, à l'époque, on comprenait pas encore grand chose. C'est pas vraiment le genre de nouvelles qui vous pousserait à faire des câlins aux étrangers débarqués en masse dans votre ville à peine reconstruite, si ? Bah voilà.
Quand on débarquait on était inspectés par des soldats, puis on était inspectés par un prêtre, puis on était inspectés par l'orphelinat. Techniquement après toutes ces inspections, on devait être traités normalement, car y avait plus de risques. Mais comme je disais plus haut, l'ambiance était pas vraiment à la confiance et la plupart des gens nous regardaient un peu comme des pestiférés. Des machins potentiellement maudits. Vu qu'on tirait presque tous la gueule, ça aidait pas.
Quand je suis arrivé j'étais famélique, je causais pas et j'avais un crâne marqué au fer rouge sur mon petit torse de gamin. Un souvenir de la paranoïa du Nord qui allait pas aider à calmer la paranoïa du Sud, mais j'y reviendrais une autre fois.
Je peux vous dire que j'ai fais sensation. Une vraie bête de foire. Mais le genre dont on a peur qu'elle vous refile la peste.

Ce jour là, donc, il faisait froid, comme tous les jours. J'étais dans mon coin à me tourner les pouces. On s'ennuyait pas mal, à l'époque. Après j'aidais pas vraiment : je voulais causer à personne, je voulais rien manger, je voulais rien faire. Même avec le recul j'ai encore du mal à dire exactement ce qui me passait à travers la tête à l'époque.
Je sais que ça m'arrivait de repenser au fléau. Ma mère, la mâchoire pendante, la peau verdâtre, les yeux vides, après que la peste l'ait transformée. Au fantassin qui lui avait ouvert le crâne à coup de glaive sous mon nez, avant de remarquer que j'étais là. Comment il avait hésité à me faire la même chose, avant que je me mette à chialer, qu'il réalise qu'un zombie qui pleure c'était pas normal et qu'il m'épargne.
Pas qu'il me sauve, hein. Qu'il mépargne. Juste qu'il se barre sans me buter en me laissant là. Avec le recul il avait l'air complètement perdu ce soldat. Difficile de le blâmer, tout le monde était perdu, à l'époque.
Bref.

Je pensais pas si souvent à ça. C'était des images éparpillées, mon cerveau devait pas encore vraiment intégrer ça comme des faits réels. Trop dur à digérer d'un coup. Je pensais juste à rien. J'avais l'impression d'être déjà mort, et qu'on avait juste trimbalé ma carcasse à travers l'océan pour la coller dans une pièce froide.

Et ce jour là, donc, un chevalier est entré dans l'orphelinat. Ça s'est vu tout de suite. Vous imaginez bien, un chevalier en armure argentée qui entre dans une pièce pleine à craquer de gamins, ça fait sensation. Celui là avait pour lui, en prime, d'être un haut-elfe et de porter un tabard de la Main-d'Argent. Il a été prit dans une tornade d'orphelins surexcités dans la seconde où il a passé la porte, mitraillé de questions.

- « Messire vous êtes un paladin ? » d'un coté. « Messire vous avez déjà tué un orc ? » de l'autre. Et une multitude de « Vous faites voir votre épée ? », « Vous pouvez nous montrer d'la lumière ? », « Vous avez déjà vu un mort-vivant ? », « Vous avez déjà vu une princesse ? » ou encore « Vous êtes vraiment un elfe ? »

Ça se voyait qu'il voulait bien faire, souriant doucement aux enfants et répondant à une question ou deux. Ça se voyait aussi qu'il était pas extrêmement à l'aise dans cette situation. Calme, mais débordé. Un adulte est rapidement arrivé pour disperser la foule et le libérer des questions.

Moi je m'étais pas approché. Comme j'ai dis, je voulais parler à personne, je restais dans mon coin comme quelques autres gamins du Nord qui devaient, eux aussi, trop en avoir vu quand ils étaient encore là-bas.
Au début il s'est approché et je l'ai un peu ignoré, il allait sans doute voir quelqu'un d'autre.
Puis il s'est arrêté juste devant moi et il a plus bougé. J'ai gardé les yeux rivés au sol, je voyais que ses bottes en métal blanc contre le tapis. Je devais me dire que si je regardais pas pendant suffisamment longtemps, il allait partir et me laisser.
J'ai cru que ça marchait, puis il m'a appelé. J'avais pas entendu mon prénom depuis plusieurs mois. Vu que je causais à personne je l'avais dit à personne. Donc personne me connaissait. On me servait du "gamin" ou du "petit" depuis un moment.
Alors quand j'ai entendu ce "Landen ?" dans la bouche de l'elfe, forcément j'ai levé les yeux.
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Ashryn Brisevent
Ancien
Ashryn Brisevent


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MessageSujet: Re: Moitié d'Aube   Moitié d'Aube EmptyMar 21 Avr - 18:43

Je n'étais jamais monté sur un cheval. Encore moins un destrier de ce genre, tout imbibé de lumière. J'avais moins froid, curieusement, calé devant ce chevalier qui me faisait traverser une forêt que je ne connaissais pas.
On avait à peine discuté. Ou plutôt il avait à peine parlé, puisque, je le rappelle, je n'ouvrais pas la bouche. J'ai presque eu envie pour lui, mais quand on a pas prononcé un mot depuis un moment, s'y remettre devient un effort compliqué. Il m'a expliqué qui il était, un certain "Syn'Thanir Gardeciel", chevalier de la main-d'argent, un haut-elfe. Apparemment il connaissait mes parents et il allait s'occuper de moi. "S'occuper" était un bien grand mot au départ, vous verrez, mais de toutes façons je n'avais pas spécialement le choix et je ne voyais aucune raison de me plaindre.

Puisqu'on refuse pas à un paladin l'adoption d'un gosse, surtout dans une période pareille, j'étais dehors avec lui dans l'heure suivante. Officiellement c'était devenu mon père. En pratique, ça l'a jamais été. Ou pas vraiment. Il m'a dit de l'appeler "Maître Gardeciel", et voilà. En pratique, vu que je parlais pas, j'ai juste hoché la tête.
Il m'a entraîné à travers la forêt. Elwynn, mais à l'époque j'en savais rien. Tous les villageois qu'on a croisé faisaient leur vie tranquillement. Des bûcherons, des fermiers, des gamins qui jouaient à la marelle devant une chapelle. Sur le coup ça m'avait presque un peu énervé, tous ces gens normaux avec une vie normale, comme si le monde était pas en train de s'écrouler sur lui-même là d'où je venais.

Après un moment de cavalcade on est arrivé dans une vallée avec, au milieu, une abbaye. Comté-du-Nord, mais ça non plus à l'époque je le savais pas.
Il a causé à un prêtre, apparemment il allait me laisser ici pour l'instant et je devais recevoir à peu près la même formation qu'un initié. A la différence qu'un maître-d'armes allait venir de la capitale plusieurs fois par semaine pour commencer à m’entraîner. Je pigeais rien du tout à aucune des implications de tout ça, de mon coté. J'observais l'immense bâtisse de pierre blanche, les vignes, la forêt luxuriante tout autour. C'était beau et ça me rappelait un brin la maison. Avec plus de soleil.
Je crois que je me suis mit à pleurer. Les souvenirs sont flous mais je me souviens que Syn'Thanir s'est excusé, puis m'a entraîné à l'écart. Pas dans l'abbaye, c'est pas vraiment le lieu pour parler, plutôt pour écouter en silence.

Il s'est agenouillé devant moi et j'ai eu l'occasion de détailler un peu son visage pour la première fois. Evidemment il était fin, c'était un elfe. Mais il avait quelque chose de sec, un peu similaire à un humain qui approcherait de la vieillesse. J'ai jamais vraiment vu d'elfe "vieux", au sens où ils prennent pas de rides, mais chez lui, ça se voyait qu'il commençait à tirer sur la corde. Ses cheveux, en particuliers, étaient gris. Pas argentés comme certains, un gris qui sentait l'âge.
Il m'a pas mal parlé ce jour là.

- « Tu vas rester ici pendant quelques temps. Les frères de l'abbaye vont s'occuper de toi. Pour ma part j'ai beaucoup à faire, mais je viendrais te voir lorsque ce sera possible. », sa voix était extrêmement posée, pas une syllabe au dessus de l'autre. J'ai senti qu'il attendait une réponse, je me suis contenté d'un hochement de tête et il a reprit. « Tu es chez toi ici Landen. Tes parents venaient de Hurlevent, ils t'ont nommé d'après un ancien Roi. Tu es né dans le Nord, mais la terre de tes ancêtres est ici. »

J'avoue que sur le coup, j'en avais pas grand chose à faire que mes ancêtres aient été ici avant. Ça avait l'air très important pour lui, cela dit, donc j'ai hoché la tête, encore.

-  « Suis les enseignements des frères de l'abbaye, et écoute bien le maître-d'arme qui viendra pour toi. Il a l'habitude d’entraîner des jeunes nobles à Hurlevent, il connaît son métier. »

J'allais apprendre à me battre ? Pour quoi faire ? Je ne comptais pas poser la question, aussi ce fut un hochement de tête de plus. Il vint alors attraper mes frêles épaules. Avant même qu'il ne prononce un mot, j'ai senti une vague de chaleur me parcourir de l'intérieur. C'était agréable mais aussi surprenant. Mais surtout agréable, pour la première fois depuis plusieurs mois, je n'avais plus froid.

- « Lorsque je reviendrais tu partiras avec moi. D'ici là, puisse la Lumière te guider. »

Il me fit l'honneur d'un bref sourire, avant de se relever. Je ne l'ai plus vu pendant six mois après ça.
Mais je n'étais pas impatient. La vie à l'abbaye fut bien plus agréable que ce que je n'aurai pensé. La nourriture était bonne, les gens patients, et surtout - surtout ! - personne ne se vexait que je ne parle pas. Au contraire, un enfant plus enclin à écouter qu'à poser des questions, cela semblait ravir la majorité des prêtres et prêtresses des environs.
L'entrainement martial commença également, mais plus douloureusement. Le maître-d'arme était un certain "Monsieur Jacob", un ancien soldat, vétéran de la seconde guerre. Il aimait raconter qu'il avait déjà serré la patte de Lothar en personne et avait combattu avec des gens comme Turalyon ou Uther.
Je n'ai jamais su si c'était vrai, probablement pas, mais je trouvais ça plutôt impressionnant quand même. Il fut un peu dépité de voir à quel point j'étais maigre, mais prit les choses en main assez sérieusement, me forçant à manger davantage, notamment.
Les séances d'entrainement en elles-même étaient un calvaire à l'époque. J'en sortais couvert de bleus, courbaturé et épuisé. J'en garde toutefois un souvenir agréable avec le recul. Ce n'est pas tout le monde qui a la chance de commencer à manier une arme à sept ans et demi. Surtout en étant né dans une bicoque moisie proche de Brill.

Cette période dura donc six mois. Après ça, celui qui n'était encore qu'un inconnu et allait devenir mon maître vint me chercher. Pendant les six ou sept années qui suivirent, il m'a entraîné derrière lui partout où il allait. S'il s'agissait de missions diplomatiques il en profitait pour passer du temps avec moi. Il m'enseignait l'histoire du monde, ce qui me permis notamment de savoir qui était Lothar, et renforça un brin ma conviction que Jacob devait raconter des salades. Il en profitait pour m’entraîner lui-même également, et tint à m'enseigner le thalassien, sans que je comprenne exactement pourquoi.
Lorsqu'il s'agissait d'affectations militaires je le voyais moins. Il me laissait dans une capitale ou une grande ville proche, avec quelques personnes pour s'occuper de moi.
J'ai passé des mois dans des lieux comme Forgefer, Darnassus, Theramore, voir même l'Exodar après qu'il se soit écrasé. A chaque fois j'avais le droit à un tuteur provisoire, un maître-d'arme local et une visite des environs.
Cette période de mon apprentissage fut de loin la plus agréable. Mon maître avait certes prit le temps de m'expliquer ce qu'était un paladin et quel allait être mon rôle plus tard, mais j'étais un gamin. Tout ce que je voyais, c'était un haut-elfe qui m’entraînait dans des endroits fantastiques pour rencontrer des gens qui m'apprenaient des choses et me donnaient à manger.

J'ai recommencé à parler environs un an après que tout ça ai commencé, en Dun Morogh. Mon maître se plaignait à un nain que je ne parlais pas, et ce dernier s'est exclamé quelque chose comme :

- « Ah ! Je connais qu'une méthode pour rendre un gaillard du genre un peu plus bavard, moi ! »

Une dizaine de secondes plus tard j'avais une pinte mousseuse devant moi. Le regard de mon maître fut particulièrement mémorable, mais il s'agissait d'un chef de clan, lui refuser ça aurait été peu diplomatique. Et je le soupçonne d'avoir été curieux, lui qui peinait à m'arracher un mot depuis plus d'un an.
Sa tête lorsque je me suis mit à bavarder avec le vieux nain dix minutes après, et ce pendant des heures, elle par contre, fut légendaire. J'ai vécu ça comme un espèce de libération. Evidemment, c'était moi-même qui m'empêchait de parler, mais parfois il suffit de relancer un peu la machine pour qu'elle remarche. Et j'en avais des choses à raconter.

Des années plus tard, j'avais environs treize ans. Je pense que personne aurait été capable de faire le lien entre le gamin famélique aphone et peureux à l'orphelinat et l'adolescent bavard correctement bâtit que j'étais devenu.
La Lumière commençait à me répondre, également, sans que j'ai besoin de l'assistance de mon maître. Cela paraît banal, mais vous n'avez pas idée de l'aide que cela peut procurer. Même lorsque Syn'thanir était absent, je n'étais jamais seul, puisqu'elle était toujours avec moi. La moindre frayeur, la moindre faiblesse pouvait être atténuée avec son aide.

Nous étions dans les Maleterres lorsque mon Maître a officiellement fait de moi son écuyer. La cérémonie a eu lieu dans la Chapelle de l'Espoir. J'étais fier comme un poux. Je n'étais plus juste son protégé, j'étais son apprenti. J'ai eu droit à une arme, un tabard de la main-d'argent, et tout le reste.
C'est à cette période que mes cauchemars ont cessé, ceux en lien avec le Fléau et la peste. J'étais une nouvelle personne et je me sentais prêt à tout ce qui pourrait venir après ça.

Bien évidemment j'avais tort. Trois mois après ça, la campagne en Norfendre contre le Roi-Liche commençait, et mon maître était appelé sous les drapeaux argentés pour participer à la guerre.
Et cette fois, il ne me laisserait pas dans une capitale proche. Cette fois j'allais être avec lui.
Loin du danger, dans l'idéal évidemment. Mais je vous assure que la notion de "loin" est très relative lorsque l'on se retrouve dans l'ombre du donjon d'Utgarde à treize ans.
Les cauchemars reprirent dès la première nuit.
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