Rumeurs de la compagnie

Le trou s’était vu, temporairement, aménagé de quoi travailler ; un bureau et une chaise ainsi avait trouvé leur place, rangés sur le côté, avec sur chaque des piles de dossier attendant d’être traités.
Et fait est que la prêtresse s’y attela à la lumière d’une bougie, au fond du trou avec Alieg.
Une journée.
Elle aurait une journée à y tirer, alors autant l’occuper autant que possible.
Bien des prières furent récitées tout son long, en l’honneur des trépassés, en l’honneur des vivants, en l’honneur de la Très Sainte Lumière.
Et puis il y avait les exercices d’étirement après les longues heures de travail acharnées derrière le bureau, et les études sur de compliqués ouvrages.
Non, définitivement… la prêtresse n’aurait pas vu cette journée passer, bien qu’elle eût un drôle de goût dans la bouche.
Le goût de l’injustice, le goût des laissé-pour-compte. Pour autant…
Pour autant elle savait où résidait la vérité, la justice, et… d’autres le savaient également.

Quelle ne fût pas la surprise du sorcier lorsqu'à l'une de ses sempiternelles pauses cigarette à l'avant du fort, il découvrit que la nature avait repris ses droits le long des barreaux de la geôle de la jeune médecin-chef de la compagnie.

Et plus encore lorsqu'il se rendit compte qu'un tas de viande encore vivant, une proie, s'agitait dans un filet végétal, piégé. Une proie qui il s'en doutait, ne pouvait être que Camille Chat. On ne peut définitivement pas être surpris à tous les coups.

Il s'en approchera, clope au bec, s'amusant finalement de la situation. Son regard alternant entre le pauvre idiot du village, les vertes tapisseries qui redécoraient la cage, et le petit oiseau de feu piégé de l'autre coté des barreaux.

Salvador restera présent quelques minutes, juste le temps de consumer son vice, au nez du pauvre Camille dont il ignorera les supplications. Et juste au centre du champ de vision de la sorcière, a qui il adressera une inclinaison du chef entendu, avant de repartir d'où il est venu. Regagnant la tour où il passait ses jours et ses nuits, loin du tumulte habituel du quotidien des mercenaires.

Comme tous les matins depuis deux mois maintenant, Rebecca participait activement aux entraînements malgré toute la douleur que ces derniers lui prodiguait et surtout, le temps qu’il lui faisaient perdre. Car non contente de se présenter à l’entraînement obligatoire, l’arcaniste restait pour le second et la séance de rattrapage qui suivait. Dire que les premiers jours avaient été rudes n’était qu’un doux euphémisme, la magicienne aux cheveux noir de jais ressortant essoufflée et presque à demi-morte, les joues rouges et ayant du mal pour tenir debout tout le reste de l’après-midi. Car si à son arrivée elle était en bonne forme, il était évidemment qu’elle ne pratiquait pas régulièrement d’activités physiques.

Maintenant, l’arbalétrière encaissait beaucoup mieux ce rythme-ci et s’en tirait sans problèmes, que ce soit sur le terrain d’entraînement ou en mission. La mage n’avait plus grand-chose de fluette et bien qu’elle aurait probablement pu manger un peu plus, il était évident qu’elle se portait bien mieux.

Comme pour fêter cet état de fait, l’enchanteresse avait décidé de faire usage de ses dons pour se renforcer davantage. Dans l’après-midi, elle avait étalé les derniers composants qui lui restaient sur son lit et mis à nu son bras gauche. Couvert de runes d’un bleu clair étincelant typique de l’arcane sur tout l’avant-bras – sans qu’ils débordent sur le coude ou le poignet – la magicienne l’étendit pour le préparer à la gravure. Le processus dura deux longues heures durant lesquelles les yeux de Rebecca brillaient par moment à mesure que l’arcane venait infuser le côté de son épaule, première rune d’une série qui finirait par recouvrir le reste de son bras entièrement.

La mage rangea ensuite tout son attirail et le substitua à une plume, un encrier ainsi qu’un parchemin et se mit à écrire.

Citation :

Durant une grande partie de la journée la salle commune du fort aura été interdite aux mercenaires et solidement gardée par des anciens de la compagnie. Les négociations entre les rebelles et le Concile s'y seront tenues sous l'égide de deux représentants de l'Alliance : le Chevalier-Lieutenant Ysaac Bale et la prêtresse Sienna McKellen. L'ancienne inquisitrice, désormais magistrice Tara Declann et un vieil homme aux cheveux blancs et au visage empreint de douceur seront arrivés à un bref intervalle au fort et repartis au bout de plusieurs heures. Difficile de dire ce qu'auront donné les débats mais le capitaine aura donné ordre peu de temps après de se préparer à un départ très prochain.

A peine le Brise-Voiles était-il à quai que le jeune médecin chercheur aura déposé sa lettre de démission, son uniforme, et tout ce qui était à rendre à l'intendance. Tout est en ordre, plié et organisé comme on pouvait s'y attendre du coincé, et il se sera éclipsé sans un mot de plus, à l'exception d'un courrier adressé à la tête de l'infirmerie léguant toutes ses affaires sous forme de cadeau pour les générations futures, le pactole s'élevant à : un collier de bravoure, un bracelet de régénération, un anneau de précision, cinq potions de soin et trois antidotes.

Libre à l'infirmerie et à l'intendance de s'occuper de son stock ! Lui n'avait d'yeux que pour son petit cabinet, bien loin de tous ces zouaves.

Colin et lui s'étaient donné trois jours à compter de l'entretien.
Trois jours également qui devaient chevaucher le tournoi dont il n'en sorti qu'un peu plus courbatu que la veille, ou bien même l'avant veille.

Et pour cause, le forgeron avait décidé de tout achever d'une traite, comme une façon de faire preuves de son efficacité, mais aussi de s'occuper l'esprit, et le concentrer sur l'essentiel.

Les bruits de marteau sur le métal, répétés, mais satisfaisants, avaient pour lui l'effet d'une bulle dans laquelle il n'entendait plus les voix des passants, parfois trop pesantes et oppressantes.

Au lendemain matin, jour du tournoi, il avait livré au navire l'armure complète, puis une arme, le tout retapé avec grand soin et fraichement repeint. Et tout cela, à la convenance de la prêtresse.

Le forge l'occupait bien volontiers.

Et ce matin, alors encore armé de ses outils, il s'en redonna à coeur joie toute une partie de la journée, au profit des passants curieux de voir sa silhouette un peu trop longue, frapper sur les forges du quartier nain.

Citation :

L’affrontement au large de l’île de la Renaissance contre Avaross avait causé des dommages conséquents au navire. Le bois de la coque semblait craquelé par endroits, tandis que le bastingage et le pont supérieur avait récolté toute la furie de la bête réanimée. Mais en plus des dégâts matériel, il semblait qu’un des trente membres d’équipage avait disparu pendant l’assaut. Ce n’est que plusieurs heures après la fin de l’affrontement et une fois la tension retombée que l’absence de Berstein Lakir fut remarquée, les seuls pistes quand à la cause étant quelques traces de sang et un morceaux d’étoffe à proximité d’un des sabords, à quelques mètres seulement de là où le serpent mythique avait mené sa première offensive.

Envoyé par-dessus bord à cause des nombreuses secousses, happé par le serpent, blessé par un des pirates morts-vivants ou même emporté par ces derniers. Nul ne saurait jamais ce qui était arrivé au pauvre marin du Brise-Voiles, porté disparu et présumé mort.

Toujours est-il que le navire subit une fois au port d'intenses réparations sur son quai et qu'on ne pris pas plus de temps à chercher le matelot disparu.

Une question que, peut-être, tous les mercenaires se posaient ces derniers jours : qu’est-ce que la prêtresse manigançait des marques noires ? Un recensement ? Rien de plus plausible. Et pourtant… ce n’était pas cela. Tout du moins… pas tout à fait !

Fait est que certains mercenaires sur le navire avaient pu la voir à l’œuvre, gravant des heures durant la monnaie de la compagnie à l’aide d’une plume bien particulière. Particulière car elle ne paraissait pas avoir besoin d’encre pour écrire ! Mais allez savoir…

Du reste, le mercredi soir, les marques noires furent réattribuées à leur propriétaire légitime – s’il répondait à l’appel, du moins – avec un nouveau nombre inscrit dessus et pas moins de cinq coupons nominatifs.
Les achats de consommables et de remèdes reprendraient la livraison de l’Enclave Lunaire arrivée, à savoir le jour du départ, vendredi prochain.

Précédé d'une grande bête ailée qu'il n'avait pas pris la peine d'attacher, le nain Dorim déambulait en ville. Les regards se posaient sur lui et sur la noble créature qui le suivait.. Plus sur elle que sur lui, certes.
L'attention des enfants étaient attirée par le lion ailé qui se baladait en ville et pour une fois si proche de la terre. Courant dans les rues, ils s'exclamaient : "C'est moi qui l'ai vu le premier !", ou encore "Moi je l'ai même touché !".

Le nain armuré progressait en ville, accompagné de sa bête loyale, à la recherche de quelques vivres. Il fallait bien la faire manger cette créature. Aussi noble et élégante qu'elle puisse paraitre, elle n'en restait pas moins un estomac sur pattes !

Et c'est chargé que Bras-de-Fer vint finalement rejoindre le navire de la Rétribution pour y déposer son animal : un griffon !
Il la présenta rapidement aux personnes qu'il croisait.
Elle s'appelait Trima, un grand griffon qui n'avait pas à s'inquiéter de la taille du nain pour pouvoir le porter sur son dos. La bête ne portait aucune armure, ni blason, que du poil allant des pattes arrières aux cuisses, et des plumes pour couvrir toute la partie avant. Des petites traces d'une peinture bleue se trouvaient sur les cuisses de l'animal, en forme de tête de flèche, un petit symbole qui se répétait plusieurs fois.

Une fois les présentations faites, Dorim alla retrouver Colin pour trouver un nid douillet à son compagnon, qui était assez exigeant, il faut le dire. Le griffon restait là, bien sage, non loin des sacs de nourriture que son chevaucheur lui avait préparé.
La plupart du temps, Trima se contentait d'ignorer les mercenaires, n'ayant d'yeux et d'oreilles que pour son maître. Cependant, il valait mieux éviter de s'approcher trop près d'elle ou de sa nourriture; visiblement elle n'aimait pas être dérangée.

C'étaient visiblement de belles retrouvailles pour le nain, qui passait parfois de longues heures près de Trima, "Sa Belle" comme il l'appelait parfois.

Spoiler:

Les jungles primordiales dans toute leur immensité s'étendaient autour de la compagnie de mercenaire. De tous cotés on ne voyait que les arbres gigantesques, à l'ombre d'une canopée si dense qu'il en était difficile de voir le ciel. Un vacarme permanent de piaillements, de grognements et de chants, mêlé aux craquements des branches, aux bruissements de l'herbe couché par les vents ardents du Sud.

Tout ici était ce que l'homme moyen pouvait qualifier d'exotique, tant la faune que la flore, ils baignaient dans un monde oublié de l'humanité depuis des éons. Qui sait même si l'humanité a pu connaitre à l'aube de sa naissance de telles contrées. Tout y est si grand, si démesuré, si riche, les mercenaires ne sont ici que des fourmis, des puces sur le dos d'un géant verdoyant, à l'environnement indomptable.

Et pourtant, alors que tout ce gigantisme aurait de quoi coller des vertiges aux plus grands aventuriers connus, le sorcier d'Alterac demeurait imperturbable. La chaleur écrasante ne semblait guère l'atteindre, ni ça, ni les moustiques, ni les autres parasites qui rampaient ou bourdonnaient autour de lui. A l'abris derrière un complexe carcan d'enchantement, il était intouchable.

Il évoluait dans ce nouveau contexte comme s'il l'avait déjà conquis, lui qui pourtant jusqu'alors n'en connaissait presque rien. Il était certes contemplatif à l'égard de ce monde qu'il découvrait en même temps que bien d'autres mercenaires, mais il ne faisait preuve ni de crainte, ni d'appréhension, ni du frisson de la découverte.

Pour autant, il se retrouvera régulièrement près du professeur Settler, ou encore de son second, Carlston Wills, prenant la température et essayant d'obtenir de vagues indices sur ce qui les attend exactement. Bien qu'à mesure qu'il découvrait les lieux, il commençait à s'en faire une idée de plus en plus précise.

Il veillait par ailleurs particulièrement sur le professeur, en gardant tout de même ses distances pour ne pas l'oppresser, mais jamais le rondouillard scientifique ne sortait du champ de vision du mage, sauf quand il était bien en sécurité dans le campement.

Le reste du temps, Salvador errait dans le camp à effectuer diverses tâches, vérifiant les enchantements appliqués aux caisses la veille, ou profitant de ses allers et venus pour échanger quelques mots complices avec la démoniste de la compagnie, des tournures plus philosophiques avec l'ex-médecin chef, ou des banalités autrement plus symboliques avec le commun des mercenaires.

Tout cela évidemment accompagné de cette acre odeur de tabac qui le caractérisait. Une clope était presque éternellement allumée à ses lèvres, quand ce n'est pas une lampée du nectar secret contenu dans sa flasque qui rendra de la couleur aux iris du sorcier.

Que ce soit sur les terres gelées du Norfendre, ou dans l'un des berceaux primordiaux d'Azéroth, Salvador était égal à lui-même, imperturbable, tout en enchantement, en expressions contenues, en vices assumées, et en secret.

L'installation d'Hilliard dans sa tente avait tout d'un art, d'un spectacle.
Les fracas de brics et de brocs avaient résonné dans le campement, dans le petit coin qu'il s'était alloué pour ne pas prendre trop de place, et surtout moins que nécessitait, selon lui, sa partenaire de tente, Mischa. Il prenait suffisamment de place à lui seul, et n'aimait encore moins s'étaler, au risque de laisser la seconde avoir tout le loisir d'investir la tente à sa guise.

Mais sa première nuit fut bien vite écourtée par l'incessante cacophonie de la jungle. Si il n'était pas effrayé pour autant, le forgeron en était bien vite incommodé, nerveux, à chercher le silence et le calme, en vain.

Alors, puisqu'il lui était impossible de dormir, et pour ne pas perturber le sommeil de Mischa, il s'éclipsa, une bonne partie de la nuit, trouvant refuge non loin du poste de garde sans que les averses épisodiques n'aient véritablement d'impact sur son humeur, déjà bien orageuse.

Ainsi il veilla, relayant au possible les autres, s'occupant comme il peut pour ne pas s'encombrer l'esprit de ces nuisances qu'il cherchait à fuir: le bruit, la nostalgie; la canopée et tout ce vert, à qui manquait quelques détails d'importance.

Il veilla jusqu'au beau milieu de la nuit, trouvant enfin le sommeil et le courage de regagner sa tente, pour s'offrir bien trop peu d'heures de repos avant que la chaleur de la matinée ne le rattrape.

Alors, comme pour entamer un rituel quotidien, il se chargea avec l'aide de sa colocataire, de trouver un endroit propice au nourrissage des saurides, devant leur tente.

Dès la première journée dans la jungle luxuriante de Zul'Dazar, Eglantine aura fait le tour des mercenaires pour proposer le puissant répulsif à insectes qu'elle avait confectionné des jours durant.

Elle en avait une caisse pleine, douze bouteilles d'huile de Moustache de Khadgar.

Pour les mercenaires qui accepteraient sa proposition, ils se retrouveraient avec une goutte d'huile sur chaque poignet et une dans le cou et... Miracle ! Les gros insectes suceurs de sang les auront aussitôt laissé tranquille jusqu'au lendemain. Un véritable soulagement pour certains mercenaires plus sensibles que d'autres. Et d'ailleurs, pour les plus poilus d'entre eux, ils auront la chance d'être protégés des tiques aussi.

Ensuite, il faudrait retourner voir chaque jour la petite guérisseuse pour avoir son insectifuge quotidien.

Le décalage ne pouvait pas être plus frappant entre la moiteur de la jungle luxuriante de Zuldazar et le froid et la neige de l'île de la Renaissance sur lesquels ils étaient encore établis quelques semaines auparavant. Au conifères, aux morts-vivants et aux rivages glacés se substituaient lianes, moustiques, dinosaures et arbres gigantesques masquant le ciel qui ne manquait pas pourtant de régulièrement faire tomber sa pluie tropicale sur la compagnie. Et pourtant, le changement drastique ne semblait que peu affecter l'arcaniste au final. Les runes tracées sur son bras et son armure enchantée semblait la garder de la plupart des maux de la forêt si hostile.

A peine arrivée aux ruines Rebecca s'était donc occupée de sécuriser ces dernières. Sur les quatre piliers principaux soutenant la structure la magicienne avait tracé ses runes de protection dont elle avait le secret, empêchant les nuisibles et les plus petites des créatures de s'approcher des vivres et des composants de la compagnie les plus sensibles, laissant la sécurisation même des dîtes caisses à son homologue Alteran. La protection cependant ne s'étendait qu'aux ruines et donc aux affaires du professeur Settler et ses Wills et Malcolm, mais les tentes elles étaient livrées à elles-mêmes.

Pas toutes cela dit, puisque peu de temps après en avoir terminé avec les ruines trolles l'enchanteresse s'était dirigé vers la tente du capitaine pour lui réserver un traitement similaire, avant de finalement s'approcher de la sienne non sans faire un crochet pour récupérer celle avec qui elle allait la partager. Outre un regard des plus suspicieux offert à la vice-championne de la compagnie dont les lèvres restaient ourlées d'un sourire narquois, Rebecca se contenta finalement de rouler des yeux avant de répéter une troisième fois le traçage de ses runes de protection sur sa tente, l'enchantant contre moustiques et pluies torrentielles principalement.

Et finalement, épuisée par cette première journée dans la jungle qui avait grandement drainé ses forces mystiques, l’arcaniste s’était assise en tailleur dans sa tente pour lire un épais lexique traitant du Zandali qu’elle avait déjà feuilleté maintes fois sur le navire pendant la traversée. À cela, Rebecca y ajouta la prise de notes des échanges du jour entre Carlston et Zel’kova afin d’affiner ses connaissances de la langue trolle, corrigeant même parfois l’ouvrage aux traductions un peu approximatives. D’autres notes se remplacèrent un peu plus tard à l’étude linguistique dont le traçage d’un schéma de marteau et de quelques runes, certaines marquées de points d’interrogations et d’autres de croix pour les barrer.

Le lendemain enfin, après l’entraînement matinal et ses obligations de ronde et de garde autour du camp Rebecca avait profité de son temps libre pour travailler sur une commande personnelle, infusant d’enchantements deux uniformes. Tâche qui lui aura pris pratiquement tout son temps libre du jour.

Colin soupire.

La chaleur excessive la rend mollassonne, susceptible. A son bureau... Enfin, à l’espace bricolé avec une planche de bois et deux caisses, elle rêve d’un ventilateur, d’air frais sur son visage. L’éventail, agité avec toute l’énergie dont son bras est capable, déplace un vent lourd, suffocant.
Elle le ferme dans un claquement agacé et maugrée, une main à son front, et la tête renversée en arrière. La tentation se fait grande de vider une gourde sur ses cheveux, son cou, sa nuque. Mais l’eau est tiède, ne rafraîchit pas la gorge, et est trop précieuse pour être gaspillée.
Alors Colin râle, soupire, s’évente, cherche la fraîcheur partout où elle saurait la trouver ; les ombres – pour une fois – deviennent de proches amies, tandis que les manches de la robe se retroussent haut, et que le décolleté s’ouvre davantage sans craindre les piqûres de moustique. Car comme beaucoup, la prêtresse se fie à l’huile extraite par Eglantine pour les éviter et s’en frictionne vigoureusement les carrés de peau exposés ; bras, cou, visage, mais aussi jambes et cuisses, puisque l’habituel pantalon renforcé a cédé sa place à un jupon bien plus léger et agréable – notamment dans de telles conditions.  

Aussi, si sa situation n’est pas la pire, loin de là même, à voir – et surtout sentir – les porteurs d’armures lourdes, la jeune femme subit toutefois plus que d’autre le climat tropical et sa météo incertaine.

Du reste, et tout compte fait, elle se félicitait d’avoir emporté dans leurs bagages du parfum, dont elle ne lésinait pas sur les pressions.

Citation :

Les mercenaires prenaient tous leurs marques dans le camp. Il ne leur avait pas fallu beaucoup de temps pour s'organiser et créer un véritable pied à terre dans cette jungle hostile. S'ils s'étaient déjà habitués aux averses passagère, à la moiteur, à la chaleur et aux moustiques, il restait un élément imprévisible dans le camp.

Les dinosaures étaient chez eux et la présence des mercenaires n'allait rien changer à cela. Les ankylodons continuaient leurs vies autour du camp, broutant herbes et fruits sans faire cas de la compagnie. Parfois un de ces géants placides s'approchait du camp pour faire sa vie. Certains mercenaires comme Druss auront déjà pris habitude de ces gentils sauriens. Au loin les vigies pourront observer la vie de ces créatures, voyant parfois passer l'alpha du troupeau, un ankylodon au moins aussi gros qu'un char à vapeur !

Le professeur Settler semblait dans son élément, il était déjà en train d'étudier la faune et la flore entourant le camp. N'hésitant pas une seconde à approcher les Ankylodon pour les voir de près et prendre de nombreuses notes à leurs sujets. Il pouvait parfois rester plusieurs heure à observer, carnet à la main.

John Malcolm avait un intérêt tout particulier pour les ruines sur lesquelles le camp avait été dressé. Il aura passer les premier jour à examiner chaque pierres, essayant de déterminé la date à laquelle cette bâtisse a été construite. Il aura un intérêt tout particulier pour la cave qui est selon lui en trop bon état vis à vis des lieux. Le reste du temps il sympathisera avec les mercenaires qui le souhaitent, parlant de théories sur la vie, la mort, sur le rôle des races humanoïdes sur Azeroth et surtout sur le lien unique qui lie les dinosaures aux Zandalaris, un mystère qu'il souhaiterait percer pour ses recherches.

Mr.Wills aura passé pas mal de temps avec ses hommes, leurs assignant des taches et des tours de gardes pour soutenir les mercenaires. Parfois on aura pu l'apercevoir avec le professeur Settler en train de parler autour d'une carte de leurs prochains mouvements dans la région.

Pour finir, les mercenaires auront remarqué un événement.

Les saurides, ces teigneux petits rats des jungles auront tenter d'attaquer les caisses et les réserves de la compagnie. Fort heureusement les humains avaient été plus malins, impossible pour les saurides d'endommager le matériel, toutes les réserves étaient protégées par des enchantements.
Les petits sauriens comprirent vite cela, au bout de quelques heures plus aucun d'entre eux n'approcherait des réserves de la compagnie.
Les saurides évitaient également la zone du griffon. Le puissant animal avait assis sa domination sur les petits dinos et aucun d'entre eux n'approchaient la bête.
Le reste du camp n'était pas épargné par ces petites créatures, ont pouvait les voir courir partout dans le camp à tout heure de la journée. Produisant leurs petits bruits caractéristiques, tels des vermines, ces petits rats n'hésitaient pas à asticoter les mercenaires. Mordillant les bottes, attaquant le tissu des tentes, etc...
Parfois les saurides se regroupaient, arrêtant de bouger et observant certains mercenaires en particuliers de leurs yeux ronds, comme s'ils préparaient quelques choses.

Le plus inquiétant là-dedans c'est qu'ils étaient de plus en plus nombreux, la population de saurides avait bien doublé en l'espace de quelques jours.

Fidèle à elle-même, et a cet enthousiasme qu'on lui connait si bien, Céleste aura abordé les deux premiers jours au campement avec le plus grand sérieux, participant à toutes les activités et entraînements malgré la chaleur étouffante et les pluies régulières. Cependant, elle semblait avoir acquis une aide bien précieuse en ces temps difficiles, sa robe ne prenant jamais la pluie et le reste de ses vêtements dégageant une bien agréable fraicheur.

Forte de ces enchantements, en plus de l'huile salvatrice d'Eglantine, elle aura passé le reste de sa matinée à méditer non loin des sentinelles postées en face de la vallée, et sa journée à apporter son aide là où elle était nécessaire, passant régulièrement voir cette pauvre Colin à qui elle conseillera le même traitement dont profitait son uniforme. Zuldazar dans ces impressionnantes grandeurs ne lui rappelait que trop bien Féralas et tous les malheurs qu'elle pouvait y associer, mais sa détermination ne faillirait pas pour si peu, choisissant de traiter la jungle comme n'importe quelle autre campagne.

Elle avait un rôle à remplir, et ce n'est pas quelques dinosaures qui allaient l'en empêcher !