Rétribution

Guilde RP sur Kirin Tor - World of Warcraft
 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -21%
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, ...
Voir le deal
39.59 €

 

 Le bal des Ombres

Aller en bas 
AuteurMessage
Margit Tonnepoing
Ancien
Margit Tonnepoing


Messages : 151
Date d'inscription : 18/11/2016
Age : 37

Le bal des Ombres Empty
MessageSujet: Le bal des Ombres   Le bal des Ombres EmptyJeu 2 Avr - 20:40

"Faites le entrer. La cérémonie peut commencer."

Lorsque j'entends sa voix résonnant depuis la nef, je ne peux que difficilement contenir ma joie, qui peine à se frayer un chemin dans l’enchevêtrement de peur qui noue tout mon corps. Mes muscles, mes os. Mon cœur. Mon âme.

J'ai attendu ce moment depuis si longtemps. Je l'ai redouté, aussi. Oui, je l'ai redouté en voyant tout ces autres trébucher, tomber, et ne jamais se relever. Tout ces faux pas, toutes ces erreurs que je me suis juré de ne jamais reproduire.
Depuis tout ce temps je l'observais, et je les observais se succéder un à un jusqu'à ce que mon tour ne vienne. Je les avais observés, caché, perché depuis les hauteurs du clocher ouvert qui donnait directement vue sur l'autel caché dans la pénombre, pauvres petits rongeurs pris aux pièges par leur propre médiocrité. Pauvres petits disciples cédant sous le poids d'un pouvoir qui leur était trop grand. Il y a toujours eu quelque chose de délectable dans la façon de les voir échouer.
Mais, moi, je le sais, et je le jure sur la tête de ma propre sœur, je serai celui qu'elle avait attendu. Son disciple, son protecteur, sa voix qu'elle ne portera plus un jour. Et j'embrasserai ses paroles, son pouvoir. Je serai son véhicule, son outil.

Je me suis toujours senti en sécurité ici, à l'observer, elle. A écouter ses préceptes sacrilèges pour qui se refusait à entendre la vérité. Hier encore je me régalais de voir ses doigts aussi fins que des aiguilles tisser des fils de nuit, éphémères, et jeter la pénombre sur tout ce qui m'éblouissait.

Éteindre la Lumière.
Tuer la Lumière.

Un dernier frisson me parcourt l'échine, et me voilà devant les grandes portes de l'Eglise. Mon cœur, lui, bat si fort que je ne serai pas étonné de le voir s'arrêter d'un moment à l'autre, mais je tiens bon, car je n'ai jamais été aussi proche de mon but.
On m'ouvre les portes et je sourit, de tout mon être. Je sourit pour ne pas lui montrer ma peur, mais bien au contraire la force dont j'ai toujours su faire preuve. Ma voix se noue, toutefois, lorsque je prononce son nom en ployant un genou à terre, puis l'autre, me prosternant en position de prière.

"Soeur Astrid."

Je ferme les yeux. Elle ne me répond pas. Je ne la vois pas non plus, entièrement plongé dans la pénombre. Était-ce la dernière fois que je verrais sa silhouette altière et ses cheveux rayonnants comme un millier de soleil?
Le silence m'entoure. Puis je n'entends plus que l'écho de ses pas résonner dans toute l'Eglise, vide de fioriture, s'éloignant à mesure que s’égrènent les secondes. Des heures peut être, la notion du temps m'est inconnue à présent mais cela m'est bien égal.
Bientôt, j'entends sa voix, sa douce voix réchauffer mon âme, ma peau, et pourtant, un millier d'aiguilles intangibles viennent s'y planter à chaque syllabe. La douleur est atroce, insurmontable.
Je me sens partir, et une vague lueur mourante m'appelle mais je ne la suis pas, non. Je ne la suivrais plus jamais.
Sa voix. Se concentrer sur sa voix...

"Il n'y a point de Lumière sans Ombres."

Je suis prêt.
Revenir en haut Aller en bas
Margit Tonnepoing
Ancien
Margit Tonnepoing


Messages : 151
Date d'inscription : 18/11/2016
Age : 37

Le bal des Ombres Empty
MessageSujet: Re: Le bal des Ombres   Le bal des Ombres EmptyVen 22 Mai - 2:50

L’équilibre.
Tout est question d’équilibre. 

Dans l’intonation de sa voix, d’abord : ni trop sévère, ni trop douce. D’une justesse suave, enivrante. Qui force quiconque, même le plus réticent, à lui prêter une oreille attentive lors de ses prêches.
Dans son port, altier et fier. Digne, sans artifice. Elle respire la pureté en tout point : quelle que soit sa parure. 
Dans sa démarche, incomparable. De son pas assuré et léger, au rythme d’une mélodie silencieuse qui frappe mon esprit. Une véritable ballerine dansant entre Ombres et Lumière. En toute confiance, souriant au jour dont elle est l’épouse infidèle, et embrassant la nuit de ses longues étreintes.

Je ne compte plus les nuits passées à l’admirer à son œuvre, ni ne compte plus le nombre de fois où elle a su me déloger de la pénombre pour m’inviter à reproduire ses pas. 
Je sais déjà que ce soir, comme tous les autres, son regard va finir par se porter derrière cette alcôve qui m’offre l’abri dont je cherchais, sans chercher à me voir. Elle n’en a pas besoin, elle sait que je suis là.
D’ailleurs...

“La guerre est un bal. Rythmée par le temps et ses acteurs.” 

Encore et toujours cette même phrase qui glisse entre ses lèvres closes, comme un murmure dont je suis seul capable d’entendre.
Elle s’approche en me tendant sa main, ses longs doigts effilés m’invitant à s’en saisir. Elle a ce je ne sais quoi d’irréel, d’envoutant, éclairée ainsi par l’aura lunaire qui baigne toute l’eglise, pâlissant sa peau et blanchissant sa chevelure d’or, et dont les ombres en contraste renforcent la définition de sa silhouette.
Comme à chaque fois, elle parvient à me convaincre de ce simple geste, et je lui saisis la main, électrisé au contact de l’ombre qu’elle diffuse pour me nourrir, m’absoudre d’avoir voulu lui résister, peut-être. 
J’entends monter au creux de mon oreille la mélopée qui rythmera nos pas, que je sais d’ores et déjà être les derniers, puisqu’en superposition à celle-ci, sa voix murmure, dans ce langage châtié qui sonne si doux à mes oreilles.

“Il est temps d’y mettre fin.”

C’est mon corps qui se raidit d’abord à ses propos acérés qui viennent me faire manquer mon premier pas. Si je m’y attendais, j’aurais aimé retarder ce moment une fois encore.
 
Alors que je la guide au rythme qu’elle inflige à mon esprit, glissant tant dans les ombres qu’au travers des rayons éblouissants des deux lunes, mon regard se porte sur l’ensemble du bâtiment, vide. Il n’y aura pas de témoins, ce soir. Aussi ai-je tout mon temps de me nourrir de la dernière étreinte de ma Dame.
Je m'enivre enfin de sa présence. De l’odeur de sa chevelure que je frôle en la faisant tournoyer ; lotus noir, aciérite. 
Mes mains épousent ses formes et mes doigts se referment dans une étreinte ferme au creux de ses reins.
Plus rien n’a plus d'importance que ces dernières secondes que je m’offre, ralentissant mes pas à mesure que le rythme, lui aussi, s’alanguit.

Nos regards se croisent alors, tandis que le silence retombe. Mon esprit semble être vidé. Mes mains tremblent, les siennes s’en détachent et m’étreignent une dernière fois.
C’est une multitude de sentiments qui m’envahissent alors quand je sens ses doigts se refermer sur ma nuque. Elle s’en délecte, s’en nourrit, et ses ombres se mêlent aux miennes, avides, affamées.
Je me sens partir, encore une fois; mes doigts se referment avec mal sur une des dagues à ma ceinture. Si je n'en finis pas, j'échouerai. Et décevrai.

Aucune lueur mourante pour m’éblouir, cette fois. Il n’y a que les ténèbres, partout, et cela me convient. Une dernière étreinte, à mon tour. Je referme mes bras sur son corps et m’entends lui implorer pardon pour ce que je m’apprête à faire, avant qu’elle ne m’emporte la première.

“Pardonnez moi, Astrid.”  Lui dis-je, dans un murmure qui peine à sortir de ma mâchoire serrée. “Je ne vous décevrai pas.”

Je n’ai pas le temps de finir ma phrase que je sens une vague écarlate m’arroser le visage avec stupeur, quand la gorge de celle que je retiens se fait ouvrir d’un geste vif, précis. Sans hésitation aucune.
Puis dans le même instant, une chaleur humide irradier contre ma poitrine, qui elle, se fait frapper de la pointe d'une lame, cognant contre mon sternum.

L’équilibre.
Je perds l’équilibre, sonné par la douleur et la surprise, et tombe sur le dos. 

Le poids de ma cavalière pourtant légère se fait plus lourd et m’accompagne dans la chute.
Mon crâne frappe le sol, et mes yeux s’ouvrent, hagards, sur une ombre que je ne connais que trop bien, et qui s’éloigne déjà, après avoir nettoyé ses armes, d’un pas lent et assuré.


“Voilà qui est terminé.” 

Seule sa voix, étouffée par ses pas, m’accompagne alors que je gîs au sol, dans la stupeur, l'effroi, et l'incompréhension. Le lien s'arrache, lorsque la dernière goutte de son sang quitte son écrin pour se mêler au mien.
L'étincelle de vie quitte son corps.
Ses ombres sont à présent miennes sans pouvoir en être honoré.
Revenir en haut Aller en bas
 
Le bal des Ombres
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Rapport du 10/02/37 : Sécurisation des hauteurs, mort de Veille-ombres.

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Rétribution :: Campement - RP :: Le feu de camp :: Histoires-
Sauter vers: