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 On est toujours mieux chez soi

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Arelos
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Arelos


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MessageSujet: On est toujours mieux chez soi   On est toujours mieux chez soi EmptySam 22 Avr - 21:07

L'oncle Tom


Quinze ans. Quinze longues années s'étaient écoulées depuis qu'il avait fui le front – du moins qu'il avait su sauver sa peau, aux prises qu'il était avec la vague mortifère du Fléau ; « Je ne vous retiendrai pas » qu'avait dit le Capitaine, pourquoi devrait-il s'en vouloir ? Sa vie seule n'aurait sans doute rien changé. Et puis tout le monde s'en fiche.

Beaucoup de choses s'étaient écoulées entre temps ; un bref retour en son lieu de naissance, une contrée des hautes terres de Lordaeron envahie par les morts-vivants décérébrés, puis une quête d'ailleurs motivée par ce besoin viscéral de compenser la perte des cœurs. Car il fallait se rendre à l'évidence ; Thas'alah, arbre mère des chants éternels, et le Puits n'étaient plus en cette heure. Même les elfes isolés en souffraient, se figurant qu'on leur avait arraché une part d'eux-mêmes. Heureusement l'un avait été restauré depuis, mais la scission raciale rendait difficiles les pèlerinages.
Chemin faisant, il avait fait la rencontre de nombreuses gens : un maître barde un peu illuminé, un druide bougon au regard d'acier, même un nain acariâtre et une prêtresse aux mœurs discutables. Tous avaient contribué à façonner celui qu'il était aujourd'hui, comme l'art avait sauvé son âme de bien des violences.

Enfin, quinze ans et il retrouvait Cap tempête, ce petit bourg qui l'avait vu grandir, ayant appris d'un ami hurleventois que le Comté de l'orage avait été repeuplé, de quelque manière que ce soit. Ébranle par la nouvelle, il avait emprunté le premier bateau, guidé par l'instinct de ceux qui retournent toujours aux sources ; indéniablement, les siens lui manquaient.
A dire vrai, le village en lui-même n'avait pas changé, mais accueillait désormais des représentants de toutes les peuplades humaines. Après tout, la région constituait l'une des rares colonies libérées des froides chaînes de la non-mort, attractive en ce qu'elle était le reliquat d'un Royaume sans couronne. Même la petite chaumière de l'oncle Tom n'avait pas bougé, penchée sur la falaise avec cet air plaintif et silencieux des monuments échoués – et c'est amusant d'imaginer une maison émotive.
Taegian avait attaché ses blonds cheveux en catogan et progressait à pas de loup sous le gris du ciel – excité mais aussi inquiet de l'état du village, autrefois si animé. Les gens discutaient à voix basse, se jetaient des regards indiscrets en pleine rue et semblaient tous craindre la venue d'étrangers ou étrangetés. Empressé par l'atmosphère pesante, et la pluie qui n'allait pas tarder à le suivre, l'elfe frappa à la porte de son second foyer.

Les Sebald étaient des amis de longue date, et Taegian avait fini par apprécier leur compagnie, puisque ses propres parents quittaient régulièrement le domicile, le confiant à eux dès lors qu'ils devaient répondre à l'appel des armes ; bien qu'ils eussent pris l'habitude de se relayer pour assurer son éducation. De fait, l'oncle Tom et tante Simone l'avaient souvent gardé, tant qu'il n'était pas en mesure de se débrouiller seul. Aussi, leur fils Yvan avait grandi à ses côtés, et tous deux s'étaient vite liés d'amitié, au point d'être souvent pris pour des frères malgré l'écart physique évident ; il côtoyait aussi sa sœur Esther, quoique celle-ci fût plus distance eu égard à ses longues oreilles, du moins le pensait-on.

L'attente cependant fut de coute durée, et sans doute n'eut-il pas le temps de songer à toutes ces choses ; un enfant avait ouvert la porte, petit, de gros yeux, et les cheveux bruns qu'avait son grand-père avant qu'ils ne virent au gris.
« Vous êtes qui ? On n'héberge pas les voyageurs. S'écria-t-il avec la froideur d'un vétéran de la Deuxième.
- Je suis bien chez les Sebald ? Et je ne suis pas un voyageur, j'ai même vécu ici. »
Il acquiesça et une voix caverneuse tonna depuis le fond du couloir, sans doute le boudoir où l'oncle Tom se reposait tantôt, il y pensa en reconnaissant son timbre graveleux, jamais cynique ou moqueur. Ils avaient donc survécu ! Et fait d'autres enfants, c'était inespéré.

Taegian suivit donc le garçon, un certain Jud, trop acerbe et distant pour quelqu'un de son âge – il lui devinait une petite douzaine d'années. Du petit salon qu'il avait connu, il ne restait qu'un fauteuil de cuir bombé et une table ronde sans nappe. Tom l'attendait donc, assis sur un lit que l'elfe voyait pour la première fois, la barbe drue et grisonnante comme ses cheveux gras, ses yeux éteints. Il portait une sorte de chemise de nuit (alors que les gens travaillaient à l'extérieur) blanc cassé et n'avait pas l'air plus réjoui que cela de revoir le jeune forestier.
« Ha Tom, j'aurais dû donner des nouvelles plus tôt, je sais. Mais il y avait tant à faire, tant à découvrir. Enfin je reviens auprès des miens, après un long voyage – vous m'avez tellement manqué !
- Vraiment ? Ponctua-t-il sans conviction.
La situation devenait assez gênante. L'homme d'âge mûr agita un bras musculeux et l'enfant quitta la salle.
- Bien-sûr, vous êtes et serez toujours comme une deuxième famille pour moi. »
Taegian repéra la cheminée, noire, pas nettoyée depuis des lustres ! Tom ne devait plus trop se lever, la vieillesse avait-elle finit par l'atteindre ? Lui qui refusait toujours l'aide de son fils, devenu ébéniste, pour les travaux manuels. D'ailleurs il n'était pas tellement ridé, peut-être même moins qu'avant. Et son fils, s'il était bien quelqu'un que le forestier voulait revoir !

« Au fait, je ne vois pas Yvan – il est sûrement dehors ? Les gens ont beaucoup changé par ici ; tu sais qu'il est plus qu'un frère. »
Il retint son souffle, et les murs au papier arraché même frémirent – le malaise s'était définitivement installé cependant qu'il sembla, aux yeux et oreilles de Taegian que quelque chose chez Tom avait changé. Quelque chose d'autre que son visage, ses traits creusés, cette cicatrice au front qui avait mystérieusement disparu au profit d'autres ; les battements de son cœur – ce rythme là, il ne le connaissait que trop bien. Toujours, il en rêvait, comme d'un soir de printemps auréolé d'amour.

« Il est devant toi.
Quinze années s'étaient écoulées ; quinze longues années pour l'homme, fugaces pour l'elfe.
- Yvan.. »
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