Rumeurs de la compagnie

Ces dernières semaines n'avaient pas été propices à une intégration réussie. Volontiers solitaire, voir morose, la furtive s'était délibérément isolée, plongée continuellement dans une réflexion qui ne concernait qu'elle.

Aussi, un petit matin, la lettre fut donnée et le paquetage fait.

Et Tiya Togo, sans se glisser dans les ombres, fit le choix de quitter la compagnie.

Tôt dans la journée la compagnie se sera mis en route vers le sud du poste de Troc-écaille. Encapuchonné et emmitouflé dans des capes épaisses. Les mercenaires auront suivi l’ancien Sukoh pour rejoindre un étrange passage dérobé menant à d’antiques couloirs troll. Ils y auront aperçue d’étrange douve d’eau aussi claire que le cristal, au pied de murs serties de pierreries et d’or à l’effigie des milliers de figures antiques qui ont battit cette ville.
Car pour ceux qui n’étaient pas mis au courant le vieux Tortollan emmena les mercenaires à la cité d’or elle-même.

Foulant du pied le port de Dazar’Alor tout recul suspect aurait pu mettre en danger la totalité de la compagnie. Les mercenaires traversèrent le quartier tortollan en silence et la tête basse sous le regard méfiant de garde zandalari qui ne bronchèrent pas, comprenant que Sukoh ne vous faisaient que faire un détour dans ce quartier « neutre » pour rejoindre la plage.

A cette plage des pirogues attendait les braves, conduits par des tortollans et trolls peu scrupuleux. A l’ombre des navires de guerre de la flotte Rastari qui mouillait là,  les humains et autre races alliés de la compagnie traversèrent sans trop se faire remarquer, les officiers n’hésitant pas à faire bâillonner les ou le plus stupide d’entre ces mercenaires aguerrit.
Après des minutes qui parurent des heures tant la pression de se faire prendre était grande, la rétribution et sa caravane parvint à atteindre l’opposé ouest de Zuldazar, l’antique squelette de Xibala.

L’une des plus grandes créatures à avoir jamais foulé cette île. La plaine qui entoure la ruine de la créature était habitée par un troupeau de farouche navrecorne. La caravane s’arrêta donc proche de la jungle, à flanc de montagne mais il allait vite falloir cartographier les lieux car la grande chasse était loin d’être terminée.

Installé et dans un confort relatif chacun sera partit vaqué à ses occupations.

-Le professeur bien que sensé être au repos, n’aura cessé de tenter de sortir de sa tente pour aller zieuter les merveilles que le jour lui permettait encore de voir. Calston Wills dû faire la concession de laisser Harambe le singe savant venir partager le repas avec Settler, la discussion fut assommante pour beaucoup entre les deux intellectuel mais au moins l’on avait plus à craindre pour la sécurité du vieillard. Ce dernier se montrait d’ailleurs très reconnaissant auprès des mercenaires.

-John Malcolm lui restait dans son coin et ne se relevait que pour aller partager les repas avec les hommes de Wills. Ces derniers commençant également à faire bande à part, malgré les tentatives de ce brave Calston pour remobiliser tout le monde.

-Moki-Moki dans sa cuisine improvisée se sera agité tel un savant fou pour préparer le repas. Mais il aura laissé entendre qu’il comptait préparer un immense bouillon de Navrecorne et qu’il était prêt à offrir une récompense titanesque pour ceux qui l’y aideront.

-Concernant le saurok, plus aucune trace de lui depuis Troc-écaille. Il se dit dans le camp qu’il est partit chassé le diablosaure mais visiblement, son groupe ne s’inquiète pas beaucoup. Il y a de quoi pourtant.

-Finalement c’est à la nuit tombé que les premiers signes de danger se seront fait sentir, des yeux luminescents vous observant par centaines depuis les ruines et par milliers depuis l’immense jungle. Aucune attaque n’était à déplorer mais les lieux n’était clairement pas sur.

Citation :

Plus tard, au milieu de la nuit, l'intégralité de la compagnie parvient aux portes de la cité d'or. Guidés par la troupe envoyée par l'adjudant, ils avaient cheminés dans la jungle, chargé de matériel, à l'affût des nombreux dangers que recelaient Zuldazar et que les Loas ne manqueraient pas de mettre sur leur route.
Le chemin était étroit, aussi les chamans furent-ils chargés de le rendre plus praticable. Au prix d'efforts intenses ils parvinrent à élargir la brèche pour permettre à trois hommes de passer de front : mieux que rien.
Ils firent jonction avec le groupe d'avant-garde qui pu enfin établir son campement au bord de la source. La méfiance restait de mise.

Citation :

Les choses avaient pris une nouvelle tournure depuis quelques jours, l'expédition cherchait désormais un moyen de fuir le jeu des loas. En direction de Nazmir les mercenaires se sont retrouvé dans une cité antique, abandonnée. Le détour valait au moins le coup pour permettre au groupe un bref moment de répits, les raptors et autres enfants de loas restant éloignés des lieux.

Cela donnait toute la latitude nécessaire à l'état-major pour prévoir la suite. En parallèle de ces opérations, le professeur Settler était plutôt content ! Certes la fuite précipité de l'expédition le rendait un peu tristounet, mais il avait largement eu le temps de collecter les informations nécessaires concernant les créatures de cette jungle. Désormais il était chaperonné par les mercenaires, assurant sa sécurité avant tout. Malgré la dangerosité de la situation, l'homme garde son air candide, tachant de détendre l'atmosphère au camp.

Le reste du temps, le professeur étudie les artefact rapportés par les mercenaires. Aidé par Malcolm, Harambe et l'ancien Sukoh, les quatre érudits partagent leurs connaissances et débattent quand à la valeur de ces objets.

Wills est un peu dépassé il faut l'admettre, les temples en ruine ça va, mais une jungle entière aux trousses sous couvert d'un jeu de divinité il ne s'y attendait pas. Pour limiter la casse il coopère le plus possible avec les mercenaires, mettant ses hommes à disposition pour les tours de gardes. De plus, il est difficile pour lui de rester tranquille quand trois de ses hommes ont déjà disparu depuis le début de cette expédition.

L'ambiance de la cité d'or était plutôt calme… jusqu'à l'expédition des mercenaires hier soir. L'ensemble de la compagnie aura entendu des explosions au cours de la soirée dernière. Le lendemain, au loin, un escalier géant antique n'est désormais plus qu'un tas de ruine et de véritables piscines d'or liquide se sont formées de part et autres de la cité. Si les élémentaires d'ors mentionnés par les mercenaires manquent à l'appel, la vigilance reste de mise.

D'autant plus que, dans la nuit, les vigies auront observées des choses étranges. Certains jureraient avoir aperçu des silhouettes trolls se déplaçant dans les rues de la cité. Leurs mouvements erratiques et la brume ambiante empêche toute identification précise.

Est-ce que les mercenaires auraient réveillés autre chose en activant les défenses de la cité hier soir ?

D'assez mauvaise humeur au retour des combats sur le pavé doré, le sergent aura été s'enquérir du cadavre de leur ancien guide. Attendant que Wills en termine avec, il aura, sans se préoccuper des éventuels observateurs, utilisé son couteau de chasse pour découper méthodiquement l'oreille droite du troll.
Son butin récupéré, il sera revenu vers le camp, s'isolant un brin pour s'atteler au processus de conservation. Possédant quelques fioles différentes, il aura rempli un petit bocal de plusieurs substances en suivant des dosages manifestement précis. Il aura ensuite immergé l'oreille tranchée à l'intérieur, avant de refermer le contenant. Pour le plus grand bonheur des plus proches : la mixture ayant une odeur atroce, au moins n'était-elle plus perceptible après qu'il ait refermé.
Il aura ensuite fourré la jarre à l'abri sous sa tente, avec ses affaires, pour plus tard.

La résilience de l'alteran était désormais légendaire au sein de la compagnie. Il était "Le Mur", un inébranlable rempart, un élément imperturbable qui ne pli devant aucune menace.

Mais il arrive en de rares occasions que ses défenses soient mises à plus rude épreuve. Puisant jusque dans ses réserves pour contenir l'adversité, Salvador était revenu au camp avec sa cruelle ennemie : le manque.

Une épouse toxique qui ne ressurgit qu'au pire moment, dont on ne peut se débarrasser, et qui nous ronge en profondeur. Tremblements, il luttera de longues heures à l'aide de ses différents vices pour faire passer cet état qui le rendait bien plus inquiétant. La mine blafarde, des cernes plus sombres et profondes, les iris pulsant d'un halo azuré plus maladif, le blanc des yeux rongés par des capillaires rougeoyants, le bellâtre se sera isolé presque jusqu'à l'aube dans sa tente pour épargner à la compagnie ce spectacle. Ou était-ce plutôt pour lui.

Quoiqu'il en soit, c'est puant le tabac, la gestuelle chaloupée à cause de l'alcool, qu'il se rendra à l'infirmerie pour finalement faire soigner ses blessures de la veille. Le sorcier avait remis à plus tard ce danger qu'il aura jugé parfaitement négligeable, comparativement à ses addictions.

Et pour la journée, il n'aura interagit avec personne. Se contentant de se faire soigner, avant de retourner dans sa tente pour un repos bien nécessaire, quitte même à s'acquitter de certaines tâches.

L’affrontement contre les trolls avait été – comme pour beaucoup d’autres – loin d’être clément avec Rebecca. Dès le briefing terminée, l’enchanteresse sera allée s’écrouler à l’infirmerie pour se remettre aux bons soins de ses membres avant de rapidement sombrer dans le sommeil.
Le lendemain, après une petite discussion avec sa camarade de tente, elle sera retournée se reposer sous le toit qu’elles partageaient autant que possible avant, manquant exceptionnellement l’entraînement matinal et ne s’acquittant de ses tâches qu’à partir de la fin de la journée une fois vaguement remise.

Et si certains se revigoraient à grands coups de cigarettes à la fabrication douteuse, la native de Sombre-Comté se contentait de mâchonner plus que de raisons quelques lanières de viande séchée en se gardant l’esprit occupé, plongée dans ses grimoires, écrivant le rapport du combat contre les servants des Loas ou encore en allant mettre à jours les informations sur le panneau d’affichage concernant les divinités trolles. Et si d’ordinaire l’enchanteresse sortait peu de sa tente lorsqu’elle avait du temps libre, c’était encore plus vrai à présent.

Lorsqu’elle la quittait, la mage semblait bien plus alerte et sur ses gardes, ses yeux s’illuminant même parfois tandis que son regard se faisait lointain, comme si elle venait à vérifier quelque chose. Si sa lame était d’ordinaire souvent ceinte à son flanc, elle ne semblait désormais plus la quitter et la mage venait souvent à poser sa main sur sa garde, une miséricorde semblant également s’être rajoutée à sa ceinture.

Dernier changement s’étant opéré dans le quotidien de Rebecca, la mage se sera penchée un long moment sur les runes ornant d’ores et déjà sa tente et celle d’Althea. Bien vite toutefois, d’anciennes furent défaites au profit de nouvelles à l’utilité inconnue, une poignée de celles d’origine seulement étant conservée. Qui sait à quoi elles pourraient bien servir.

Les mercenaires lève-tôt auront l'agréable ou peut-être étrange surprise de découvrir, au beau milieu du campement, un tabouret couvert de deux larges feuilles au milieu desquelles trône un petit monticule de morceaux de viande soigneusement découpés et présentés avec soins dans les restes de carcasse d'une grosse libellule, le tout semblant cuit à la perfection.

A côté, un petit mot percé sur une branche avec écrit pour toute explication :

"Bon appétit ! "


Et pour ceux qui seraient assez intrigués pour goûter un morceau...

Spoiler:

Le troll marchait dans les méandres du temple d'or, mains liées dans le dos. Il avait d'abord trouvé singulier que les peaux-roses puissent envisager de le libérer, avant de comprendre ce qui l'attendait.
Tout de même, songeait-il. Un seul homme ?
Il glissa un coup d'œil par-dessus son épaule pour apercevoir la silhouette grise et sinistre qui lui emboitait le pas.
Ce dernier gardait fixé sur son prisonnier un regard impassible dénué d'émotions ou de doutes. Il reporta son regard à l'avant, sur un immense temple doré aux allures de légende et sur la jungle impénétrable qui l'entourait : son royaume.
Trop confiant petit humain.. laisses moi une seconde..
C'est à cet instant qu'il ressentit une cuisante douleur au niveau des pieds, le sang frais perler le long de sa peau et une faiblesse soudaine le long des jambes. Il tomba à quatre pattes, haletant. Ses tendons avaient été sectionnés.
Comment ? Par Jani, une seule seconde avait suffi pour..
Le chasseur du Zocalo perçut alors la présence de l'humain dans son dos. Sa respiration, la poigne de sa main ferme, gantée de cuir qui s'emparait de sa nuque et le fil de l'acier qui appuyait sur son cou.
"Ferme les yeux." Fit une voix grave, un peu sinistre, mais étonnamment douce.
Il voulut parler, le maudire, répliquer mais un gargouillis s'éleva de sa gorge tandis qu'un flot sanglant se répandait sur sa poitrine et il s'effondra dans l'herbe alors que la vie le quittait.
Dimitri Sarnov se redressa en essuyant son couteau dans un chiffon usé. Il fixa le cadavre sans ciller et se détourna sans cérémonies.

Citation :

Les mercenaires avaient montés le camp à l'orée du marais de Nazmir, les plus épuisés pouvaient enfin se reposer.
Grace aux efforts combinés de Rebecca et des meilleures sentinelles de la compagnie, l'expédition aura pu rejoindre l'avant-garde dans la journée.

Enfin, ils avaient quittés la jungle dense de Zul'dazar, loin de la chasse des loas, la fin de la campagne de Zandalar était proche.

En rejoignant l'avant-garde, la compagnie aura perdu son guide, Harambe. Trop occupés à faire passer le matériel sur les ponts, les mercenaires n'auront pas pu empêcher le gorille savant de fuir dans les collines.

Le camp n'était pas non plus totalement sécurisés, les patrouilles et sentinelles devaient se relayer pour éviter toute attaque imprévue des trolls de sang.

Carlston Wills semble soulagé d'avoir quitté Zul'dazar, avec ses hommes ils auront trinqués à leur survie. Malgré la perte de deux anonymes et de Saask le saurok, ils seront parvenus à survivre aux loas. Avec eux le professeur Malcolm, au vu de ses rapports compliqués avec les mercenaires il aura préféré se joindre aux tentes des hommes de Wills.

Le client de Retribution, le professeur Aaron Settler semble plus heureux que jamais. Il ne cesse de faire l'éloge des mercenaires ! Il aura pu étudier en détail la faune unique de Zandalar comme il le souhaitait et en plus la compagnie aura fait un travail de protection exemplaire. Les oreilles les plus fines l'auront entendu parler d'un "cadeau" avec le capitaine.

C'est que l'équipe savante n'avait pas chômée au cours des dernières semaines. Avec l'aide de l'ancien Sukoh, Malcolm et Settler auront pu analyser les artefacts découverts par les mercenaires, découvrir leurs secrets et même enlever les sceaux de protections présents sur deux d'entre eux.
L'expertise de Salvador aura été précieuse concernant le bâton du temple de Zanza, ainsi que pour l'épée de la cité d'or.

L'ancien Sukoh continue de suivre les mercenaires, aidant donc Mr Settler, il compte embarquer dans le navire de la compagnie et sauter à la mer une fois au large de Zandalar, il raconte qu'une cité sous-marine Tortollans l'attends là-bas.

Il n'y a pas que des bonnes nouvelles, depuis les aventures de la cité d'or, le collier de Draza a perdu son aura magique, le loa ne répond plus à l'appel des mercenaires. Lorsque le capitaine Aldwynn en particulier tente de l'appeler, le collier se met à chauffer pour tenter de brûler la main de l'homme.

Malgré l'environnement hostile, les insectes, l'humidité et les crapauds bruyant, il règne une ambiance de soulagement au cœur du campement.

Maintenant, il ne reste plus qu'à contacter le Brise-Voile et ce continent sauvage ne sera bientôt plus qu'un lointain souvenir.

C'est sous les yeux de son griffon, Trima, que Dorim perdit la vie, carbonisé par la Lumière alors qu'il donnait sa vie pour en sauver une autre. Si certains étaient plus concentrés sur Dorim et Trima que sur le combat qu'ils menaient contre le dinosaure géant, ils pouvaient voir le griffon battre des ailes dans le vide, agité en voyant son maître ainsi finir. Bien sûr, ceux qui s'occupaient de la caravane à ce moment-là n'auraient sûrement pas manqué d'amener le griffon vers les chaloupes. La femelle hurlait en direction du nain, finissant par abandonner une fois qu'elle comprit qu'il était trop tard. Des sons plus aigus, désespérés, se faisaient entendre, sortant de son bec, la tête basse.



"T'es mercenaire, pas un putain de chevalier."

Voilà une des premières paroles que le nain avait pu entendre, à peine arrivé dans la compagnie; des mots prononcés par Camille Chat.
Face à cette affirmation qui ne pouvait être démentie que par les plus niais, Dorim avait décidé de l'être ce jour-là : niais. Niais, mais sûr de ses convictions, il montrait qu'il n'avait pas peur de se mettre en danger pour protéger ses camarades. Première ligne, mystique, tireur, recrue, officier, chef de la bande.. Qu'importe ! Qui que vous soyez ou qui vous ayez pu être, le visage du nain se bardait toujours du même sourire accueillant et chaleureux,  même après un combat ! Ses bras, eux, étaient toujours aussi puissants pour vous aider, peu importe qui vous étiez... Peut-être était-ce pour cela qu'on l'appelait "Bras-de-Fer".

C'est lors de ses heures creuses entre deux missions qu'il prenait parfois le temps de discuter avec Mira, elle qui était plus en retrait en général. Ils n'hésitaient pas à se parler, on pouvait entendre Dorim lancer de grands rires, lui qui s'égayait toujours d'un rien.



Mira restait devant le lit du défunt, priant pour que son ami soit guider vers les siens. Il n'était pas rare, lors du retour vers Hurlevent, de la voir en train de psalmodier quelques prières à voix basse.
Une fois un peu plus calme, elle allait prendre soin de Trima, à la place du maître disparu.

En outre, elle avait récupéré une effigie de bois sculptée à l'image d'un griffon, très probablement celle de Trima. La naine allait trouver Eglantine pour la lui transmettre. Sûrement était-ce là une dernière volonté du nain.



Concernant Trima, il parait que Mira a pour projet d'emmener la bête ainsi que les restes de Dorim vers les Hinterlands... A voir ce qu'il restera de Dorim une fois passé au bucher. Il parait également que Thesryn sera du voyage. Pourquoi ? Ça, personne ne le sait. Après tout, c'est une rumeur !

Dans le fouillis des affaires du Lieutenant Trapp, on aura retrouvé un document à l’odeur de tabac froid et tâché d’un peu de son rhum hors de prix. Le vieil homme de son temps dans la compagnie s’était toujours présenté comme quelqu’un d’ordonné, carré, il aimait bien que tout soit en ordre. Ses affaires, comme ses soldats. Lorsqu’il a fait savoir au capitaine qu’il n’accostera pas sur l’île de Zandalar et nul n’en compris la raison, après tout le sergent Brisby et les matelots était bien assez pour tenir le Brise-voile. C’est sur ce même Brise-voile que le Lieutenant si droit dans ses bottes aura passé ses derniers jours.

Dans les premiers, il aura fait des aller-retour sur le pont, aidant les matelots aux dures besognes de la mer, faisant des aller-retour de sa démarche militaire qui rassure et met la pression en même temps.

Puis sa démarche se détériora comme sa santé, il ne marchait plus vraiment droit, s’appuyant régulièrement au bastingage au bout de deux semaines. Puis au bout de trois, il sortait avec une couverture. À quatre, on l’entendait encore s’engueuler avec son bon vieux Allen, ce même Allen Brisby qui au bout de cinq semaines l’aidera à faire ses rondes. Quelques jours après, le lieutenant ne sortit plus de la cabine dans laquelle on l’avait mis, à vrai dire, il n’en sortit plus jamais.

Voici son testament :

Citation :

Mes bien chers frères, mes bien chères sœurs. Si vous lisez ces mots, c'est que l'heure n'est plus si grave que ça et que je suis déjà plus là. Pour moi le tocsin a bien trop pris son temps et il temps pour moi de vous faire part de mes derniers vœux.

À Allen Brisby: je lègue 25 de mes marques noires, ainsi que ma brosse à moustache ouvragé d'officier. Tu as été un ami et un frère et je n'ai jamais douté de toi un seul instant. Pas même quand on nous a mis dos à dos pour cette histoire de marque. J'espère que tu crèveras moins vieux que moi mais vieux quand même.

À Gatsi: je n'ai jamais apprécié ta femme Gatsi, pour autant toi je t'aimais bien. J'ignore si tu prendras mon insigne par la suite, mais je pense que tu seras à la hauteur, tu vas détester l'être, mais tu le seras, j'en suis certain. Je ne vous lègue pas de marque Adjudant, vous n'aviez qu'à vous battre à l'avant. Mais sachez que je vous autorise à toucher mon crâne une dernière fois avant qu'on m'emporte. Si tu penses que ma chance n'a jamais vraiment tourné évidemment.

À Alieg: mes excuses pour te l'avoir caché, je ne me voyais juste pas mourir dans une maison qui pue le vieillard et la détresse. Tu m'auras connu bien plus sympathique que la plupart et j'espère que c'est le souvenir que tu garderas de moi.

À Apollon : *texte bien raturé de plusieurs lignes*
Je ne t’ai jamais détesté petit et je tenais à ce que ce soit dit, tu as pris du plomb dans l’aile et j’ai su mettre de l’eau dans mon vin, bientôt toutes tes études paieront et je ne serais pas là pour le voir, mais j’espère au moins t’avoir enseigné deux ou trois choses utiles.

À Colin : toi par contre je me suis toujours méfié de toi, ta gentillesse a toujours sonné faux à mes yeux, mais au final, je ne peux rien te reprocher. Tu as mené ta barque d’une main de maître et je t’en félicite. Puisses-tu continuer à prendre du galon en même temps qu’Apollon. Je vous souhaite beaucoup d’enfants loin du terrain.

À Salvador : vous m’avez bien eu. Mais vous m’avez aussi trouvé de quoi arrondir ma retraite, nous sommes quitte.

À Aldereth : vous étiez bien plus mignonne que le précédent, plus discutable dans vos actions certes, mais on préfère toujours la compagnie d’une belle femme à celle d’un vieux professeur aussi sympathique, soit-il.

À Syllar : je te lègue ma réserve de Rhum, tu vas en avoir pour un moment. Puisses-tu régler tes problèmes de publicité et remonter en scelle quand tu le voudras.

À Durobar : mon mercenaire préféré. Je te lègue 15 de mes marques noires. Puisse-tu montrer l’exemple aux autres et recadrer les branleurs et les geignards de base.

À Dibbs : vu que Syllar restera planquer derrière, la première ligne te revient. Mène-la d’une main de maître et ne laisse pas Gatsi te marcher dessus, même s'il est ton supérieur.

À Camille : tu vas sûrement te faire virer d’ici peu de temps maintenant que je ne suis plus là, mais qu’importe. Il y a des mois, tu m’avais demandé mon bouclier pour l’arène et je ne te l’ai pas concédé. J’avais bien fait vu la façon dont tu t’es chié dessus au moment d’y aller. Mais je continue à croire que tu es et seras encore un de nos meilleurs soldats, prends mon rempart rugissant. Désormais, plus d’arrière ligne, tu défendras tes frères à l’avant, car avec ceci, tu ne risques plus rien. Oh, tu trouveras quand même le moyen de mourir jeune, mais je te fais confiance pour vivre bien.

À Chani : prends soin de Camille et ne laisse pas Gatsi lui en coller une dans le dos.

À Thesryn : j’ai été un piètre tuteur et je m’en excuse, puisse ces 17 marques t’aider à compenser ce manque d’expérience qui te fait encore tant défaut au commandement. Prends aussi mes mémoires, on ne sait jamais, tu apprendrais deux ou trois choses.

À Céleste : pour beaucoup de raison, je vous ai beaucoup apprécié.

À Agathe Hath : ça n’aurait jamais marché entre nous.

À mon fils Thomas Wrath : à l’heure où tu reçois ceci, tu as déjà lu ma lettre et tu sais tout ce que tu dois savoir, je te lègue cette machette qu’on m’a moi-même léguer par le passé. Puisses-tu choisir de ne jamais t’en servir, mais tu as ça dans le sang. Si tu décides un jour de prendre les armes à ton tour, elle te suivra dans tes batailles comme elle m’a suivi aux mains d’une autre dans nombre d’entre elles.

Au Capitaine : il y a une tombe au nom de Caleb Wrath au cimetière de Hurlevent, dressé avec les honneurs. Si d’aventure, vous avez le temps de ne pas brûler ma dépouille et de me ramener au royaume, donnez la lettre sous mon oreiller à la personne indiqué dessus, vous n’aurez pas de mal à trouver. Il s’occupera du reste, vous n’aurez qu’à lui laisser ma dépouille. Si le temps vous manque, pas de chance. Je vous en voudrais un peu, mais je le comprendrais. Je vous remercie de m’avoir permis cette seconde vie et je vous dis à la prochaine.

Le sergent Syllar aura mis à profit ce que son supérieur défunt lui avait laissé bien vite. Peut-être un peu trop vite.
D'une humeur intraitable depuis la moitié de la campagne en Zandalar, son courroux se sera mué en un état profondément désabusé au fil des jours de traversée navale. La plupart du temps il sera apparu avec une gueule de bois assez terrible, la mine maussade. Il restait lui, toutefois, c'est à dire que toute tentative de s'enquérir de son état de sera soldée au mieux par un changement de sujet, au pire par un "Ta gueule" agrémenté de quelques fioritures.
La majorité verront le comportement du sous-officier comme un simple ras le bol couplé à des méthodes d'ivrogne pour gérer sa mauvaise humeur. Et c'était peut-être vrai. Les plus fins psychologues décèleront peut-être quelque chose d'un peu plus complexe au fond de tout ça. Il était.. triste ? Peut-être pas. Mais peut-être un peu emmerdé par la disparition de Trapp.
Gare à qui irait lui poser cette question ci, toutefois.