Rumeurs de la compagnie

Citation :

Loin des citrouilles et de l'air de fête qui pouvait parer le fort, des réjouissances d'un autre genre s'opéraient à Cendrebourg. Depuis les remparts les mercenaires purent constater à l'aube d'épais panaches de fumée s'élevaient de la bourgade. Les cris d'horreur qui parvinrent aux oreilles les plus affutées étaient sans appel : on y brûlait des gens. Les traîtres, les rebelles et les cultistes semblaient infester l'île et la réaction du Concile était impitoyable. Carard vint quelques heures plus tard annoncer aux mercenaires que l'acolyte capturé ainsi que deux autres partisans avaient été condamnés à mort et ne manqua pas de remercier les mercenaires pour leur courageuse participation. Il se rendit ensuite dans le bureau du lieutenant pour s'entretenir quelques temps avec lui.

Assise sur un rempart, Chani examinait une petite citrouille mûre. En bas il y en avait de toutes les formes, des ventripotentes, des longues, des plutôt jaunes et d’autres presque rouges, des vertes, des tordues ou au contraire disposant de dimensions parfaites pour l’exercice. Elle avait pris la plus petiote de la bande. Un modèle réduit en comparaison de la taille admirable de certaines courges particulièrement dodues qui décoraient de couleurs automnales la salle commune. Elle avait trouvé pour son affaire un coin solitaire, loin des uns et des autres, au-dessus de cette modeste plage d’algues et de sable brun où avant-hier elle dénichait une jolie conque tachetée. Enroulée dans sa cape, car le fond de l’air était d’une fraicheur agréable mais vive, elle se mit à tailler dans la chair tendre, découpant des lignes nettes pour composer sa sculpture. Plusieurs fois elle s’arrêta pour contempler le ciel, lavé depuis longtemps des gerbes de fumée sombre et des cris déchirant l’aube. Il était changeant à cette heure douce du crépuscule et plein de nuances mordorées, piqueté d’étoiles frêles à la clarté fugitive.

Ainsi la cadette rejoindrait-elle ses grandes sœurs à la nuit tombée, animée au cœur par le feu de sa bougie noire lorsque viendrait le Jour des Morts.

Si un certain médecin n'avait aucune envie de participer au défilé des citrouilles, c'est le petit fantôme local d'Alani qui se présenta à sa place. L'archère qu'il était bien rare d'apercevoir à la caserne, tant elle tendait à s'occuper des rondes de nuit et de petites patrouilles, fit l'effort d'aller creuser sa propre citrouille.

Entourée par les sourires macabres aux dents pointues de ses congénères, la citrouille d'Alani, um... Avait sans doute de quoi surprendre quelques mercenaires. Et comme elle était venue, elle repartie à ses tâches et ses rondes, laissant entre les petits chefs d’œuvres de ses camarades sa plus belle contribution.

Les jumeaux Tonnepoing s'étaient eux aussi lancés dans l'activité, et de bon cœur, taillant leur citrouille ensemble, presque sans accrochage.
Accrochage qui vint plus tard, toutefois, au moment de l'allumer. 
En effet, Fang, l'élémentaire de feu marqué par un enthousiasme certain n'y alla pas de main morte pour l'incendier, toute entière, très vite rattrapé par l'élémentaire d'eau, Dang, bien pressé de participer lui aussi au carnage.

C'est ainsi que la citrouille des Tonnepoing s'enflamma, avant de se retrouver bouillie, prenant place a côté des autres, malgré tout...

Peu emballé par l'idée, le mage d'Alterac n'aura à aucun moment mentionner sa participation aux manèges des citrouilles.

Pour autant, une nouvelle s'était ajoutée au lot.



Loin de suivre un modèle effrayant, ou encore symbolique, elle semble être dotée d'une particularité ou deux.

Certains mercenaires jureront l'avoir vu adresser un clin d'œil, toujours quand aucun autre ne l'observera pour pouvoir le confirmer. Tandis que d'autres surprendront la citrouille à changer de place dès que chacun a le dos tourné, se rapprochant toujours inexorablement des plus froussards de la compagnie pour leur jouer un mauvais tour.

Si Colin n’avait pas passé toute la nuit au côté d’Apollon, fait est qu’elle en avait tout de même passé une bonne partie à lui tenir compagnie. Un livre dans la main et une tasse de thé dans l’autre, elle lui racontait le plus naturellement du monde ses nouvelles découvertes et espérances, espoirs déçus. Les barreaux les séparant n’étaient après tout que physiques, et son tendre serait bien assez tôt de retour.

Dans la journée, un drôle de spectacle aura pu être aperçue... En plein milieu de la salle commune, la prêtresse rousse s'affairait autour de Primerose qui était assise et ne bougeait plus d'un pouce.

Bientôt sa grande longueur de cheveux, qui atteignait facilement le bas de son dos une fois détachée, fût coupée net pour retomber mollement sur le sol, mais Marie ne se contenta pas de couper droit les cheveux de la Louve, évidemment, c'était à deviner... Elle s'amusa, au contraire, à donner une vraie coupe de cheveux à la Furie.

Primerose se questionnait longuement sur ce que Marie était en train de lui faire, alors qu'elle ne lui avait demandé qu'un coup de ciseau pour raccourcir sa longueur qui devenait lourde pour sa petite tête à force.

De son côté, la prêtresse était ravie de donner un petit coup de neuf et de féminité à la Louve, elle tortura même plus longuement Primerose en venant lui épiler les sourcils pour leur donner une forme et en lui ajoutant un trait de khôl au coin des yeux...

Une fois la séance beauté terminée, Marie présenta son miroir à Primerose qui resta sans voix en voyant le changement de figure... A vrai dire, elle eut sans doute du mal à se reconnaitre pendant quelques instants et semblait partager entre le fait de ne pas aimer être "aussi féminine" -en tout cas, de son point de vue- et, au contraire, aimer cela...

Mais finalement, elle sourit à Marie et la remercia pour cela. Visiblement elle avait choisi d'apprécier sa nouvelle tête.

Enfin, Marie, ciseau en main, proposa à qui voulait l'entendre de lui couper les cheveux ou la barbe -lorsqu'il s'agissait d'hommes-, ajoutant qu'elle était aussi disponible plus tard, et gratuitement.

Citation :

Une famille de phoques s'était établie sur les rochers et la petite plage sous le bunker. Trois spécimens adultes et deux jeunes se livraient chaque jour à des tours adorables mais bruyants : les cris du vieux mâle résonnaient parfois dans le fort mais sans concurrent pour lui renvoyer la balle il s'arrêtait rapidement.
Les bêtes n'étaient pour l'instant pas une grande gêne et offraient aux mercenaires curieux un touchant spectacle.

Citation :

Les phoques étaient de plus en plus nombreux sur la plage de sable noir qui s'étirait à l'ombre du fort de Cendrebourg. Seuls ou en petits groupes, ils arrivaient en longeant la côte et se laissaient porter par les vagues jusqu'à la grève. Notre vieux mâle, son corps adipeux marqué par les cicatrices d'une vie de dominant, se retrouvait bientôt entouré de dizaines de phoquesses plus modestes en taille mais non moins bruyantes. En effet, à l'inverse de l'alpha sur le déclin qui préférait passer ses journées à dormir, ces dames faisaient un grand barouf d'aboiements aigus, ponctués de grognements féroces lorsqu'elles se battaient pour les meilleurs emplacements : sur le plat des rochers ou dans les lits de varech échoué.

Il y avait quelque chose dans l'air. Ce quelque chose, du reste, s'accompagnait d'une odeur forte lorsque la brise se levait, une effluve musquée et plutôt corsée qui incommodait les plus sensibles et plaisait à d'autres, malgré l'aspect potentiellement dérangeant de ces dernières préférences.

Entre le fumet affirmé et les chamailleries des mégères palmées, certains locataires du fort n'allaient pas manquer de ronchonner. D'autant que les déjections de cette colonie grandissante attiraient de plus en plus de mouettes, de sternes et autres oiseaux de mer qui nichaient désormais sur les toits et ne manquaient pas d'ajouter leur touche.

Spoiler:

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Tard dans la soirée, le sergent Brisby se sera pointé en sifflotant dans le bureau du Lieutenant où l'y attendait ce dernier et l'adjudant d'Erdeval. Dans ses mains se tenait un lourd tas de paperasse, un dossier de plusieurs pages empilé et compilé avec un peu de fil, qu'il aura lourdement posé sur la table des officiers avant de fermer la porte. Quelques minutes plus tard on y aura entendu des débats houleux, à base de coup de poing sur la table et de grandes envolées verbales.

Visiblement, ce qui avait été mis a l'ordre du jour ne relevait pas du simple rapport de mission ou du menu de la cantine de demain midi. La gravité du sujet ne faisait aucun doute tant et si bien que la discussion se conclut par des invectives de l'adjudant à l'intention du bureau qu'il quitta en claquant la porte. Le lieutenant ne manquant pas d'hurler encore plus fort pour lui répondre.

Aucun doute, cet amas de papier avait tout d'un pavé dans la marre. Et ça n'avait plu a personne.

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C'est au petit matin, alors que le jour n'avait pas encore totalement pointé le bout de son nez, qu'était venu au fort un Fils du feu à cheval. Portant une armure moins impeccable que d'ordinaire, ce dernier se sera rapidement entretenu avec les officiers de la compagnie avant d'afficher à la vue de tous une annonce au contenu troublant.
Par ailleurs les soldats du Rempart ardent présents au fort de Cendrebourg l'avaient tous quittés pour rejoindre de nouvelles affectations.

Une cartes des fronts est jointe au message

Citation :

Des portails crachant des non-morts se sont ouverts sur toute l'île. A cette heure seuls deux sont encore actifs : respectivement dans les Confins des frimas et dans les Monts d'albâtre.
Les troupes du Rempart Ardent ont été déployées pour faire face à cette menace et deux lignes de front ont été ouvertes. La situation est maîtrisée à l'ouest mais plus critique à l'est.
Vos missions sont maintenues mais la lutte contre cette invasion devient notre priorité numéro un.
Par ailleurs les civils ne doivent pas être mis au courant de ce qui se passe. Des restrictions et un couvre-feu nocturne ont été imposés mais nous ne pouvons nous permettre une panique généralisée.
Toute transgression de ce dernier point sera sévèrement réprimée.
Avec votre concours nous vaincrons.
Puisse le Feu brûler en vos cœurs.

Le Conseil des 3 flammes

En courant de journée, un Fils du Feu sombrefer sera venu auprès de la compagnie, faisant mander le mage d'Alterac. Tous deux partiront à dos de monture en direction du Manoir des Trois Flammes.

Salvador ne reviendra que plus de trois heures plus tard au fort, retournant prestement à ses quartiers, s'isolant du reste des mercenaires comme à son habitude.

Mais comme toujours, il acceptera toute compagnie pour échanger, sa flasque à portée de main et une clope aux lèvres.