Rumeurs de la compagnie

Le Roc d'Azur, pourtant splendide monument à la gloire du savoir et de la connaissance, était entaché par cette tempête infernale qui s'était levée, et qui perdurait désormais depuis plusieurs jours.

Un soleil absent, pris en otage par un ciel chargé de nuages noirs et opaques, plongeant l'océan et le petit ilot dans un climat de ténèbres oppressantes. Le vent mugit avec férocité entre les murs de la cité, faisant de concert avec l'océan tumultueux, tanguer les navires qui mouillent au port, s'arracher quelques caisses, tonneaux, et autres fournitures disséminés le long des quais.

Un temps si exécrable que cela entamait pour la première fois véritablement le commerce. Le marché était bien moins bondé, seules les échoppes les plus importantes persistaient à vendre sous ce temps.

Pour plusieurs curieux, les cieux devenaient un spectacle. Effrayant certes, mais étrangement distrayant. Quand les éclairs se frayent un chemin parmi les nuages, jusqu'à heurter avec fracas la pointe métallique de l'académie, ou les quelques tiges ferreuses mises en place au sommet des remparts. Formant parfois l'espace d'un clignement d'œil une toile divine, tissée avec fureur.

Sur les quais, notamment à la base de celui menant au Brise-Voile, des hommes armés se rassemblaient. Formant un cordon de sécurité toujours plus épais, tandis qu'au pied de la tour de guet la plus proche étaient assemblés, orientés et entretenus plusieurs engins de sièges. Deux balistes, soulignés de pas moins de quatre canons, parfaitement alignés pour couler le navire par la proue si l'envie leur en venait.

Le tension était à l'image du ciel. Tumultueuse, puissante, vibrante, prête à craquer à la moindre variation. Au moindre déséquilibre.

Il ne restait plus qu'à voir ce qui ferait pencher la balance, et déterminer ceux qui en percevraient les faveurs.

Au lendemain des sinistres évènements, les mercenaires ne connaissent aucun véritable répit. Si les hallucinations se sont tues, et qu'ils se tiennent hors d'atteinte des démons, la tempête elle, hurle sa rage. Des vagues toujours plus menaçantes cherchent à attirer le navire vers le Sud, forçant ainsi l'équipage à relancer des manœuvres régulières pour ne pas se laisser dériver, ou perdre de vue le Roc.

De brèves périodes d'accalmie seront survenues au gré de la journée, ne durant cependant pas plus d'une heure ou deux avant que la foudre et le vent ne se remettent à rugir.

A Bord, le commandant Alderich Bolliver, demeurait à l'infirmerie. Attaché à son lit, il continuait de marmonner, de manière continue, des propos incompréhensibles. Faisant ainsi l'inquiétude des soigneurs chargés de son cas. Quant aux trois soldats, ils se montreront particulièrement dociles, pour cause, ils sont terrifiés. Ainsi, la coopération était de mise.

Puis soudain, depuis les tréfonds de la cale, sous la surveillance de l'enchanteur Borghese, la balise commençait à luire. Les glyphes incrustés dans le métal rayonnaient de plus en plus, jusqu'à progressivement dessiner de leur lumière une forme humanoïde, jusqu'à ce que cette entité ne s'ancre dans la réalité, prenant la forme d'un robuste fils d'Ombreforge.

Le nain avait alors la peau d'albâtre, des iris d'un rouge incandescent, une barbe rougeoyante, et portait comme atours une armure solide et sombre, bien que portant les couleurs du Kirin Tor.

Il jaugera l'alteran d'un regard critique, glissant les pouces à son ceinturon avant de s'exprimer d'une voix rocailleuse : "Alors... Qui c'est que je dois voir pour rejoindre la fête?"

Le curieux arrivant sera alors guidé jusqu'à l'état-major. Le destin du Roc d'Azur est désormais entre leurs mains.

Peu après un entretien assez court avec le capitaine, le nain sera vu en train d'arpenter le navire, avec des liasses de paperasse entre les mains, avant de disparaitre dans sa cabine quelques heures, avant de se permettre de nouvelles balades sur le navire en proie à la fureur de l'océan.

Il passera notamment auprès de l'infirmerie, et des différents mystiques pour obtenir un rapport sur leurs impressions. Assez franc, et pressé, le nain qui se présentera comme Harthan Borgström, n'hésitera pas à bousculer son petit monde pour obtenir ne serait-ce que des fragments de réponse.

Il laissera cependant au moins une nuit de calme à l'équipage, faisant comprendre que la fête était pour très bientôt.

C'est une heure avant l'aube que la balise recommencera à luire au fond de la cale. En sortiront des silhouettes variées, mais une couleur prédominera sur le reste : Le Pourpre.

Le Kirin Tor avait envoyé comme convenu ses renforts, composés de sorciers de tous les horizons entre nains, humains, elfes, un mort-vivant, et quelques autres excentricités. Seul l'un d'entre eux ne porte pas les couleurs de la cité-état : Un illidari Kaldorei.

Toute cette équipe se rendra sur le pont, briefé pendant un moment par Harthane, le nain arrivé peu avant eux.

Ainsi les effectifs étaient complets, rassemblés sur le Brise-Voile, toujours prisonnier de cette infâme et interminable tempête.

Il était temps d'y mettre un terme.

Citation :

Ce séjour sur le Roc avait été un affreux cauchemar duquel la compagnie se réveillait à peine. Les civils, les gardes et les étudiants avaient été affreusement massacrés et ce qui avait jadis été une académie florissante n'était plus qu'un horrible charnier.
Le jour suivant la défaite de l'observateur, les mercenaires avaient été mis à contribution pour assembler les centaines de corps des défunts afin de les brûler.
Le capitaine aura par ailleurs donné au caporal Stevenson, retrouvé mort dans les quartiers résidentiels, une tombe individuelle et ajouté une plaque discrète mentionnant le courage du semi-elfe.
Finalement, c'est les corps et les esprits meurtris que ceux de la compagnie, accompagnés des mages et des gardes survivants auront repris la mer tumultueuse et quitté pour toujours le Roc en direction de Hurlevent.

Discret, comme toujours, le maître des ombres aura déposé son tabard et son uniforme. Après deux trois remerciements, il aura juste disparu du navire. N'ayant aucune possession, il n'aura pu partager avec les autres mercenaires.

Tandis que les préparatifs allaient bon train pour un départ prochain de la compagnie, un certain grand gaillard bleuté préparait lui aussi ses affaires. L'objectif, toutefois, était tout autre que celui de ses compagnons ; une fois le sac préparé, ce ne fut pas au pied de son hamac mais bien sur son épaule qu'il fut déposé.
Tabard, uniforme et lettre de démission furent portés à l'intendance. Le mot, lui, fut passer de la proue à la poupe du navire, souvent de la propre voix tonitruante du draeneï, afin de remercier et saluer une dernière fois ceux qui avaient combattu à ses côtés.

L'affaire close, on put l'apercevoir quitter le quai d'amarrage du navire de la Rétribution, et rejoindre un duo de draeneïs qui l'attendait là depuis une dizaine de minutes. Il n'en fallut pas autant pour que l'une d'entre eux ouvre un portail vers une destination inconnue, où tout le petit groupe disparut sans laisser la moindre trace.

Gatsi d'Erdeval Farey aura finalement fait ses adieux à l'ensemble de la compagnie, un jour avant leur départ même s'il n'était plus officiellement un membre de cette troupe de mercenaires depuis un bon mois. Il laissa un petit mot sur le panneau d'affichage ainsi que plusieurs lettres pour différentes personnes accompagnés de quelques objets.

Citation :

A l'ensemble de la compagnie,
Je pense avoir fait ma part et qu'il est temps pour moi de profiter de ces salaires durement gagnés, de profiter de cette chance de m'en être sorti vivant. Une chance que je vous souhaite à tous, je vous laisse entre les mains d'une nouvelle génération d'officiers et de vétérans en qui j'ai pleinement confiance. Continuez de veiller les uns sur les autres, c'est la force de cette compagnie.

Merci d'avoir été là dans certains de mes pires moments et j'espère avoir répondu présent dans certaines des heures les plus sombres dans la compagnie. Je pars avec le sentiment d'avoir accompli quelque chose au sein de la Rétribution, de quitter des frères et des sœurs plus que des camarades.
Je ne serais jamais bien loin de cette famille que j'ai côtoyée pendant trois ans et cette dernière pourra toujours compter sur son meilleur archer pour lui venir en aide si les choses devaient mal tourner. Néanmoins, laissez moi profiter un peu de ma retraite avant de m'appeler au-secours.
Gatsi.

Devant la tente de la sorcière, on trouvait la naine, préoccupée. Bien sûr, il y avait fort à faire et on pouvait compter sur toutes ces occupations pour garder son esprit en place, mais lors des moments de calme, les moments creux, c'était toute une masse de pensées, mêlée de souvenirs qui donnaient à Mira son air distrait.

"Mariés" disait Elena... Difficile d'envisager une quelconque parole réconfortante à son égard dans ces conditions. Que pourrait-on bien lui dire ?
Difficile pour Mira de la regarder en face. - Le cri du Capitaine, comme un avertissement; les tirs; le fracas des boulets sur la coque bientôt décharnée et cendrée... Et au milieu du chaos, il aura suffit le temps d'une secousse pour que le Capitaine disparaisse de la vue du Paladin. - Elle se remémorait la scène à chaque fois qu'elle voyait l'archère.
L'idée que Sarnov était avec lui à ce moment-là semblait en rassurer plus d'un : voilà qui permettait à la soigneuse de se raccrocher à la conviction de ses camarades en ces temps troubles.

La mine d'Elena lui était tout à fait familière, parlante; lui évoquant probablement un souvenir d'elle-même, de nombreuses années auparavant. Ainsi, elle ne pouvait qu'avoir de l'empathie pour la jeune mariée, n'ignorant pas ce qu'engendrait la perte d'un époux.

Pas question de laisser la douleur refaire surface, et d'ailleurs, elle était bien loin de se donner un air éploré ou même atteint. Seuls certains observateurs pourraient voir ces signes chez la naine.

Ce n'est pas le moment de rêvasser. «Il y a encore trop à faire.. » peut-on l'entendre murmurer de temps à autre, se remotivant.

Ténacité.

C'était la seule ancre, le seul filet auquel se raccrocher au milieu de la tempête, et pourtant la prêtresse au sourire d'habitude si persistant avait comme disparu du campement, ne ressortant son visage fatigué que lorsqu'il lui était demandé de le faire.

Pour autant, elle ne s'était pas envolée, et ne s'était pas non plus enfermée dans sa tente. Non, l'infirmerie avait prit toute la place dans son quotidien, et l'état de santé des mercenaires était devenu sa priorité principale. Chaque once d'énergie qu'elle pouvait trouver à leurs côtés repartait directement dans les chairs, les os et les esprits, s'affairant à rendre opérationnel le moindre corps qui passerait sous ses mains éclairées.

Seulement une fois la nuit venue, et la fatigue écrasante la forçant à rejoindre sa tente pouvait-on la voir vadrouiller loin des groupes, le regard distant.

Dans le chaos et la tempête, une tête ressortait toujours. Incassable, imperturbable, et manifestement impossible de s'en débarrasser, la trogne calcinée d'une certaine archère ressortait une fois de plus du lot.
Il faut dire qu'avec les effectifs presque coupés en deux, la fenêtre s'était ouverte pour qu'elle sorte de ses habituelles gardes et retrouve à nouveau le sentier des batailles.

Une nouvelle corde ornait son vieil arc bien entretenu et, qu'il vente ou tombe des trombes, Alani passait son temps à s'entraîner. Il fallait bien faire honneur à la confiance du Sergent Adjudant Lieutenant Chef.
Fort heureusement, elle pouvait se féliciter de s'être habituée à ne jamais quitter son fidèle équipement de grimpe, et ne compter presque aucune perte dans son attirail.

Le bouquetin était paré.

Liam n'aura pas manqué de profiter de cette toute nouvelle liberté offerte par la signature du contrat, passant ainsi le plus clair de son temps dans les airs, a perfectionner sa maitrise de sa forme de vol, grapillant par la même quelques ressources inaccessible pour certains, du poisson, des œufs ou quelques petits rongeurs qu'il ne manquera pas de partager avec sa sœur, s'offrant alors quelques rares moment de détente à l'abris des regards.

Mais le changeforme aura surtout trouvé une toute nouvelle occupation. Embêter le corps officier, rappelant sans cesse a qui veut l'entendre qu'il peut partir à la recherche de survivant ou d'une quelconque trace de ceux-ci, un véritable disque rayé.

Citation :

Depuis la copieuse semaine que les mercenaires avaient connus leur tumultueuse arrivée au Comté de l'Orage, la ville semblait plongée dans une sorte d'immobilisme agaçant.
Les recrues continuaient de s'entraîner de l'autre côté de la place et l'église accueillait chaque jour de nombreux fidèles avides de recueillement.

Désormais libres de se promener dans les rues, les femmes et hommes de la compagnie avaient pu à loisir goûter aux joies limitées de cette petite ville provinciale. Si les activités nocturnes ne fourmillaient pas, les nombreux marchands offraient de réelles opportunités de rencontres et d'achats insolites que les plus curieux sauraient sans peine saisir.

Des rumeurs enflaient toutefois sur cette guerre de position qui se maintenait en place et des avis divergents divisaient la populace en mal de ragots et de racontars plus fous les uns que les autres.
Certains allant même jusqu'à parler d'un canon capable de détruire toute la ville d'un seul tir ou d'un ettin surmonté de tourelles à feu, tant d'affabulation que les plus sérieux repoussaient avec tact pour ne pas froisser ceux qui les véhiculaient.

Toujours est-il qu'au matin du 10e jour, un détachement de conscrits quitta la place centrale pour se rendre vers une certaine mine en proie à une menace imminente et qu'un officier de la Garde Grise vient s'entretenir avec les officiers supérieurs de la compagnie.

- « OH LA MADELON ! ENVOIE LA P’TITE SŒUR, C’EST LES TARIDES DANS MON GOSIER ! » beugle Camille Chat en direction de la serveuse.

C’est après avoir ainsi poliment interpelé le petit personnel que la brute épaisse secoue le gobelet dans entre ses paluches à la manière d’un mixologue huppé de Hurlevent. Sa table est en émoi, le suspens est à son comble ! Ce mercenaire venu du sud va-t-il rafler la mise ? Camille, vicieux, dose l’attente de son auditoire et relâche enfin ses fameux dés en os de tauren. Les petits carrés roulent sous tous les regards et se figent sur le bois usé d’une table qui en avait déjà trop vu. Le temps se suspend une seconde tandis que l’animation continue derrière, dans la taverne.

- « HAHAAAR !!! Une suite de Capitaines ! J’vous baise ! » s’esclaffe un matou hilare en faisant disparaître le pactole d’une détente vorace.
- « T’as triché ! Ils sont pipés tes dés ! » lui lance le plus vert de ses vis-à-vis.
- « Oh molo tête de chibre, t’as voulu jouer avec les règles kultirassiennes on joue avec les règles kultirassiennes. Maintenant ferme ton claque-merde et parie double si t’as des couilles ! »  qu’il lui répond, l’insolent Chat.
- « Eh moi j’dis que j’vais pas parier et qu’en plus j’vais te mettre la tête au carré, saloperie d’étranger ! » qu’il lui renvoie l’autre en se levant d’un coup, faisant tomber son tabouret en arrière.

Quelqu’un intervient rapidement pour calmer les ardeurs des joueurs, sous le regard alerte du tavernier derrière son bar.

- « Calmez-vous les gars, y’a pas d’quoi se mettre sur la gueule. Pis les Gris c’est pô des tendres : collez vous des mandales ici et vous allez finir des fers aux poignet aussitôt. »

La pression tombe, tout le monde sait qu’il a raison. Camille remballe ses précieux dés, fusille son adversaire du regard et quitte la table en emportant sa chope vide qu’il tient par le dessus, pour traverser la salle et les groupes de clients vers le grand comptoir de la Dryade. L’établissement, sans être un repaire de bandits ni de coupe-gorges, est un des rades les plus mal famés du Comté-de-l’Orage. Sis dans l’Impasse du tanneur -elle fut « impasse » mais quelque funeste évènement la transforma en rue- non loin de la Place du marché et d’une certaine boutique de perruquier, la Dryade offre un havre de paix pour ce que la ville a à offrir de racailles, de journaliers mal payés et de pecnots venus au bourg, esseulés par une mauvaise journée à la foire.

On y joue aux dés kultirassiens, à la double belote, au tarot gilnéen et au cul-de-chouette. Pas de bagarres ni de prostitution car la Garde Grise veille, mais on y chante et on y boit des litres, et toute la salle explose de rire lorsqu’une blague bien salace fuse à la volée. L’ameublement et la décoration sont pour le moins austères et les murs suintent de tâches coulantes et de graffitis. Quelque part non loin au-dessus du comptoir trône cependant une œuvre singulière : une ancienne toile représentant un fier percheron, dont la tête a été raturée au goulot de bouteille et le garrot remplacé par le buste d’une immonde dryade. L’improbable créature présente des seins énormes, des yeux aguicheurs et une magnifique bouche en cul-de-poule. Le rade est-il nommé d’après ce tableau douteux, ou ce dernier a-t-il été à l’inverse offert par quelque attentionné client pour faire honneur à sa taverne préférée ? Le mystère reste entier.




Toujours est-il que notre félin mal léché est là, ruminant on-ne-sait-quoi comme à son habitude, avachi au comptoir. Certains dans la compagnie le connaissent depuis longtemps désormais, et pensent certainement pouvoir deviner, pour peu que l’envie leur en prenne, ce qui mijote dans cette caboche cabossée. Mais ces quelques gros malins seraient bien surpris de connaître la vérité.

Savent-ils par exemple que, bien que Camille déteste l’Adjudant, il sauterait dans le Maëlstrom si son officier de première ligne le lui demandait ? Que la présence de cette emmerdeuse de Rebecaca rassure le matou ? Que la terreur de la compagnie n’aspire qu’à impressionner le suffisant et dédaigneux Sergent Borghese ? Et que, plus que tout, il éprouve le besoin vital de retrouver le Capitaine ? Oui, celui-là même qui ordonna qu’on le fouette à plusieurs occasions, qu’on l’enferme, qu’on le punisse. Celui-là qui l’avait humilié, ridiculisé, méprisé, traité comme un chien, comme un moins que rien. Mais celui-là aussi qui, un jour, lui avait tendu la main pour lui dire « Je suis fier de vous, Chat. »

Alors le repris de justice s’active. Et s’il traîne tous les jours à la Dryade, après les entrainements, entre les tours de garde, tout de suite après avoir graissé les sangles de son armure ; oui, s’il passe le plus clair de son temps dans cette taverne, c’est pour s’y rendre utile. Il laisse traîner ses oreilles en chou-fleur, son strabisme balaye régulièrement la salle du regard, son pif vingt fois cassé renifle à la recherche de poudre noire, de sang séché ou d’autres effluves suspicieuses. Et il boit et il joue aux dés, mais pas pour son propre plaisir, non mon Adjudant ! C'est bien pour se lier aux locaux, s’attirer les bonnes grâces de quelques canailles de son espèce, dans l’espoir de peut-être apprendre quelque chose d’intéressant. Car si Camille Chat ne lit pas le panneau d’affichage de la compagnie, il a en revanche entendu que Salvador Borghese recherchait des enquêteurs d’élite. Et le matou compte bien en être.